Fiche philo: Conscience et Inconscient (Suite et fin)
Publié le 29/05/2024
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Conscience et Inconscient
(Suite et fin)
III.
Limites et objections éthiques à la théorie freudienne
1°/ Quelques réflexions pour penser une critique de la pensée freudienne
a) Toutefois, Freud ne suggère-t-il pas un soupçon radical sur la vie psychique de
chacun.
Car, ce que je crois avoir compris des causes inconscientes qui me déterminent, n’est-ce pas encore une ruse que mon inconscient déploie pour m’empêcher de le démasquer ? Dans la logique freudienne, l’homme ne peut jamais se
reposer dans une connaissance stable de soi, il est entrainé dans une logique du
soupçon qui veut débusquer quelque chose à débusquer derrière ce qui a été débusqué.
Le psychisme de l’homme ressemble alors à un oignon dont on pourrait enlever
des peaux sans pouvoir jamais trouver le cœur.
b) Cette découverte philosophique de l’inconscient pose de nombreuses difficultés :
Si nos actes conscients ne sont que des rejetons d’un amas de forces obscures qui
nous habitent et nous déterminent, alors la conscience et la liberté ne sont qu’illusions ? L’homme n’est plus rien d’autre que ce “paquet d’affect et de pulsions”
comme disait Nietzsche.
La philosophie aurait été naïve, ignorante des déterminismes cachés de nos conduites.
L’inconscient deviendrait alors le nouveau principe suprême ?
2°/ Critique éthique d’Alain : “seul le je conscient pense”
L’inconscient n’existe pas : l’ensemble de mon inconscient freudien est l’ensemble
de mes instincts : corps.
Il n’y a pas de dualité conscience-inconscient au sein du
psychisme humain.
Quand je fais des actes que je ne comprends pas, c’est que mon corps parle !
L’inconscient n’est pas un autre moi qui viendrait diviser le sujet.
Alain réduit l’inconscient aux mécanismes physiologiques du corps.
Tout le reste est de l’ordre de la pensée
consciente.
C’est un mythe dangereux quand il est idolâtré : il devient une faute morale.
Alain veut simplement dire que le sur le plan strictement philosophique (et non pas sur
le plan des pratiques culturelles), la quête inlassable des motivations inconscientes peut
parfois encombrer le penseur soucieux de liberté et de morale.
Il s’agit de relever le “Cogito humilié”.
Alain est rationaliste, dans le sillage de Descartes.
Ce que nous faisons s inconsciemment, c’est ce dont notre moi n’est pas la source : c’est
notre corps qui agit en laissant faire les automatismes qui peuvent être innés : les
réflexes ou acquis : les habitudes incorporées
Conscience : ce qui me permet d’avoir l’initiative de l’acte
Inconscient : ce qui m’ôte cette initiative
Dangers éthiques du freudisme : Alain met en évidence les dangers éthiques du freudisme.
Toute la morale consiste à se référer à la voix de la conscience, au JE, unique
fondateur de notre vie.
Grossir le terme d’inconscient, c’est aller contre toute démarche
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éthique, quelle qu’elle soit.
Je ne suis plus responsable de rien, puisque mes choix
s’expliquent par des processus inconscients qui m’échappent.
Je suis déterminé par
mon inconscient.
Pour Alain, il ne s’agit nullement de contester la réalité de l’inconscient, mais bien de
refuser les mythes dangereux (irresponsabilité, abandon à l’inconscient, déni de la volonté) qu’il pourrait envelopper et véhiculer.
3°/ Critique existentialiste de Sartre : l’inconscient est mauvaise foi
Sartre critique le freudisme dans l’Être et le Néant, p 656 (1943) aussi du point de vue
moral.
Il refuse, comme Alain, de faire de l’inconscient le maître de nos actes et de nos
choix.
Ne cherchons jamais d’excuses à nos actes et ne nous abritons pas derrière notre
inconscient.
C’est de la mauvaise foi.
La mauvaise foi est mensonge à soi-même qui permet de masquer sa propre responsabilité.
Ne croyons pas que nous sommes déterminés par nos pulsions.
Nous sommes
libres.
Sartre refuse d’admettre que nous ne sommes pas tout-puissants sur nousmêmes.
Quand je suis de mauvaise foi, je fais comme si mes actes étaient déterminés à mon insu,
par mon passé.
