Flexicurité
Publié le 16/05/2020
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La flexicurité.
C'est en contractant flexibilité et sécurité que l'on forme le néologisme flexicurité qui désigne toutun système social qui essaie de conjuguer souplesse du licenciement et sécurité des travailleurs licenciés.
C'estun concept qui nous vient des Pays Bas et notamment de la tentative politique de réduire le dualisme du marchédu travail à la fin des années 1990, une scission entre des emplois stables et des emplois d'ajustement pour lesentrepreneurs sur un marché secondaire où le travail y est plus flexible.
Ainsi a-t-on recherché plus d'égalité ententant de conserver la flexbilite d'un marché secondaire tout en lui appliquant la sécurité du marché primaire parun droit au travailleur.
Mais il faut surtout voir que le principe de flexicurité s'inscrit dans la logique de destructioncréatrice de l'économie.
En effet, les emplois sont détruits au fil des évolutions de l'économie (passage à latertiarisation, délocalisation), une destruction que les économistes ont même réussi à modéliser depuis les années1980 à l'instar de la loi des 15% de Cahuc et Zylberberg selon laquelle : à l’échelle d’une nation, chaque annéeenviron 15% des emplois disparaissent et chaque année environ 15% d’emplois nouveaux apparaissent.
Ainsi, si ladestruction d'emplois est impossible à contrer, il s'agirait alors d'assurer le redéploiement des emplois détruits,d'assurer que la destruction soit bien créatrice comme le disait Schumpeter, voilà ce qui légitime l'idée d'uneassociation de la flexibilité pour l'ajustement efficient du marché du travail et d'une sécurité pour sonrenouvellement.
C'est au Danemark que l'on va surtout expérimenter cette flexicurité dès la fin des années 1990à l'initiative du ministère du travail qui établit le fameux triangle d'or : la grande flexibilité du marché du travail doitpouvoir être associée à une indemnisation des travailleurs licenciée avec en même temps des politiques de l'emploiCe modèle danois repose sur six différents piliers : une centralisation des organismes de l'emploi et de l'aide pourles travailleurs, l'allégement du code du travail, la facilité de licenciement, un bon dialogue social, une incitationtrès forte à retrouver un emploi par un suivi ou des formations.
Mais le modèle danois a ses spécificités quirendent difficile une généralisation de ce modèle de flexicurité En effet, les salaires sont plus bas au Danemark cequi permet d'avoir un taux de prestation de l'ordre de 90% de l'ancien salaire pour les chômeurs, ceci permit parun bon fonctionnement de la politique de formation et de suivi.
Au Danemark, les dépenses pour l'emploi sonttrois plus élevées qu'en France et plus d'un tiers de la population change d'emploi durant la vie active.
C'estencore un contrôle strict des partenaires sociaux pour une forte syndicalisation.
C'est enfin la petite taille dupays, de forts impôts acceptés pour un système autant coûteux qu'efficace.
Ainsi, toutes ces spécificitésrendent difficile une transposition de ce modèle à d'autre pays comme la France.
C'est pourquoi Robert Boyerpréfère parler de plusieurs modèle de flexicurité comme le Japon, les États-Unis où changer d'emploi se fait sanshésitation La flexicurité à la française : L'accord entre les partenaires sociaux de janvier 2008 peut être perçucomme une avancée vers plus de flexicurité en ce qu'il introduit les contrats de mission pour les cadres (contratde travail ciblé de courte durée) ou le motif de rupture conventionnelle (ie que même pour les CDI, il estmaintenant possible de négocier la rupture du contrat avec une échéance de 15 jours laissée à chaque partiepour revenir sur sa décision pour une cessation de contrat d'un salarié, l'allongement des périodes d'essai enentreprises, mais cela se fait parallèlement à plus d'indemnisation, une portabilité des droits des salaires mis auchômage qui conserve durant un temps sa couverture prévoyance santé ou son droit à la formation.
De plus, onpeut ajouter l'idée de la mise en place, avec le nouveau motif de licenciement, d'un système de bonus-malus pourles entreprises choisissant de licencier, façon d'internaliser les coûts de licenciement.
L'idée générale desréformes est de trouver une bonne alternative au contrat unique de travail et trouver ainsi une solution audualisme du marché du travail pour des outsiders que les entreprises peuvent continuer à aisément licencier maisqui disposent, désormais, d'une sécurité a posteriori du fait d'un renforcement des droits des salaires licenciés.
Mais la flexicurité à la française a ses limites.
En effet, on assiste à un déséquilibre entre la flexibilité et lasécurité.
La réforme du marché du travail s'est faite plus vite et plus efficacement que celle de la sécurisation desparcours professionnels et des salariés licenciés.
Cela s'ajoute à une tendance à la précarisation contre laquelle laflexicurité ne fait rien.
Enfin, la flexicurité rentre dans un cercle vicieux dans une période de très mauvaiseconjoncture qui amplifie l'effet flexibilité au détriment de la sécurité.
Comme on l'a vu avec le principe deflexibilité, elle ne fait qu'amplifier une mauvaise conjoncture en offrant aux entreprises toujours plus de moyens delicenciement.
En outre, c'est une générosité de la protection sociale qui mène à une hausse du montant del’indemnisation chômage, puisque le principe de la flexicurité est d’assurer aux chômeurs le maintien de leur statutsocio-économique fragilisant le mécanisme de l’indemnisation chômage de deux manières : économique en raisondes conséquences de la crise sur le financement de la protection sociale ; et politique car le poids de la solidaritépeut apparaître trop lourd aux salariés ayant conservé leur emploi.
Les économistes tentent donc de moduler laflexibilité en fonction des différences structurelles propre à chaque économie.
Ainsi, le Conseil d'AnalyseÉconomique a publié en 2010 un rapport dans lequel dans lequel il propose par exemple, un système d'incitation àla mobilité professionnelle avec des compléments salariaux en cas de mobilité pour compenser les pertes desalaires du fait de manques d'expériences, cela, une fois de plus, pour rendre plus efficient l'ajustement sur lemarché du travail..
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