FICHE DE LECTURE: TACTIQUE THEORIQUE, MICHEL YAKOVLEFF
Publié le 17/05/2020
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FICHE DE LECTURE: TACTIQUE THEORIQUE, MICHEL YAKOVLEFF.L'auteur :Saint-Cyrien de la promotion Montcalm (1980-82), officier de l'arme blindée cavalerie, Michel YAKOVLMEV a servi douze ans, en métropole et en opérations à laLégion étrangère notamment.
Au 1er Régiment Etranger de Cavalerie, il a commandé un escadron durant la guerre du Golf (prise de l'aéroport de As Salman), ainsique le régiment (2001-2003) dans les Balkans.
Breveté d'étude militaire supérieure aux Etats-Unis, ancien auditeur de l'Institut des hautes études militaires, il aoccupé les fonctions de directeur général de la formation à l'école des blindés de Saumur et sert à la délégation aux Affaires Stratégiques du Ministère de la Défense.Le colonel YAKOVLEFF a rédigé en 2005 un bref ouvrage (culture du militaire et culture militaire, 7 p) proposant une méthode d'acquisition de connaissancenécessaire à tout officier pour « être un homme complet au sens antique du terme ».Aujourd'hui il écrit dans la revue DSI (Défense et Sécurité Internationale) consacrée à la défense et aux questions géostratégiques et géopolitiques (article en février2007 traitant du concept de l'effet majeur).Introduction :Cet ouvrage constitue une version écrite des cours de l'auteur au CSEM s'appuyant sur le constat du manque d'aspects conceptuels de nos règlements dans le domainedes méthodes de raisonnements.
Loin du mode d'emploi ou de l'ouvrage philosophique, ce livre illustre la théorie par des faits historiques provenant essentiellementde la guerre de Sécession et se destine ainsi pleinement aux hommes qui font la bataille.
Avec le souhait de l'auteur que ce livre revivifie l'école française de la penséemartiale.
L'objectif de l'ouvrage est de définir la notion toute française de l'effet majeur à travers la prépondérance de l'initiative et en s'appuyant sur une étudesystémique de la guerre.Cette fiche reprendra l'organisation de l'ouvrage : Dans une première partie, nous passerons en revue les principes qui régissent la guerre avec une approche théoriqueen définissant les outils et la méthode de prise de décision.
Puis nous nous intéresserons dans une seconde partie aux composantes de la manœuvre des forces et à leurcommandement pour introduire les dynamiques offensive et défensive.
Enfin, nous nous pencherons sur le contexte plus actuel de « maîtrise de la violence » puis surla notion de « style de la guerre »Première et deuxième parties : LA NATURE DE LA GUERRE et DU RAISONNEMENT TACTIQUECes deux premières parties constituent une approche conceptuelle et intellectuelle de la guerre.
Mais l'auteur commence avant tout par situer son ouvrage : La guerrechange, ses principes demeurent.
Il est donc toujours judicieux de l'étudier par les exemples historiques ou encore d'actualité qui illustrent ses principes intemporels.La guerre peut être de « haute intensité », urbaine, armée par des hautes technologies et idéologique ; elle n'en demeure pas moins un choc de deux volontés dontl'étude ne saurait être scientifique ou artistique mais l'un et l'autre à la fois et ne saurait s'exonérer de notions nécessaires à sa compréhension :Dans toute confrontation, la victoire, but ultime, consiste à définir puis atteindre des objectifs stratégiques, opératifs ou tactiques.
Si elle dépend pour Clausewitz deparamètres incontrôlables (frictions, brouillard de la guerre), elle est également liée à la volonté et à l'audace du chef.
La victoire pourrait se résumer à savoir prendrel'initiative (ou en priver son adversaire) puis à exploiter cette action jusqu'à priver l'ennemi de toute option.
Dans ce but, la surprise et la prise de risque consentiedemeure indispensable (« le principe de précaution est inadaptable à la guerre »).
Ces deux volontés sont la base même du combat en devenir.
L'élaboration de lamanœuvre par le chef liée à l'agressivité de la troupe dans la bataille doit conduire à s'emparer d'options menant à la victoire.
Enfin, l'entraînement et la planification,en tant qu'outil de fortification morale, participent à limiter les effets de l'imperfection des paramètres de la guerre.Le chef doit raisonner sa manœuvre avec méthode à travers trois analyses: son terrain (notion de lobe, d'élasticité, de front ou d'espace lacunaire), son ennemi (dèsl'étude doctrinale) et le rythme de son action.
Pour cela il faut opposer des séquences (ennemi et ami) et définir le rapport entre le potentiel d'une unité et le tempsécoulé.
Cette étude permet de déterminer le point culminant et d'inversion du RAPFOR permettant de saisir l'initiative et de conduire l'opportunité d'imposer saséquence à l'adversaire.
C'est cette condition de la victoire, et non son achèvement, qui détermine l'effet majeur et qui doit être une notion dynamique sur l'ennemi.Dès lors, le phasage d'une opération consiste à définir les différents temps de la manœuvre puis à construire un plan d'opération.
