Fiche révision le bonheur
Publié le 29/06/2024
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I-La recherche du bonheur
Le bonheur est considéré habituellement comme un sentiment de bien-être extrême ainsi que
comme un but idéal vers lequel tend chaque individu.
Dans son étymologie, le bonheur renvoie au
latin « augurium » et donc à une forme d'occasion, il semble lié à la chance et posséder un caractère
éphémère.
En effet, le bonheur dépend de la satisfaction d'un désir et donc de la conformité entre ce
à quoi nous aspirons et ce que nous obtenons en retour.
Ainsi, il y aurait malheur et souffrance dès
lors qu'il y a privation et que notre désir est contrarié, à l'inverse il y aurait une forme de jouissance
dès lors que nous obtenons ce que nous voulions.
Toutefois, définir le bonheur comme satisfaction
d'un désir (perçu comme un état de manque) et donc comme plaisir revient à valoriser l'intensité
d'un bonheur éphémère qui ne peut s'inscrire sur la durée.
Si tôt que le plaisir se manifeste il est
amené à cesser, à moins de considérer le bonheur comme un état durable et donc davantage comme
une forme de paix intérieure (de tranquillité) qui s'inscrit sur le long terme mais qui demeure
nécessairement moins intense.
Ainsi, il conviendra de se demander si la recherche du bonheur est
une quête vaine qui nous conduit toujours à l'insatisfaction : soit parce que nous ne pouvons faire
durer le plaisir indéfiniment, soit parce qu'il n'existe aucune forme de plaisir qui ne finisse par nous
lasser sur la durée.
Enfin, de telles considérations nous amèneront en définitive à nous interroger sur
le bonheur comme fin suprême de l'existence humaine : vivons-nous réellement tous simplement en
vue du bonheur quand bien même celui-ci serait possible ?
A-Le bonheur comme but universel.
a-Une hiérarchie des besoins.
Si nous tentons de définir le bonheur à partir de son objet, il apparaît que notre désir se tourne vers
des choses relatives aux besoins que nous sommes amenés à satisfaire pour survivre et évoluer en
société.
En ce sens, le bonheur serait d'ordre matériel car il dépendrait intrinsèquement de
l'obtention de certains biens se rapportant à nos besoins.
En procédant à un recueil d'un grand
nombre d'avis, Abraham Maslow, a tenté de développer une pyramide des besoins (dans sa Théorie
de la motivation humaine).
Cette hiérarchie considère comme primordiale les besoins vitaux (se
situant tout en bas de la pyramide) puisque nul ne peut être heureux s'il en vient à être en mauvaise
santé ou à manquer de nourriture par exemple.
Vient ensuite le besoin de sécurité permettant, s'il est
satisfait, de s'assurer que l'on sera toujours logé et nourri chaque jour et que l'on ne nous prendra
pas le peu que l'on possède.
Les besoins sociaux permettent ensuite de faciliter la survie et la
sécurité puisque chaque individu vivant en société bénéficie du travail des autres en échange du
sien, ils sont suivis par le besoin de reconnaissance (ou d'estime) lié au fait de parvenir à être
apprécié et reconnu dans le milieu d'expertise dans lequel nous évoluons en société, ce qui
conduirait (en théorie) au sommet de la pyramide qui serait le besoin d'épanouissement.
Cette
hiérarchie suppose donc que le bonheur est soumis à des conditions, celui qui aurait atteint le
sommet de la pyramide devant encore tout faire pour que les différents besoins qu'il a satisfait le
soient toujours.
On peut toutefois se demander si le bonheur est un état dépendant intégralement
d'un certain nombre de biens qu'il convient de posséder et s'il est un idéal auquel nous aspirons tous
nécessairement ?
b-Le bonheur comme souverain bien.
Il semblerait que le bonheur ne soit pas simplement réductible aux différentes choses sur lesquelles
porte notre désir mais qu'il soit plutôt un idéal auquel nous aspirons, le plaisir que nous ressentons
en ayant atteint un objectif n’apparaissant que comme un moyen d'être heureux.
C'est en ce sens que
Aristote concevait dans son Éthique à Nicomaque (livre I, chapitre 6) le bonheur comme le
souverain bien : le bien que chaque individu cherche naturellement et qui conditionne la poursuite
de tous les autres biens.
Peu importe le but que nous nous fixons, nous ne pouvons pas vouloir
quelque chose qui soit déconnecté de notre bonheur personnel.
Le bonheur est donc une fin en soi
puisque nous voulons le bonheur pour lui-même et non en vue d'autre chose, nous délibérons sur les
moyens d'être heureux mais jamais sur le fait que nous voulions être heureux.
