Formation, succès et difficultés de la construction européenne depuis 1945 (Histoire)

« Introduction La Seconde Guerre mondiale a consacré le déclin européen au profit de deux superpuissances (États-Unis et Unionsoviétique), par ailleurs, l'Europe est rapidement soumise aux effets de la bipolarisation du monde.

Aussi ledéveloppement de l'idée de la construction européenne se fait en plusieurs étapes.

Au lendemain immédiat duconflit, ce sont les Américains qui poussent à la construction européenne, pour des raisons économiques etpolitiques.

C'est durant cette phase que se constitue la notion d'Europe communautaire, celle composée par lesmembres de la CECA ; jusqu'en 1957, l'Europe hésite entre une construction politique et une constructionéconomique.

À partir de cette date, et jusqu'en 1973, la construction européenne est résolument orientée versl'économie.

Dans la dernière période, de 1973 à nos jours, la construction économique a continué à s'approfondirmais la volonté de construire une Europe politique a été réaffirmée. Première partie : débats et hésitations L'ancrage dans le bloc occidental Le désastreux bilan de la Seconde Guerre mondiale en Europe rend impérieuse la nécessité de reconstruire.

Cettereconstruction est une nécessité, sur le plan non seulement humain ou matériel mais aussi politique.

Les États-Uniscraignent que les tensions nées de la stagnation économique ne favorisent un développement de l'influencecommuniste, déjà très forte en Europe orientale.

Par ailleurs, les États-Unis, puissance économique dominante, nepeuvent se satisfaire de l'insolvabilité de leur principal client : l'Europe.

Les différents pays européens occidentauxs'attachent chacun de leur côté, sans la moindre concertation, à obtenir des aides et des prêts de la part desÉtats-Unis.Avec la montée de la bipolarisation, cette situation ne peut plus être acceptée par les États-Unis.

Aussi lesecrétaire d'État américain Georges Marshall propose-t-il en 1947 une aide massive aux différents pays européens.Les États-Unis posent comme condition à leur aide que les pays d'Europe s'organisent solidairement pour la répartir.L'URSS, tout à fait consciente des aspects politiques sous-entendus dans la proposition de Marshall, refuse l'offre etincite les pays qu'elle contrôle à la refuser également.

Aussi, ce sont seulement les pays d'Europe occidentale quiacceptent l'initiative et se regroupent au sein de l'OECE, Organisation européenne de coopération Économique.Celle-ci est, selon la volonté américaine, destinée à gérer la répartition des fonds que les États- Unis vont mettre àla disposition des pays européens.

La création de L'OECE marquait une première étape dans la constructioneuropéenne.

Certes, la création de cet organisme procédait de la volonté américaine mais, pour la première foisdepuis la fin de la guerre, les pays européens, vainqueurs et vaincus, se retrouvaient pour dialoguer. Succès et prémices de la construction européenne Les Américains, avec le plan Marshall, ont lancé un processus d'intégration économique.

Mais très vite la questionva se poser de savoir quel type d'Europe construire.

Doit-on construire une Europe politique ou une Europeéconomique ? Une Europe des nations qui conserverait à chaque État une grande autonomie ou une Europesupranationale qui verrait le rôle des États nationaux s'effacer au profit d'une structure supranationale ?Jean Monnet, alors commissaire au Plan, a l'idée d'une mise en commun des industries charbonnières et sidérurgiquesdes pays de l'Europe occidentale afin d'accélérer la reconstruction de l'Europe.

En 1950, Il soumet son projet auministre des Affaires étrangères, Robert Schuman.

La mise en place de ce qui deviendra la CECA, la Communautééconomique du charbon et de l'acier, se fait en 1951, avec six pays : la France, la RFA, l'Italie, la Belgique, lesPays-Bas et le Luxembourg.

Ces trois derniers pays constituent déjà, depuis 1945, une entité économique, leBenelux.

La CECA constitue l'amorce de la construction d'une Europe économique et le première étape de laréconciliation franco-allemande.

La CECA voit la mise en place d'une structure supranationale, la Haute Autoritéchargée de gérer les ressources charbonnières et sidérurgiques des six pays concernés.

Les productions desproduits concernés augmentent sans susciter de tensions concurrentielles entre les États membres, qui s'enremettent à la Haute Autorité pour réguler les quotas de production et de distribution entre les pays.Mais dans l'esprit des initiateurs et notamment de Jean Mon- net, la CECA n'est qu'un premier pas vers la mise enplace d'autres organes européens, à visée plus clairement politique.

C'est le cas avec le projet de la CED, laCommunauté européenne de défense.

L'en- jeu de ce projet, lancé en 1952, est de consolider le rapprochementfranco- allemand et de faciliter le réarmement allemand.

En effet, depuis sa création en 1949, la RFA est devenueun État à part entière dont les Américains souhaitent faire une pièce maîtresse dans leur dispositif de défense del'Europe occidentale face à l'Union soviétique.

La CED prévoit en conséquence la mise en commun des défenses desÉtats membres sous la responsabilité d'un organe de défense supranational.

Acceptée dans son principe par lesgouvernements des pays concernés (les Six de la CECA), la CED suscite malgré tout de vives résistances dans lesopinions publiques française et italienne.

Dans ces deux pays, les puissants partis communistes rejettent le projet.En France, les communistes sont rejoints dans l'opposition à la CED par les gaullistes, qui refusent tout abandon desouveraineté, notamment dans le domaine militaire.

Finalement, durant l'été 1954, gaullistes et communistes fontéchouer le projet de la CED lors de la ratification devant l'Assemblée nationale française.

Le Parlement italien refuseégalement le projet.

L'Europe politique supranationale échoue alors.

Mais le réarmement allemand se fait malgré toutpar l'intégration de la RFA dans l'OTAN, c'est-à-dire sous contrôle américain. Transition. »