L'art du chef consiste à obtenir unesyncope, au sens musical du terme, de son ennemi, c'est à dire à prendre à contre pied son adversaire.Les erreurs à éviter sont de penser son effet majeur « sur le terrain », de mal identifier les différentes phases de l'action ou de ne pas organiser ses forcesjudicieusement (sur le terrain comme dans le temps).
Ainsi, l'effet majeur n'est pas nécessairement le moment ou le maximum de forces doit être engagé.La méthode américaine, Clausewitzienne par essence, constitue autre école de raisonnement tactique possible basée sur le concept statique du centre de gravité.
Ellevise à déterminer la source de la puissance ennemie à laquelle s'attaquer.
Elle conduit en fait à se confronter au point fort de l'adversaire et non à ses faiblesses.
Ceraccourcis dans l'approche américaine n'est possible qu'au niveau tactique et ne peut s'appliquer hors du champ de cet ouvrage (aux niveaux opératifs et stratégiques,l'approche, principalement indirecte, des centres de gravités garde toute sa valeur)Troisième partie : LES MANŒUVRESL'étude de la force en action permet à l'auteur de valoriser la théorie par son application concrète au combat.
Les premiers chapitres de cette partie permettent des'imprégner des notions de bases avant d'aborder un aspect plus dynamique du combat.Les fonctions opérationnelles d'un combat inter-armées moderne et les principes d'articulation et de ré-articulation (avant garde, gros, flanc-garde et arrière garde)étant rappelés, l'auteur présente successivement le renseignement, les composantes aéroterrestre et navale, la mêlée, les appuis et la logistique.
L'auteur s'intéresseentre autres, au renseignement d'ambiance au travers du cycle de décision s'y rapportant et au principe d'attaque de la logistique comme un non-sens en termes derapport coût-efficacité.L'essentiel du sujet est alors traité : la confrontation avec l'ennemi avec la succession d'actions de renseignement et d'actions de combat ou de sûreté étudiée au traversdes missions des manuels militaires : Marcher à l'ennemi, prendre et rompre le contact, éclairer, reconnaître, jalonner, recueillir, relever par dépassement et surposition, détruire, appuyer, soutenir, fixer, neutraliser, couvrir, contrôler une zone, et mener une contre reconnaissance.Quant à la composante « commandement », elle est détaillée d'un point de vu technique par une approche très concrète : La conduite, la planification et l'anticipationsont les qualités incontournables du chef.
Ainsi, management et commandement ne sont pas synonymes, le danger choisi nécessite des chefs qui donnent des ordresplus que des chefs qui décident.
C'est en tout premier lieu la capacité d'anticipation qui fait les grands chefs et qui permet de dominer les événements.
La capacité duchef à conduire son action en suivant la situation, à décider et à soutenir ses subordonnés définit quant à elle l'efficacité du chef.
L'autonomie de ses subordonnés et lemaintien du moral dans les phases de difficultés sont à privilégier notamment pour les décharger d'un maximum de tâches et éviter deux erreurs : Demander desjustifications et renforcer les subordonnés en difficulté pour ne pas rendre plus délicat leur commandement.
La place du chef doit lui permettre d'agir, d'observer,d'orienter puis de trancher ou commander.
Enfin L'unicité du chef est un axiome, le commandement ne se partage pas, y compris en coalition (malgré des divergencesd'intérêts nationaux).
chef militaire sur le terrain ne doit plus se poser les questions des objectifs stratégiques et nationaux.
Quatrième, cinquième et sixième parties : L'OFFENSIVE, LA DEFENSIVE et LES TRANSITIONSTout en abordant quelques schémas classiques et techniques, l'auteur insiste dans ces deux parties sur la cinématique de l'offensive puis de la défensive qui nécessited'aborder la dimension espace-temps de l'action différemment selon ces types de posture.
Quel que soit le contexte qui n'a pas de valeur morale en soit, la supérioritéappartient à celui qui sait être agressif.L'offensive est un déséquilibre qui permet de prendre l'initiative.
Elle suppose l'existence d'un but positif et permet de prendre l'avantage en obtenant la surprisenotamment en choisissant la date et la configuration optimale (trois contre un).
L'offensive doit donc être pensée avant tout dans le temps (choix de l'OPTEMPO) :Toute avance mérite d'être concrétisé pour obtenir la victoire en prenant garde du danger du relâchement post-attaque victorieuse.Une présentation technique de l'offensive décrit alors successivement : L'approche, l'attaque en force qui nécessite un commandement complexe, l'attaque dans lafoulée étudiée et préparée par l'école soviétique, l'attaque en souplesse ou la victoire à moindre coût, et enfin l'embuscade.
On en vient alors naturellement à lagéométrie de l'attaque qui peut être frontale, latérale, par enveloppement, par débordement ou contournement.
Il complexifie ce schéma en incluant les feintes et lamanœuvre de déception puis l'étude du choix de l'objectif (avant garde, gros ou arrière-garde).
Pour conclure l'auteur souligne les écueils à éviter qui sont les fautesde temps ou gâcher son rapport de force..
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