Fouché.
Publié le 17/05/2020
Extrait du document
«
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Le serpent dissimulé
Un visage maigre, des lèvres minces, des
paupières ourlées de rouge laissant fil
trer un regard froid, tel apparaissait
à ses contemporains cet homme redou
table et redouté.
Né au Pellerin, près de
Nantes,
le 29 mai 1759, cet ancien élève
des oratoriens serait sans doute resté
professeur dans son collège
si la Révolu
tion n'avait éclaté.
Elu député à la Con
vention, il vote la mort du roi «pour obéir aux vœux de mes électeurs», dira
t-il plus tard.
Envoyé en mission en pro
vince,
il signe des arrêtés violemment ré
volutionnaires et déclare la guerre au
catholicisme; à Moulins,
il fait brûler les
objets du culte; à Lyon, avec Collot
d'Herbois, il substitue le canon à la trop
lente guillotine.
Cependant, rappelé à Paris par Robespierre, il craint pour sa vie et participe au complot qui aboutit
au 9-Thermidor.
Mal vu
de la Convention thermidorien
ne en dépit de ce retournement, il doit se
cacher avec sa famille (août 1794).
Bar
ras le fait rentrer en grâce; il va alors
représenter la République à l'étranger,
puis, en juillet 1799, est nommé ministre
de la
Police du Directoire.
A cette date,
l'étoile montante étant Bonaparte, l'ex
terroriste abandonne son protecteur
pour aider de son mieux au coup
d'Etat
de Brumaire.
En récompense, il retrouve son poste à la tête de la police
et sait montrer sa compétence, après
l'explosion de la machine infernale de la
rue Saint-Nicaise (24 décembre
1800), en découvrant les auteurs de l'attentat,
des royalistes.
Fouché pousse alors l'art
policier au plus haut degré de perfection
avec son système de fiches et ses indica-
1759-1820
teurs.
Inquiet de cette puissance, Bona
parte supprime le ministère (15 septem
bre 1802), mais Fouché reçoit la riche
sénatorerie d'Aix.
L'Empire proclamé, Napoléon lui rend
pourtant ses anciennes fonctions.
Le
ministre est fait duc d'Otrante (1809),
mais
il complote avec Talleyrand et sur
tout, inquiet de la politique de conquête,
il a l'audace d'entamer des pourparlers
avec Londres par l'intermédiaire du
banquier Ouvrard.
Napoléon l'apprend
et met à pied l'impudent personnage
Guin 1810).
Rentré en grâce en 1813, il est nommé gouverneur des Provinces
illyriennes.
Revenu à Paris à la chute de
l'Empire, il échappe à la police du roi et
retrouve pendant les Cent-Jours son
ancien portefeuille.
Mais
il comprend
vite que l'affaire tournera mal et il mène
un double jeu qui lui permet, après
Waterloo, de
se faire imposer comme
ministre à Louis XVIII Guillet 1815).
Devenu veuf,
il épouse une jeune fille de
vieille noblesse provençale, Mlle de
Castellane-Majastre, de vingt ans sa
cadette: c'est l'apothéose.
Mais les
ultras qui
le haïssent travaillent à sa per
te.
Envoyé à Dresde pour y représenter le roi, le duc d'Otrante est ensuite exilé
comme régicide (1816).
Il meurt à Tries
te le 26 décembre 1820.
Illustration: Fouché, par Dubufe Versailles/Photo Tallandier © 1980, Edito-Service S.A., Genève, et Lib.
J.
Tallandier, Paris Imprimé en Italie 16 305 04-17
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