Francisco Goya
Publié le 15/05/2020
Extrait du document
«
GOYA
1746-1828
Au contraire de la vie tout unie de Velasquez, celle de Goya fut comme hachée par la destinée.
Tandis que l'œuvre de Velasquez nous donne d'un bout à l'autre la joie de contempler de la
peinture toute pure, de la peinture en soi pourrait-on dire, et dégagée de tout élément personnel
et momentané, l'œuvre de Goya porte dans son extrême variété la marque du tempérament
particulier de l'artiste et constitue un ensemble de visions vécues auquel les circonstances ont
donné la valeur singulière d'un document d'histoire unique en son genre.
On a dit de Velasquez
qu'il avait été le plus peintre de tous les peintres: Goya en a été sans nul doute le plus espagnol.
Pendant la longue période de sa vie où il a goûté d'abord en Espagne la civilisation raf:
finée et la douceur de vivre du XVIIIe siècle à son déclin, pendant les six années ensuite où il
a connu
à Madrid et hors de Madrid les horreurs de la guerre et de l'occupation étrangère, de
l'émeute et de la famine, pendant l'époque enfin où la réaction violente de la restauration bour
bonienne a fini
par le pousser à s'exiler presque octogénaire pour venir mourir en France quatre
ans après, il n'a pas cessé de vibrer au spectacle de tant d'événements et de les exprimer presque
au jour le jour dans des dessins, dans des gravures, dans des tableaux de toutes sortes.
On a montré récemment, et l'on pourra montrer encore davantage, ce que l'art de Goya
a
pu devoir à d'autres pays, par exemple à certains peintres italiens et plus encore peut-être à
plusieurs peintres et graveurs français.
Cette étude des sources diverses de son inspiration permet
de comprendre d'autant mieux comment son œuvre a, par-dessus tout, un caractère éminem
ment national.
Ainsi, Goya exprime de la façon la plus saisissante
un moment particulier de l'histoire
de son pays,
en même temps qu'il incarne à un degré exceptionnel le tempérament espagnol
dans ce
qu'il a de plus singulier.
D'un bout à l'autre de sa vie, il est demeuré, par surcroît, l'homme des contrastes et des
contradictions.
Dans sa longue existence, il a connu tour à tour l'extrême joie et l'extrême tris
tesse, il est passé
par des alternatives de la plus affable sociabilité et de la misanthropie la plus
noire.
Dans sa vie privée, il a été aussi bien
l'homme de toutes les aventure.s et le mari le plus
soucieux
du bien-être et de la santé d'une épouse qui lui a donné vingt enfants.
A la cour de
Charles IV,
il a su être à la fois le plébéien le plus indépendant et le courtisan le plus flatté des
moindres marques de faveur ou de protection.
Quand les Français sont venus, puis repartis, il
a réussi à être avec eux dans les meilleurs termes, puis à reprendre
ses fonctions officielles auprès
du roi restauré Ferdinand VII comme si rien ne s'était passé dans l'intervalle, pour finir après
cela
par quitter son pays pour des raisons demeurées mystérieuses; si bien que ses biographes
ont vu en lui, au gré de leurs préférences, le plus misérable des « collaborateurs », des « afrance
sados
» comme on disait alors, ou le « résistant » le plus hostile aux envahisseurs, le monarchiste
le plus servile, ou le vieux libéral incapable de
se plier aux exigences de la réaction.
Au fond,
on
peut se demander s'il est jamais arrivé à voir bien clair en lui-même, dans sa pensée intime,
dans
ses raisons d'agir..
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