FICHE Tx. 6 / Extrait de Les Caractères, LA BRUYÈRE (1688) “Arrias” - ORAL I.
Publié le 22/12/2023
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FICHE Tx.
6 / Extrait de Les Caractères, LA BRUYÈRE (1688)
“Arrias”
- ORAL I.
INTRODUCTION -
Le XVIIe siècle est un siècle majeur en littérature, marqué par deux courants littéraires – à savoir le
baroque ayant marqué l'art et l'architecture, sans oublier la musique et la danse, ainsi que le classicisme se
définissant par 3 mots clés : la clarté, la rigueur et la raison lesquels s’accompagnent de règles édictées en
littérature ; notamment pour le théâtre avec la règle des 3 unités.
La visée de ce mouvement littéraire est de
tendre l’idéal de l’honnête homme.
De nombreux auteurs sont publiés, comme Mme de la Fayette dans le cadre du roman, Molière dans le
cadre du théâtre et également Jean de la Bruyère qui publie en 1688, Les Caractères.
Au cœur de cette
œuvre, celui-ci s'intéresse aux mœurs de son époque dont il critique certains aspects.
Par ailleurs, cet
ouvrage échappe à toute classification littéraire.
En effet, la forme est assez libre, de longueur variée, de
registres différents et l’auteur y met en scène une série de portraits satiriques qui présentent des contres
modèles de la société classique.
L’auteur porte un regard acéré de moraliste sur les Hommes de son temps,
souvent, il les dénonce avec ironie voire insolence.
Dans le cadre de ce texte porté à notre étude, il s’agit du portrait d’Arrias – se trouvant dans la section V
intitulée De la Société et de la Conversation ; l’auteur y expose un personnage imbu de sa personne.
Ainsi, nous verrons comment le moraliste fait-il d’Arrias un contre modèle de l’honnête homme préférant
l'artifice à la vérité ?
Afin d’y répondre, je verrais alors les 2 mouvements qui constituent ce texte, à savoir comment La Bruyère
fait d’Arrias l’anti-portrait de l’honnête homme du XVIIe siècle puis comment celui-ci critique à travers le
personnage une société fondée sur le paraître et l'artifice.
II.
LECTURE DE L’EXTRAIT “Je vais dès à présent passer à la lecture du texte” …
III.
EXPLICATION LINÉAIRE A.
DANS LE CADRE DU PREMIER MOUVEMENT
Dans le cadre du premier mouvement, nous pouvons remarquer dès la première ligne de l’extrait que le
présent de l’indicatif semble se couper de l’ancrage énonciatif pour prendre une dimension de vérité
générale.
En effet, La Bruyère place d’emblée Arrias dans le registre satirique avec l’hyperbole “Arrias a
tout lu, a tout vu” ce qui l’inscrit dans la démesure et l'excès, des vices opposés à l’idéal classique.
Cette
première phrase est saturée par le champ lexical de la tromperie mettant en évidence le masque que porte
le personnage : “persuader”, “se donne pour tel” (lignes 1), “mentir”, “paraître” (ligne 2).
Ce
champ lexical permet à l’auteur de dénoncer le caractère théâtral d’une société qui fonde tout sur le
paraître.
A travers la phrase “c’est un homme universel”, La Bruyère dénonce la démesure d’Arrias qui
se confond avec Dieu, ce qui est disproportionné.
Par ailleurs, cette démesure ne pourrait que déplaire au
lecteur du XVIIe siècle influencé par l'esthétique classique et le modèle de l'honnête homme.
On retrouve
d'ailleurs cette démesure du personnage à la ligne 2 par un comparatif de supériorité : “il aime mieux
mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose” valorisant alors le vice, ici exprimé
par le verbe “mentir” au détriment de la vertu exprimé par le verbe pronominal “se taire”.
A partir de la
deuxième phrase, l'auteur met le portrait d’Arrias en portrait en action.
Celui-ci invite le lecteur à “la table
d’un grand”.
Pour le lecteur du XVIIe siècle, une telle scène s’inscrit dans la tradition satirique du repas
ridicule.
Le sujet de discussion est “une cour du Nord” (ligne 3), ce qui est très éloigné des
préoccupations des français au XVIIe siècle.
L’auteur utilise l'allitération en -P et en -L suggérant le ton
péremptoire d’Arrias et le flot de parole qui vient prendre tout l’espace de la conversation : “il prend la
parole, et l’ôte à ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent” (ligne 3).
L’irréel du passé “ceux qui
allaient dire ce qu’ils en savent” montre qu’Arrias n’est pas dans une conversation mais dans un
monologue, ce qui est une faute de goût et de bienséance au XVIIe siècle.
La conversation est un art
véritable, qui relève du savoir vivre et de l’urbanité.
Méconnaître ses règles de mesure, de discrétion, de
civilité éloigne Arrias du portrait idéal de l'honnête homme.
Par la suite, La Bruyère continue d’utiliser le
registre de la satire pour tourner Arrias en dérision.
Tout d’abord, l'anaphore du pronom personnel “il”
sature la longue phrase, mettant en valeur le narcissisme d’Arrias qui veut être l’acteur principal de ce
dîner : “il prend la parole” (ligne 3), “il s’oriente”, “il discourt” (ligne 4), “il récite” (ligne 5), “il
les trouve” et “il en rit” (ligne 6).
Ces répétitions transforment le personnage en pantin dont les actions
sont presque mécaniques.
De plus, un autre champ lexical est employé, celui de la parole : “parole”,
“dire” (ligne 3), “discourt” (ligne 4), “récite” (ligne 5) et “contredire” à la ligne 7, celui-ci souligne la
monopolisation de la parole.
Alors qu'Arrias n’est jamais allé à la “cour du Nord” évoquée au dîner, qui
est une “région lointaine” (ligne 4), il en....
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