Fiche de lecture : O. Sacks et G. Canguilhem
Publié le 21/12/2023
Extrait du document
«
Fiche de lecture : O.
Sacks et G.
Canguilhem
Cette fiche de lecture vise à étudier et mettre en relation les œuvres de O.
Sacks et de G.
Canguilhem.
L’analyse faite ici portera sur une lecture comparative du
dixième chapitre de L’Homme Qui Prenais Sa Femme Pour Un Chapeau d’O.
Sacks et
de l’œuvre de Canguilhem.
Cette fiche comporte donc une introduction au travail
d’Oliver Sacks puis une synthèse du chapitre étudié, une synthèse du texte de
Georges Canguilhem et enfin une mise en relation de ces deux extraits.
Oliver Sacks, est un neurologue et écrivain britannique, connu sous le titre de
"the poet laureate of medicine".
Son engagement en faveur d'une approche clinique
de la médecine et mettant en avant la dimension humaine du patient et son « être
profond », le place au cœur d'une réforme audacieuse de la médecine mécaniste de
son époque.
Sacks s'inscrit dans la lignée de confrères tels que Louriia, partisans d'une
"science romantique" qui cherche à intégrer une perspective plus vivante et
empathique dans le domaine médical.
Sa vision aspire à retrouver les principes
fondamentaux de la tradition médicale d'Hippocrate, établissant ainsi un équilibre
essentiel entre la rigueur scientifique et l'humanité inhérente à la pratique médicale.
Dans ses efforts pour réunir le corps et l'esprit, Sacks rejette une vision
exclusivement
théorique
du
malade.
Il
aspire
à
transcender
les
barrières
traditionnelles entre médecine et humanité, insufflant une dimension poétique à la
pratique médicale.
Cette démarche reflète un désir profond de replacer le patient au
centre du processus médical, renouant ainsi avec une approche holistique et
empathique.Cependant, les œuvres de Sacks ont fait l'objet de critiques soutenues.
Certains confrères lui ont reproché de rechercher le sensationnalisme et le succès
plutôt que la véritable avancée médicale.
Ils remettent en question sa démarche, la
jugeant incompatible avec sa qualité de médecin.
En réponse à ces critiques, Sacks a
fermement affirmé qu'il n'avait aucune prétention de ce genre et s'est réjoui du
succès de son œuvre pour la lumière qu'elle a jetée sur les pathologies de ses
patients.
Un exemple significatif de son approche innovante se trouve dans son ouvrage
majeur, L’Homme Qui Prenait Sa Femme Pour Un Chapeau, dont nous allons étudier
un extrait.
Ce recueil d'essais sur des cas neurologiques va au-delà de méthodes
traditionnelles de la littérature médicale.
Sacks adopte un style d'écriture qui relève
du récit, facilitant la compréhension et la vulgarisation de la neurologie pour un
public plus large et non formé.
L’ouvrage est structuré en quatre parties dédiées aux
différentes catégories de pathologie : Pertes, Excès, Transports, et Le monde d'un
simple d'esprit.
Le Xe chapitre, sur lequel porte notre étude, se trouve être le premier chapitre de la
deuxième partie, Excès.
L’introduction de cette partie, à l’image des trois autres,
offre une critique de la neurologie comme elle est pratiquée dans les années 1980.
Sacks la décrit comme une neurologie « mécaniste » qui ne voit dans le patient
qu’un « système d’aptitudes et de connexions », vision qui selon lui ne permettrait
pas d’appréhender toutes les troubles car trop « étriquée ».
Il insiste sur le besoin de
renouveau et de l’usage de concepts plus « vivants ».
En effet, il blâme un emploi de
termes de l’ordre de la machine qui induisent une vision très théorique du malade, le
privant de sa partie vivante et sensible.
De son coté, il utilise des termes se
rapportant à la nature et apportant un aspect plus poétique.
Sacks préfère ainsi
parler de « foisonnements fonctionnels primaires » plutôt que de « surabondances »
ou encore du « bourgeonnement » de l’esprit plutôt que du « ça ».
Il déplore
également le retard que cette vision a fait prendre à la discipline.
En effet, l’absence
de la notion d’excès en neurologie a conduit les savants à écarter sans le vouloir un
grand nombre de cas,
les excluant de la sphère du concevable.
La santé, définie
comme le simple bien-être, a été laissée de côté, reléguant les patients qui se
sentaient « trop bien » à l'arrière-plan.
