Fiche: "Juste la fin du monde"

« I) Présentation de l’oeuvre 1) Présentation de l’œuvre/auteur "Juste la fin du monde" est une pièce de théâtre écrite par Jean-Luc Lagarce, un dramaturge français influent.

Né le 14 février 1957 à Héricourt, en France, et décédé le 30 septembre 1995, Lagarce est considéré comme l'un des auteurs les plus joués et les plus importants de la scène théâtrale contemporaine française.

Sa carrière a été marquée par une exploration profonde des thèmes de la communication, de l'isolement, et de la difficulté des relations humaines. Jean-Luc Lagarce a également eu une vie marquée par des défis personnels, notamment sa lutte contre le VIH, qui a influencé de manière significative son travail.

Ses pièces sont connues pour leur style distinctif, caractérisé par des monologues intenses, une langue rythmée, et un sentiment de mélancolie. "Juste la fin du monde" est l'une de ses œuvres les plus célèbres.

Écrite en 1990, cette pièce traite de thèmes universels tels que la famille, l'aliénation, et le regret.

L'histoire tourne autour d'un jeune homme, Louis, qui retourne dans sa famille après une longue absence pour annoncer sa mort imminente.

Ce qui suit est une série de dialogues et de monologues poignants, où les personnages luttent pour communiquer et se comprendre mutuellement. 2) Résumé de l’œuvre En résumé, "Juste la fin du monde" se concentre sur la dernière visite de Louis à sa famille.

Il rencontre sa mère, son frère Antoine, sa belle-sœur Catherine, et sa sœur Suzanne.

Chacun de ces personnages a sa propre perspective et ses propres émotions concernant le retour de Louis.

La tension monte au fur et à mesure que les conversations révèlent des non-dits, des rancœurs et des regrets.

La pièce se termine sans que Louis ait pu partager la nouvelle de sa mort imminente, laissant les personnages et les spectateurs dans un état de suspension émotionnelle. La pièce a été saluée pour sa capacité à capturer la complexité des émotions humaines et a été adaptée au cinéma en 2016 par Xavier Dolan, recevant des critiques positives pour sa fidélité à l'œuvre originale de Lagarce. 3) Présentation des personnages principaux : Louis, 34 ans • Il s'agit du fils aîné de la famille.

Il ouvre et ferme la pièce par deux monologues dans lesquels il explique son intention : annoncer sa mort prochaine à sa famille, et l'échec de ce projet.

Louis est parti depuis plusieurs années vivre ailleurs, sans donner beaucoup de nouvelles aux siens. Il s'est toujours senti mal-aimé, mal compris par sa famille.

Mais il a aussi créé seul cette fracture entre lui et les autres, en s'extrayant du modèle familial et en se croyant supérieur à eux. • Louis est un personnage qui se trouve du côté des « mots » ; il est d'ailleurs écrivain et il sait manier le verbe pour se faire comprendre et pour emporter l'adhésion (« Tu me persuadais », « J'étais convaincu » dira Antoine).

Pourtant, Louis ne saura pas ici trouver les mots, ni laisser la place nécessaire aux mots, pour annoncer sa mort à venir.

On apprend par le discours d'Antoine que Louis était un enfant fragile qui a cru ne pas recevoir tout l'amour qu'il méritait (« Nous n'étions pas bons avec toi », « Nous te faisions du mal » ; on peut s'interroger sur ce que regroupe ce « nous »).

On perçoit la possibilité de l'homosexualité de Louis dans les paroles de Catherine, qui lui dit " puisque vous n'aurez pas de fils ». Suzanne, 23 ans • Petite sœur de Louis, elle est la benjamine de la famille.

Elle fait part à Louis de son sentiment d'abandon lorsque celui-ci a quitté la famille, et lui reproche de n'avoir envoyé, pendant cette longue absence, que des phrases elliptiques au dos de cartes pos-tales.

Comme Antoine, Suzanne constate malgré elle qu'ils ne peuvent pourtant pas en vouloir à Louis, ni de son départ, ni d'être ce qu'il est, car cette absence a contribué à forger de lui l'image d'une personne inattaquable : « Nous n'avons aucun droit de te reprocher ton absence.

» • Fragile autant que révoltée, Suzanne semble chercher à trouver sa place dans une famille construite sur des non-dits et des rancœurs enfouies.

Comme son frère aîné, elle est animée du désir de partir, « aller loin et vivre une autre vie ».

