français Mannon Lescaut MANON LESCAUT - Eléments d’explication texte 1 : Renoncour rencontrant Manon et Des Grieux à Pacy.

« MANON LESCAUT - Eléments d’explication texte 1 : Renoncour rencontrant Manon et Des Grieux à Pacy. Introduction : 1) Auteur Abbé Prévost ( 1697-1763 ) : vie aventureuse, marquée par un va et vient entre l’armée et la vie religieuse..

S’inspire de son expérience pour imaginer ses personnages de roman, en particulier Des Grieux. 2) Présentation de l’œuvre : Commence à écrire et publier Les Mémoires et Aventures d’un homme de qualité de 1728 à 1731, œuvre fictive pseudoautobiographique racontée à la première peronne par un personnage fictif, le marquis de Renoncour.

Le septième volume de ces « Mémoires » est intégralement consacré à l’Histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut.

Le roman fait scandale mais remporte un grand succès (voir le témoignage de Montesquieu : « Je ne suis pas étonné que ce roman, dont le héros est un fripon et l’héroïne une catin (…) plaise ») 3) Extrait à étudier : Il s’agit des premières pages du roman, au cours desquelles le narrateur est le marquis de Renoncour (« l’homme de qualité » dans les six premiers volumes) qui croise la route de Manon et Des Grieux au moment où ces derniers sont déportés en Louisiane à La Nouvelle Orléans. Problématique : Comment la stratégie narrative adoptée par l’Abbé Prévost va réussir à capturer l’intérêt du lecteur pour mieux faire passer ses idées ? Structure du texte : I) l.

1 à 9 : Découverte du personnage par Renoncour.

II) l.

10 à 19 : Enquête de Renoncour auprès du chef des gardes.

III) l.

20 à 29 : enquête auprès de Des Grieux. I) l.

1 à 9 : Découverte du personnage par Renoncour. 1) Lignes 1 à 2 : Observation du mode de narration : On a un narrateur personnage (récit première personne) => renvoie au personnage de Renoncour, déjà connu comme le narrateur des précédents tomes des Aventures d’un homme de qualité.

Le lecteur a le plaisir de retrouver un narrateur qu’il connaît et apprécie.

De plus la narration à la première personne fait croire à l’authenticité du texte.

Le lecteur est donc excité à l’idée d’entendre ce qu’il croit être « une histoire vraie » (cette illusion romanesque est très courante au 18ème siècle). Rythme rapide du récit (succession rapprochée de verbes au passé simple).

=> histoire qui avance vite. Caractère métaphorique de ce début : l’entrée de Renoncour dans l’auberge est à mettre en parallèle avec l’entrée du lecteur dans le roman. = Renoncour descendant de son cheval pour se forcer un passage dans la salle d’auberge est à l’image du lecteur, auquel l’Abbé Prévost demande à sortir de sa zone de confort (Renoncour doit descendre de cheval), pour faire l’effort de rentrer dans l’univers de son roman (allusion à la curiosité de Renoncour, et aux obstacles qu’il doit franchir pour rentrer dans la salle et découvrir le spectacle).

Il s’agit donc là d’une mise en abyme du lecteur pénétrant l’univers romanesque de l’auteur. La fin de la deuxième phrase (« vis quelque chose d’assez touchant ») doit exciter la curiosité du lecteur qui a envie de continuer sa lecture.

L’auteur a donc bien réussi à capter l’attention du lecteur. 2) Lignes 3 à 9 : Découverte de Manon.

Comment ce personnage est-il mis en évidence ? a) Une présentation du personnage qui procède selon un rétrécissement progressif : on part d’un groupe important (« douze filles »), puis on focalise sur « six », pour enfin s’attarder sur « une », comme s’il y avait une sorte d’effet de « zoom » progressif, où on partirait d’un plan général pour aboutir à un plan rapproché.

Ce processus est lié au point de vue narratif interne (celui de Renoncour) ; le lecteur découvre donc le personnage en même temps que Renoncour, qui se confirme à la fois comme le narrateur du passage, mais aussi un relai auprès du lecteur.

Les mots comme « Parmi », et « au milieu » accentuent la place centrale et singulière occupée par Manon. b) importance du registre pathétique : vocabulaire qui insiste sur le dénuement du personnage, hyperboles qui amplifient la précarité.

Le pathétique est là pour toucher le lecteur, lui faire éprouver de l’empathie pour Manon. c) importance des antithèses dans le passage : le personnage est contradictoire, à la fois valorisé (voir les hyperboles mélioratives) et dégradé (ce qui annonce la caractéristique principale de Manon dans le roman : à la fois prostituée et amoureuse sublime).

Importance du thème des apparences dans cette présentation («je l’eusse prise pour », qu’il paraissait ») : dans le roman Des Grieux est souvent pris au piège des apparences qu projette Manon. Personnage mystérieux : elle tache de « dérober son visage» = cela amplifie le mystère du personnage (et donc son caractère excitant auprès du lecteur), mais cela annonce aussi symboliquement la difficulté à saisir et comprendre le personnage de la part des autres protagonistes du récit. d) insistance sur la chaîne (détail qui revient plusieurs fois dans le récit) : triple intérêt du détail .

D’une part il est conforme au réalisme historique (la déportation des prostituées pour aller peupler la Louisiane est une réalité).

Ensuite cela rajoute au pathétique.

Mais surtout cela annonce le caractère tragique du personnage : la chaîne symbolise le fait que Manon (et Des Grieux aussi) est prisonnière de son destin et de sa passion. CONCLUSION PARTIELLE sur le passage : Présentation de personnage qui tranche avec la présentation habituelle des héroïnes de roman.

Personnage qui dès le départ échappe à toute tentative de classification. II) l.

10 à 19 : Enquête de Renoncour auprès du chef des gardes. 1) lignes 10 à 12 : Le récit quitte la focalisation sur Manon et retourne à l’évocation de la foule (focalisation sur les « six gardes » en écho des groupes des six filles – puis sur la « malheureuse bande »).

Le récit fait le va et vient entre le groupe et l’individu, ce qui lui donne un mouvement dynamique. Dans ce passage, Renoncour se présente comme un personnage actif et agissant (voir les verbes « je pus », et « lui demandai ») : Renoncour manifeste la curiosité qu’on doit attendre d’un bon lecteur, mais surtout il agit comme un médiateur entre le lecteur du roman et.... »