Ainsi Sacks rement au jour le danger d’un
« excès
de
santé »
ou
d’un
« bien-être
dangereux ».
Dans la continuité de cette introduction, Sacks place son dixième chapitre intitulé
Ray, le tiqueur blagueur.
Le patient dont il y est question incarne une identification
de son identité à la maladie dont il souffre.
Sacks nous invite à explorer de manière
approfondie comment la personne est liée à sa condition neurologique, montrant
clairement les problèmes de la vision mécaniste qu'il critique.
Le cas de Ray, le tiqueur blagueur, présenté dans ce dixième chapitre se
divise en deux parties distinctes.
Dans un premier mouvement, Sacks offre une
explication détaillée du syndrome de Gilles de la Tourette dont Ray est atteint.
Il
revient sur la découverte et l’histoire de ce syndrome, en expliquant les symptômes
généraux qu'il entraîne.
Le deuxième mouvement se concentre davantage sur le
patient de manière personnelle.
Sacks relate la première consultation avec Ray et
aborde les problèmes concrets et spécifiques liés au syndrome dans le cas particulier
de Ray.
Le texte débute par une réintroduction du syndrome de Gilles de la Tourette.
Sacks
revient sur sa découverte et les premiers cas diagnostiqués.
Le syndrome est donc
découvert par Gilles de la Tourette en 1885 et est décrit comme des impulsions de
bouffonneries extrêmes et incontrôlables.
Il met en avant l'intérêt initial que ce
syndrome a suscité parmi les médecins.
Cependant, une difficulté de diagnostic
semble avoir émergé chez les médecins de l'époque.
Charcot et ses élèves étants
parmi les derniers à considérer le corps et l'âme, la neurologie et la psychiatrie,
comme un tout intégré marquent la rupture entre une neurologie dénuée d'âme et
une psychologie sans corps.
C’est cela, suggère Sacks, qui a conduit à l'oubli du
syndrome de Tourette au cours de la première moitié du siècle dernier.
Il critique le
détachement entre le corps et l'esprit.
Il établit ensuite une analogie entre l'oubli du syndrome de Tourette et celui de la
maladie du sommeil (encéphalite léthargique) dans les années 1920.
Les deux
affections, bien qu'extraordinaires dans leurs manifestations, ont été négligées par
une médecine plus conventionnelle, peut-être en raison de leur caractère dérangeant
ou difficile à expliquer.
Il avance alors une hypothèse, suggérant que le syndrome de Tourette, tout comme
la maladie du sommeil, pourrait résulter d'une tentative du corps de réduire un
excès, s'opposant à la maladie du sommeil qui cherchait à combler un manque.
Cette
idée apporte une perspective nouvelle sur la nature de ces troubles, soulignant le
rôle du corps dans la régulation des fonctions neurologiques mais aussi faisant
apparaitre une idée de la santé comme « harmonie ».
Dans cette seconde partie, Oliver Sacks se penche sur l'histoire de Ray, un homme
présentant le syndrome de Tourette.
Lors de la première consultation, l'auteur met
en avant les aspects concrets de la maladie dans le cas de Ray, malgré ses talents
musicaux et intellectuels.
Les tics incontrôlés avaient un impact significatif sur sa vie
professionnelle et personnelle.
Le traitement prometteur par l’Hadol, déjà utilisé par
Sacks lors de ses traitements sur la maladie du sommeil, se révèle être un échec.
Cela amène Sacks à explorer d'autres approches : il propose au patient trois mois de
thérapie.
Ray tente de vivre sans les symptômes de Tourette, ce qui implique une
réflexion approfondie sur sa vie et ses capacités, préparant ainsi le terrain pour un
nouvel essai d’Haldol.
Le second essai du traitement se révèle miraculeux, libérant
Ray de ses tics sans effets secondaires majeurs.
Cependant, l'auteur souligne les
conséquences de ce succès, notant que le médicament altère certains aspects de la
personnalité et des talents de Ray, en particulier en musique.
Cela crée un dilemme
crucial, illustrant la complexité du traitement du syndrome de Tourette.
Ray doit
choisir entre une personnalité sobre et stable....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Canguilhem – Le Normal et le Pathologique - Fiche de lecture
- HGGSP : Fiche de Lecture article Wagner
- fiches de lecture FICHE N°1 : SIDDARTHA METAMORPHOSES DU MOI
- fiche de lecture 1984 d'Orwell
- Audier, Serge. "Néo-libéralisme(s)", introduction. Fiche de lecture