Fiche de révision : Partie I - Les principes de la souveraineté étatique à l’épreuve d’Internet
Publié le 23/02/2025
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Fiche de révision : Partie I - Les principes de la souveraineté étatique à l’épreuve
d’Internet
I.A.
Définition de la souveraineté étatique
La souveraineté étatique se définit comme l’autorité exclusive d’un État sur son territoire et
ses affaires internes, sans intervention extérieure.
Selon Jean Bodin, philosophe politique
du XVIe siècle, la souveraineté est le pouvoir absolu et perpétuel d’une République.
Ce
principe est au cœur du droit international moderne et constitue l’une des bases des
relations internationales.
L’idée de souveraineté implique deux dimensions principales :
1.
L’indépendance externe : Un État est libre de ses choix politiques et
économiques sans ingérence extérieure.
Il a la capacité de conclure des traités, de
mener des relations diplomatiques et de participer à des organisations internationales.
2.
L’autorité interne : L’État exerce une autorité incontestée sur son
territoire, réglemente ses citoyens et protège ses intérêts.
La souveraineté est également protégée par des normes internationales, telles que l’article
2 de la Charte des Nations unies, qui stipule que “les États doivent s’abstenir d’intervenir
dans les affaires intérieures d’un autre État”.
Ce principe, essentiel au système
international, a permis de structurer l’ordre mondial après la Seconde Guerre mondiale.
I.B.
Les défis posés par Internet
L’essor d’Internet et des technologies numériques a profondément bouleversé la manière
dont la souveraineté étatique se manifeste et s’exerce.
Plusieurs éléments expliquent
cette remise en question de la souveraineté dans l’espace numérique.
1.
Le caractère transnational d’Internet :
Internet est un espace sans frontières physiques.
Les données, informations et contenus
numériques circulent librement à travers le monde, rendant difficile pour les États de
contrôler les flux d’informations et de réguler les activités en ligne.
Les serveurs qui
hébergent les informations sont souvent situés dans des juridictions différentes, ce qui
complique leur régulation et leur protection.
Par exemple, un État peut avoir des lois
strictes sur la protection des données personnelles, mais celles-ci sont difficiles à
appliquer quand les données sont stockées sur des serveurs à l’étranger.
Illustration : La question du stockage des données sur des serveurs étrangers a été
soulevée par le Cloud Act (Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act) aux États-Unis, qui
permet aux autorités américaines d’accéder aux données stockées par des entreprises
américaines, même si ces données sont hébergées dans un autre pays.
Cela soulève des
questions sur l’atteinte à la souveraineté des autres États et la confidentialité des données
personnelles.
2.
L’influence des acteurs privés multinationales :
De grandes entreprises technologiques, comme Google, Facebook, Apple ou Amazon, ont
une influence considérable sur la circulation de l’information et les pratiques en ligne.
Ces
entreprises ont des ressources et des capacités qui dépassent parfois celles de certains
États, surtout dans les pays en développement.
Elles contrôlent des plateformes qui
influencent l’opinion publique, collectent des données personnelles et peuvent exercer une
pression politique.
Illustration : En 2018, le scandale de Cambridge Analytica a mis en lumière comment
Facebook a permis l’utilisation de données personnelles de millions d’utilisateurs à des
fins politiques.
L’ingérence des entreprises privées dans la vie politique et sociale de
certains États montre comment Internet peut affaiblir la souveraineté nationale.
3.
La mobilité sociale et politique via Internet :
Internet permet la communication instantanée et le partage d’informations à une échelle
mondiale.
Cela a facilité la création de mouvements sociaux qui échappent souvent au
contrôle des autorités nationales.
Par exemple, les réseaux sociaux ont joué un rôle clé
lors du Printemps arabe en 2011, où des mouvements populaires se sont coordonnés à
travers des plateformes comme Twitter et Facebook, contournant ainsi la censure des
régimes autoritaires.
Illustration : En 2009, lors des élections contestées en Iran, les opposants au régime ont
utilisé Twitter pour organiser des manifestations et diffuser des informations, malgré les
tentatives du gouvernement iranien pour bloquer les communications.
Internet devient
ainsi un vecteur de contestation et un défi pour les États autoritaires, qui perdent leur
capacité à réguler l’information.
4.
Les menaces à la sécurité nationale :
Internet est aussi devenu un terrain privilégié pour les cyberattaques et la cybercriminalité,
mettant en danger la souveraineté des États.
Les attaques informatiques peuvent cibler
des infrastructures critiques, voler des informations sensibles, ou même interférer dans
des processus démocratiques comme les élections.
Illustration : Les attaques informatiques russes contre l’Ukraine et les tentatives
d’ingérence dans les élections présidentielles américaines de 2016 illustrent comment des
acteurs étrangers peuvent perturber la stabilité d’un État souverain.
Ces attaques mettent
en lumière la difficulté pour un État de protéger son territoire dans un espace numérique
globalisé.
5.
La régulation de l’espace numérique :
Face à ces défis, les États tentent de mettre en place des mécanismes de régulation
d’Internet.
Cependant, les régulations nationales se heurtent à des obstacles liés à la
nature transnationale du web.
La tentation de réguler à l’échelle mondiale est un défi, car il
n’existe pas de consensus international sur la gestion d’Internet.
Chaque État adopte sa
propre législation, ce qui crée des divergences, des incohérences, et des conflits de
compétence.
Par exemple, la loi française Loi Avia sur la lutte contre la haine en ligne
entre en conflit avec les libertés d’expression garanties par d’autres pays.
Illustration : En 2020, l’Union Européenne a mis en place le Règlement général sur la
protection des données (RGPD), afin de protéger la vie privée des citoyens européens.
Cependant, cette régulation rencontre des résistances de la part des géants du
numérique, qui estiment que des régulations nationales nuisent à l’uniformité du marché
numérique mondial.
Conclusion :
La souveraineté étatique, traditionnellement associée à des frontières géographiques et à
un contrôle exclusif des États sur leur territoire et leur population, est mise à l’épreuve par
Internet.
Les défis posés par la circulation transnationale des données, la domination des
entreprises technologiques, les mouvements sociaux numériques et les cybermenaces
exigent une réflexion approfondie sur....
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