Comme si je n’avais pas choisi d’être celui que je suis devenu, comme si
je subissais ce passé comme un destin…ce qui est une manière de se décharger de sa
liberté et de sa responsabilité.
Ce passé me déterminerait à mon insu !
Pour Sartre, la censure est de mauvaise foi : elle est consciente d’être consciente de la
tendance à refouler mais précisément pour se la cacher à elle-même.
L’inconscient en tant que tel n’existe pas (Sartre plus radical qu’Alain dans sa critique).
Nul psychisme n’est totalement ignorant de soi.
Ce qui existe en revanche, c’est la
mauvaise foi et le mensonge à soi-même, l’acte par lequel la conscience se dissimule à
elle-même le vrai.
La psychanalyse existentielle révèle à l’individu que chacune des situations que nous
vivons doit être éclairée à la lumière de ce projet personnel.
L’homme est une totalité et
non une collection d’actes.
L’homme est projet.
C’est le déchiffrement de ce projet qui
nous permet de parvenir à la véritable conscience de nous-mêmes.
Le fait de se raconter dans un discours narratif permet de se libérer des souvenirs inconscients et de donner un sens au passé : cela constitue un travail thérapeutique.
Transition : Dans sa célèbre Dialectique du Maitre et de l’Esclave, tirée de la Phénoménologie
de l’Esprit (1807), Hegel a donné sur le thème de l’advenue de la conscience de soi par la
relation à autrui, des analyses incontournables.
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Hegel y décrit la relation des consciences en
termes de lutte : une lutte pour la reconnaissance.
Il y a une question de vie ou de mort dans cette
opposition car le vainqueur de la lutte aura réussi
à se conquérir lui-même, c’est-à-dire aura conquis la conscience de lui comme sujet.
Les deux combattants veulent être reconnus
comme sujet.
Or, seul un sujet peut me dire que
j’en suis un.
Mais l’autre me refuse cette parole,
puisqu’il la veut pour lui.
Une lutte à mort s’engage donc.
A un moment, l’un de deux craint
pour sa vie et accepte de se soumettre à l’autre.
Cette soumission sera l’occasion pour le vainqueur de prendre conscience de lui comme sujet,
c’est-à-dire comme être capable d’imposer sa volonté à ce qui n’est pas lui.
Il devient alors
maitre, et le second esclave.
Hegel pense décrire ainsi le mouvement de toute relation entre deux consciences : il est celui
d’une lutte pour la reconnaissance et l’affirmation de soi au détriment de l’autre.
Ainsi, la joie
(étrange) de se mettre en valeur en se moquant d’un autre ; le désir d’être préféré à un autre, le
désir de voir un autre se soumettre, la joie de commander et d’être obéi, etc.
Dans l’amitié, les
relations amoureuses, la politique, les relations sociales, cette même et unique logique prévaudrait.
La Dialectique du Maitre et de l’esclave a inspiré bien des analyses qui ont modelé la
conscience philosophique du monde, et continuent de le faire aujourd’hui (Marx, Sartre, Foucault, etc.).
Au XXème siècle, les relations interpersonnelles sont principalement analysées et
comprises en termes de lutte et d’affirmation de soi.
4°/ Accepter son inconscient, et s’en servir de son inconscient pour changer :
a) Apprendre à s’aimer soi-même
Bien souvent, le rapport que nous avons à nous-mêmes nous empêche de nous connaitre correctement.
En effet, nous avons du mal à nous aimer tels que nous sommes.
C’est ce que nous
montre Blaise Pascal dans une pensée percutante :
« Amour-propre.
La nature de l'amour-propre et de ce moi humain est de n'aimer que soi et de
ne considérer que soi.
Mais que fera-t-il ? Il ne saurait empêcher que cet objet qu'il aime ne soit
plein de défauts et de misère.
Il veut être grand et il se voit petit.
Il veut être parfait et il se voit
plein d'imperfections.
Il veut être l'objet de l'amour et de l'estime des hommes et il voit que ses
défauts ne méritent que leur aversion et leur mépris.
Cet embarras où il se trouve produit en lui
la plus injuste et la plus criminelle passion qu'il soit possible de s'imaginer ; car il conçoit une
haine mortelle contre cette vérité qui le reprend et qui le convainc de ses défauts.
Il désirerait de
l'anéantir et, ne pouvant la détruire en elle-même, il la détruit autant qu'il peut dans sa connaissance et dans celle des....
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