Fink (Eugen)

« 1 / 2 1" lévrier 1967 Série C-14 Fiche N• 1594 Fink (Eugen) 1.

Assistant d'Edmund Husserl, disciple et ami de Martin Heidegger, Eugen Fink est considéré comme l'une des figures les plus représentatives de la philosophie alle­ mande contemporaine.

2.

Né à Constance en 1905, il poursuit des études de philosophie fortement influen­ cées par le mouvement néo-kantien, puis devient le coll~borateur et l'assistant de Husserl à l'Université de Fribourg-en-Brisgau.

Il prend position en faveur du mouve­ ment phénoménologique allemand (Husserl, Max Scheler), et y consacre ses premiers travaux.

C'est une étude sur Husserl qui le révèle au public allemand: ..

La phénomé­ nologie d'Edmund Husserl et la crise du temps présent».

Depuis la Renaissance, les sciences sont devenues étrangères à l'homme, elle ne répondent plus à son inquié­ tude et à ses questions.

C'est cette faillite du rationalisme que constitue la crise des sciences européennes (« Krise der europaischen Wissenschaften »), et qu'il s'agit de dépasser par la phénoménologie, dont l'acte fondamental est l'« épochè "• la mise du monde entre parenthèses, qui nous conduit alors vers le monde vécu prédonné (Lebenswelt).

Les premiers travaux d'Eugen Fink développent les conséquences de ce thème husserlien et s'efforcent de poursuivre cette voie qu'il avait indiquée.

3.

Après la mort de Husserl, Eugen Fink se consacre à la création des Archives Husserl à Louvain.

Il assure la publication monumentale de plusieurs milliers de pages inédites.

Il collabore ensuite, à l'Université de Fribourg, avec Martin Heidegger qui occupe la chaire de Husserl.

Plusieurs œuvres marquent cet itinéraire: « Etre, Monde, Vérité "• " Le Tout et le Rien "• « Espace, Temps, Mouvement», qui s'inspirent des recherches de Husserl, et plus tard de Heidegger, pour élaborer « l'éducation des sens de l'homme et de la terre à la lumière du concept de vérité "· Parmi ses écrits les plus récents, on accorde une place particulière à « La Philosophie de Nietzsche» et au " Jeu comme Symbole du Monde ».

Reprenant toutes les analyses de Martin Heideg­ ger, Fink s'en détache néanmoins lorsqu'il s'agit de situer Nietzsche par rapport à toute la tradition occidentale.

Loin de constituer un achèvement, l'œuvre de Nietzsche ressemble au contraire à une aube nouvelle dont il faut expliciter l'avènement.

4.

Cette expérience nouvelle du monde, qu'annonce Nietzsche, Fink entreprend de la décrire dans « Le Jeu comme Symbole du Monde "· Par-delà toute la tradition métaphysique, dont l'achèvement moderne est l'essence de la technique, cette expé­ rience fondamentale constitue un retour vers l'origine même de la pensée: l'aube de la philosophie grecque, et plus particulièrement Héraclite.

Mais cette nouvelle expé­ rience nous permet-elle de dépasser le nihilisme comme Fink le croit? C'est là l'une des grandes questions qui animent le débat entre Fink et Heidegger.

5.

L'importance de l'œuvre de Eugen Fink et l'influence considérable de son ensei­ gnement tiennent à cette unité précaire qu'il a réussi à maintenir dans tous ses écrits, entre la phénoménologie de Husserl, approfondissement du monde vécu, et la tenta­ tive heideggerienne d'édifier une ontologie fondamentale, qui pense cette seule question: Qu'en est-il de l'être de l'étant? (Sein des Seienden).

Par-là, l'œuvre de Fink s'inscrit comme l'une des dernières grandes problématiques philosophiques à l'intérieur de cette métaphysique achevée. 2 / 2. »