Elle se dispute beaucoup avec Antoine. • Ces différents éléments, le rapport à l'écriture, le sentiment d'être incompris en raison d'une sensibilité différente, de choix de vie différents, nous permettent de faire des ponts entre le personnage fictif de Louis et la vie réelle de Lagarce. Antoine, 32 ans • Antoine est le frère cadet.

Travailleur dans une usine d'outillage, il est tout entier du côté du « faire », là où son aîné est du côté du « dire ».

Antoine est un homme pragmatique qui vit dans le monde réel, une personne qui n'a pas du tout d'imagination (« C'est un garçon qui imagine si peu, cela me fait souffrir », avoue La Mère). •Il ne pense pas, il ressent.

À la fois sentimental et colérique, il incarne l'ancien monde, la culture patriarcale et les certitudes familiales.

Mais son entêtement dans ses principes devient touchant lorsqu'il dévoile un amour profond et une culpabilité déchirante à l'égard de son grand frère. Catherine, 32 ans • Catherine est la femme d'Antoine, une personnalité discrète et effacée.

Incarnation de la maternité telle qu'on peut l'imaginer dans sa version la plus classique, Catherine est tout entière dévouée à sa famille, à son mari et à ses enfants.

On peut se demander si elle est vraiment heureuse, mais sans doute n'est-ce pas une question qu'elle se pose elle-même. • Elle est, selon Suzanne, « simple, claire, précise », et moins fragile qu'il n’y paraît.

Amoureuse de son mari, elle ne peut s'empêcher d'être intriguée, attire même par la présence complexe de son beau-frère, qu'elle rencontre pour la première fois (« elle te connaît à peine et elle est troublée », dit Antoine).

Elle semble être la seule qui cherche à écouter réellement sa parole, sans doute parce qu'elle ne porte pas le poids des rancœurs familiales à son égard. La Mère, 61 ans • Mère de Louis, Antoine et Suzanne, dont on ignore le prénom ; elle n'est désignée que par sa fonction au sein de la famille, et souvent simplement nommée « Elle ».

Femme à la retraite, elle appartient à une classe sociale plutôt populaire, comme le prouvent les seuls loisirs qu'elle et son mari s'accordaient durant leur mariage (balades en voiture, pique-niques...). • Elle cherche à aplanir les disputes.

Elle reproche à Louis « cette façon si habile et détestable d'être paisible en toute circonstances », et ce sourire qu'il arbore et qui demeure pour elle « comme la trace du mépris, la pire des plaies ». Les deux Louis absents On apprend que le père se nommait Louis lui aussi (il réapparaîtra dans Le Pays lointain), tout comme le fils de Catherine et Antoine, « l'héritier mâle » ; ces prénoms renvoient à la lignée des « rois de France », et permettent d'imaginer la position d'enfant roi occupée par ces trois personnages.

Louis, le protagoniste de la pièce, est d'ailleurs accusé d'orgueil par sa famille, et même d'arrogance ; on lui reproche de s'être enfermé dans sa tour d'ivoire, ce dont il convient lui-même. 4) Description du cadre spatio-temporel Spatial : L'action se déroule entièrement dans la maison de la famille du personnage principal, Louis.

Cette maison représente un lieu familier pour les personnages, mais elle est aussi le théâtre de conflits et de révélations.

Le choix d'un espace unique et clos renforce la tension dramatique et met l'accent sur les interactions entre les personnages. Temporel : La pièce se déroule sur une seule journée.

Cette brièveté temporelle crée un sentiment d'urgence et de concentration dramatique.

La pièce ne spécifie pas explicitement une période historique précise, ce qui lui donne un caractère intemporel.

Cependant, étant donné que Lagarce a écrit la pièce au début des années 1990, on peut supposer que le cadre temporel est contemporain à cette période. II) Analogue 1)Analyse thématique : A) L'amour et l'abandon → Aimer, se sentir aimé, le dire • Le rapport de Louis à l'amour des siens est très ambigu : il semble à la fois avoir manqué d'amour, et en même temps ne pas en vouloir.

Face à ce rapport com plique a l'amour, Louis semble avoir choisi de « tricher » ; s'est constitué un masque de malheur, portant toute sa vie sur son visage ce sentiment d'être mal-aimé.

Il avouera lui-même que cette attitude était jouée, que « c'était tellement faux, / je faisais juste mine de.

» (1e partie, scène 10).

Antoine n'est pas dupe de ce masque de « soi-disant malheur » que son frère s'est fabriqué. • En fait, dès le prologue, on comprend que Louis s'est construit ce rôle afin de se protéger et de rester maître de lui-même, maitre de chacune de ses décisions.

Il.... »