François-René de CHATEAUBRIAND. (Mémoires d'outre-tombe): L'attaque devint plus vive de notre côté.
Publié le 19/12/2021
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«
François-René de CHATEAUBRIAND.
(Mémoires d'outre-tombe)
[En 1792, l'armée royaliste à laquelle appartient Chateaubriand assiège les
troupes révolutionnaires à Thionville.]
L'attaque devint plus vive de notre côté.
C'était un beau spectacle la nuit : des
pots-à-feu illuminaient les ouvrages de la place, couverts de soldats; des lueurs
subites frappaient les nuages ou le zénith bleu, lorsqu'on mettait le feu aux
canons, et les bombes, se croisant en l'air, décrivaient une parabole de lumière.
Dans les intervalles des détonations, on entendait des roulements de tambour,
des éclats de musique militaire, et la voix des factionnaires sur les remparts de
Thionville et à nos postes ; malheureusement, ils criaient en français dans les
deux camps : « Sentinelles, prenez garde à vous ! »
Si les combats avaient lieu à l'aube, il arrivait que l'hymne de l'alouette
succédait au bruit de la mousqueterie tandis que les canons qui ne tiraient plus,
nous regardaient bouche béante silencieusement par les embrasures.
Le chant
de l'oiseau, en rappelant les souvenirs de la vie pastorale, semblait faire un
reproche aux hommes.
Il en était de même lorsque je rencontrais quelques tués
parmi des champs de luzerne en fleurs, ou au bord d'un courant d'eau qui
baignait la chevelure de ces morts.
Dans les bois, à quelques pas des violences
de la guerre, je trouvais de petites statues des saints et de la Vierge.
Un
chevrier, un pâtre, un mendiant portant besace, agenouillés devant ces
pacificateurs, disaient leur chapelet au bruit lointain du canon.
1.
Pots-à-feu : récipients contenant des substances inflammables, destinés à l'éclairage.
2 Factionnaires : sentinelles.
3.
Mousqueterie : décharge d'armes à feu.
Introduction
- F.-R.
de Chateaubriand, qui dans ses Mémoires d'outre-tombe retrace les nombreux
conflits politiques de son époque, de 1789 à 1848, fut particulièrement frappé par la
guerre civile qui opposa les Français durant la Révolution.
Il participa ainsi en 1792 au
siège de Thionville, en Moselle, car il avait rejoint l'armée des émigrés désireux de
rétablir la monarchie.
- Cet engagement politique n'aveugle cependant pas l'auteur sur les cruautés de la
guerre.
En effet, sa description des combats montre que, sensible à la beauté qujoffre le
spectacle des canonnades, il n'oublie pas celle de la nature où le conflit se déroule.
Et ce
contraste provoque en lui une méditation désabusée.
D'où les axes de réflexion suivants :
I.
La beauté de la guerre et de la nature
II.
Leur confrontation par une série de contrastes conduit à un jugement désabusé sur la
guerre
I.
La beauté de la guerre et de la nature
A.
La beauté de la guerre
1.
« Un beau spectacle »
- Cette expression introduit la description des combats nocturnes.
L'admiration de
l'auteur peut surprendre, d'autant plus qu'il vient de préciser que le moment choisi se
situe au plus fort de la violence : « L'attaque devint plus vive de notre côté.
» Soldat
parmi les autres, Chateaubriand, au milieu de la peur et de l'horreur, reste un artiste
sensible à l'esthétique ; il admire surtout les lumières et les bruits.
2.
Les lumières
» Le contraste entre l'obscurité nocturne et les lumières du combat séduit l'auteur, dont.
»
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