Dans ce cas comment
expliquer le malheur si chaque individu cherche naturellement à obtenir tout ce qui peut contribuer
à le rendre heureux ? Cela provient du fait que certaines personnes délibèrent mal et fassent erreur
sur ce qui peut potentiellement les rendre heureux (en menant un mode de vie contre-nature d'après
Aristote).
En effet, dans la perspective eudémoniste propre à l'antiquité grecque le bonheur était
considéré comme la fin suprême de l'existence humaine mais celle-ci coïncidait également avec la
vertu : il était impossible de concevoir qu'un individu intempérant et égoïste qui céderait à tous ses
désirs puisse être heureux.
En ce sens, Aristote concevait le fait de mener une existence
intellectuelle en suivant son désir naturel de connaître comme le moyen d'être naturellement
heureux puisque l'homme se distingue du reste des êtres naturels par la présence de sa raison.
Fautil considérer que le bonheur ne peut être atteint que si nous agissons conformément à certains
principes et si nous identifions quels désirs satisfaire ? Ne vaut-il pas mieux satisfaire l'ensemble de
ses désirs en considérant l'intégralité de ceux-ci comme des désirs naturels engendrant de la
frustration s'ils demeurent insatisfaits ?
B-Une éthique du bonheur.
a-Le bonheur comme jouissance.
Dans le Gorgias de Platon, cette possibilité d'une vie bonne fondée sur la seule poursuite des
plaisirs est envisagée comme modèle par Calliclès (en objection à Socrate).
L'hédonisme radical
défendu par Calliclès fait du seul plaisir la condition de tout bonheur.
Certes, satisfaire tous ses
désirs est exigeant et conduit à une forme d'insatisfaction relative lorsqu'un désir n'est pas satisfait,
c'est la raison pour laquelle Calliclès nous dit qu'il faut mettre en œuvre toute son intelligence et son
courage pour y parvenir et, ce, au détriment de toute morale.
En effet, il apparaît comme contrenature de se brimer puisque la nature a mis en nous certaines pulsions à assouvir, les lois
apparaîssent ainsi comme des restrictions favorisant les personnes « faibles » qui n'auraient jamais
pu par elles-mêmes parvenir à satisfaire tous leurs désirs, le mode de vie de Calliclès est donc un
mode de vie délibérément excessif qui ne peut convenir qu'aux plus habiles (aux « forts » dans le
texte).
Socrate (il s'agit donc de la position soutenue par Platon) objectera à Calliclès que tel les
tonneaux percés des Danaïdes, celui qui considère que le bonheur se réduit à la satisfaction de tous
les désirs doit satisfaire toutes ses pulsions sans cesse (de la même façon que les Danaïdes doivent
remplir un tonneau percé sans fin) et n'est jamais comblé.
A l'inverse, le contentement lié à une vie
faite de tempérance où les désirs sont modérés apparaît comme davantage raisonnable et permettrait
un bonheur durable mais de plus faible intensité.
Toutefois, l'objection de Calliclès selon laquelle un
mode de vie conforme à la raison est ennuyeux est-elle tenable et la poursuite de tous ses désirs au
risque d'être dans un état d'insatisfaction régulier est-elle préférable ?
b-Une classification des désirs.
Si nous concilions la nécessité de chercher le plaisir pour être heureux avec la nécessité de tempérer
ses propres désirs afin d'être heureux la solution proposée par Épicure apparaît comme une possible
juste mesure.
En effet, Épicure considère que le bonheur réside dans l'ataraxie (absence de troubles
de l'âme) : une forme de tranquillité valable sur le long terme qui se caractérise par une absence
d'inquiétude.
L'inquiétude et les troubles qui nous rendent malheureux sont liés à la poursuite de
désirs inadaptés à notre bonheur d'après Épicure.
Dans sa Lettre à Ménécée, Épicure propose une
classification des désirs en trois catégories : -Les désirs non naturels et non nécessaires (concernant
tout ce qui relève du luxe et qui n'est ni vital ni nécessaire à notre bonheur comme l'honneur ou la
richesse par exemple).
-Les désirs naturels mais non nécessaires (portant sur ce qui est conforme à
un besoin vital mais qui n'est pas nécessaire pour survivre comme des boissons ou des mets raffinés
par exemple).
-Les désirs naturels et nécessaires (portant sur ce qui est non seulement vital mais
nécessaire à notre survie : boire de l'eau, manger du pain, dormir...).
Selon Épicure, c'est un mode
de vie minimaliste fondé sur les désirs naturels et nécessaires qui peut nous permettre d'être heureux
durablement car ils sont les plus faciles à satisfaire et ils sont conformes à la vertu car c'est ce que la
nature exige de nous afin que nous puissions continuer à exister.
De fait, la nature nous permet de
satisfaire plus facilement ces désirs non superflus et nécessaires à notre survie et une vie bonne
apparaît comme étant strictement réductible....
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