Francesco Borromini1599-1667Les critiques néoclassiques jugeaient d'après des schèmes déterminés.
Publié le 22/05/2020
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Francesco Borromini
1599-1667
Les critiques néoclassiques jugeaient d'après des schèmes déterminés.
Comme l'architecture
de Borromini ne cadrait pas avec ces schèmes, ils l'ont jugée avec une grande sévérité.
Mais
comme les critiques néo-classiques ont senti plus que tous les autres l'importance de
l'architecture, leur critique, même lorsqu'elle est injuste, est toujours pénétrante.
Ils ont
condamné Borromini ; mais ils ont parfaitement compris son architecture.
Milizia affirme que
c'est “ une architecture à rebours ”.
Quatremère de Quincy déclare que, si Borromini conserve
les ordres et la typologie traditionnels, il emploie chaque objet “ au rebours ” de son sens, et à
l'opposé de l'emploi auquel sa nature le destine.
Le résultat, c'est une ondoyante flexibilité
des formes, une continuelle interruption des lignes, une rupture des éléments, une floraison
de profils contre nature, absurdes.
Un autre grand architecte travaillait également à Rome, au cours de cette première moitié du
XVIIe siècle : Bernin.
Il suffit de penser au Baldaquin et à la Chaire de Saint-Pierre, au grand
anneau elliptique de la Colonnade — pour comprendre que Bernin concevait l'architecture
comme un libre jeu de l'imagination.
Pourtant, entre Bernin et Borromini, il y avait opposition
d'idéal artistique.
Un admirateur français de Bernin, Chantelou, observe que l'architecture
devrait avoir pour norme les proportions du corps humain, et que les formes de Borromini
semblent inspirées par des Chimères.
Donc, l'imagination de Bernin se fonde sur l'expérience
de la nature et de l'histoire ; au contraire, l'imagination de Borromini ne se fonde pas sur
l'expérience de la nature et de l'histoire : son domaine est le domaine de l'impossible ou de
l'absurde.
S'agit-il réellement d'un fantastique arbitraire ? Toutes les sources nous parlent de la rigueur
de Borromini.
Toujours insatisfait de ses idées formelles, il les élaborait graduellement au
moyen de longues séries de dessins tracés d'une main inquiète, fébrile ; et c'est dans leurs
moindres détails qu'il suivait l'exécution de ses œ uvres, tourmenté qu'il était d'une soif de
perfection qui devint d'abord de l'angoisse, puis du désespoir, et finit par le conduire au
suicide.
Lors même que ses formes élégantes et sveltes serpentent en l'air comme une
lumineuse arabesque, elles donnent l'impression d'une tension désespérée : le luxe de ses
décorations a toujours quelque chose de funèbre.
Nulle analogie, nul lien allégorique ne peut
être établi entre ses formes et les formes naturelles ; son architecture semble vouloir
démontrer qu'il y a une beauté de l'âme sans rapport avec la beauté naturelle, non plus
qu'avec la beauté sanctionnée par les plus grands exemples historiques du passé.
Se libérer
du passé signifie certainement pour lui atteindre une condition de liberté ; mais c'est la joie
brève, à laquelle se substitue aussitôt l'angoisse du vide.
Il n'y a plus de corrélation logique,
évidente, causale entre les formes : chacune d'elles porte en soi ce que nous pourrions appeler
sa “ cause immanente ”.
Elle est isolée, se trouve hors de l'espace, enfermée dans sa bizarre,
dans son inquiétante beauté.
C'est la beauté des anges rebelles.
Il n'y a rien d'étonnant à ce
que Bernin ait flairé dans l'art de son rival quelque chose d'hétérodoxe, et comme un relent
d'hérésie.
Borromini s'oppose à la conception dominante : il ne peut le faire qu'en se mettant
en contradiction point par point avec la conception de l'espace qui, partant du classicisme du.
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