Fiche de lecture Hélène Dorion
Publié le 10/06/2024
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«
Mes forêts, Hélène Dorion : fiche de lecture
.
Recueil fascinant car HD y interroge notre modernité, celle des algorithmes,
des réseaux sociaux, de « facebookinstagramtwitter » et du « made in
china »
HD nous rappelle notre besoin de beauté, de poésie et d’unité dans ce monde
contemporain qui favorise l’éclatement et l’éparpillement
La voix de la poétesse n’évolue pas en dehors du monde ; au contraire, elle
se met à son écoute pour en exprimer la fragilité et la beauté et tenter de
faire cicatriser nos blessures
Qui est Hélène Dorion ?
Née en 1958
Poétesse québécoise
1983 : s’oriente vers carrière littéraire à travers œuvres poétiques :
L’intervalles prolongé et La chute requise (1983)
Les Corridors du temps (1988)
L’issue, la résonance du désordre (1993)
Fenêtres du temps (2000)
Le hublot des heures (2008)
Cœurs comme livres d’amour (2012)
Comme résonne la vie (2018)
Mes forêts (2021)
HD : romancière : Pas même le bruit d’un fleuve (2020)
Comment résumer Mes forêts ?
Recueil de 4 sections
Intervalle des sections : poèmes intitulés « Mes forêts »
Commence tous par « Mes forêts sont… » ->
songer aux chants
du chœur dans les
tragédies grecques ou aux intermèdes
Première section : l'écorce incertaine
La première section, « l'écorce incertaine », est composée comme une
promenade en forêt dont la poétesse marque les étapes : après « L'horizon »,
Hélène Dorion évoque « L'arbre », « Le ruisseau », « Le rocher », « Le tronc », «
La branche », « Les feuilles », « L'écorce », « L'humus », « Les racines » …
A la fin de la section, avec « Le feu » et « Les vents », la poétesse plonge dans
les 4 éléments, c'est-à-dire dans un monde essentiel, premier.
Deuxième section : Une chute de galets
La deuxième section, « Une chute de galets », évoque l'écoute du « bruit du
monde » et de « l'écoulement du temps ».
La poétesse retrace dans un raccourci
saisissant la naissance du monde, de « l’œuf » à la « chute ».
Troisième section : L'onde du chaos
La troisième section, « L'onde du chaos », fait allusion aux menaces qui mettent
en péril la nature : les « guerres », les « famines », les « tristes duretés »
(p.67), les orages des chiffres qui ne disent rien, les acronymes vides de sens («
pib nip fmi »), et le chaos des pixels et de l'algorithme.
Hélène Dorion s'interroge ici sur la possibilité d'existence de la poésie dans un tel
environnement.
Y a-t-il encore une place pour le lyrisme dans un univers
profondément illyrique où « chutent nos poèmes » ?
La réponse est affirmative : le monde est réparable et cette réparation est la
tâche essentielle du poète.
Quatrième section : Le bruissement du temps
La quatrième section, « Le bruissement du temps » explore l'histoire collective de
l'humanité et propose une réécriture de la Génèse (premier livre de l'Ancien
testament, dans la Bible, qui fait le récit de la création du monde).
Dans « Avant la nuit », la poétesse explore également son histoire personnelle en
évoquant par touches impressionnistes des épisodes autobiographiques.
Quels sont les thèmes importants dans « Mes forêts » ?
La nature
La nature est un thème fondamental du recueil, comme l'illustre son titre Mes
forêts.
Elle apparaît sous les traits du monde végétal, omniprésent.
La poétesse décrit
chaque aspect de la forêt, passant de l' « arbre » (p.
16) au « tronc » (p.
19) à la
« branche » (p.21), aux « feuilles » (p.
22), à l'« écorce » (p.
24), à l'« humus »
(p.
24), à la « cime » puis aux « racines » (p.
29).
Elle en relève la sensualité et la musicalité mises en relief par les nombreux
effets rimiques, comme cette assonance en [il et cette allitération en [f]: « toute
feuille est désir / de fleur et fruit / avec lui /le monde surgit » (p.85).
Dans « Chute de galets », « Avant l'aube », « Avant l'horizon », la poétesse
reprend les étapes de la création du monde et parsème ses poèmes de
références bibliques évoquant la faute originelle : « reptile », « poisson », «
créature », « femmes », « souffle », « fissure », « chute ».
Ainsi, la nature devient un lieu sacré, un espace spirituel, mythologique, habité
par une force qui la dépasse.
La nature est aussi un lieu paradoxal, à la fois paisible et violent, menaçant et
réconfortant, obscur et lumineux.
Elle héberge à la fois la barbarie, symbolisées chez la poétesse par la « bête »
qui « bondit avec sa soif/ un goût de froid / dans la gueule » et la possibilité
d'exploration et de régénération : « et quand je m'y promène / c’est pour
prendre le large / vers moi-même » (p.116)
Le temps
Le temps est un thème qui traverse tout le recueil.
Il apparaît dès le premier poème comme un temps linéaire, qui avance
inéluctablement : « Mes forêts sont de longues trainées de temps/ elles sont des
aiguilles qui percent la terre ».
Le chaos du monde moderne accélère le cours du temps, pris dans un rythme
effréné : « C'est le bruit du monde / l'écoulement du temps (...) sirènes klaxons
alarmes du siècle / amas de choses jetables / et tintamarre de nos pas.
» (« Mes
galets »).
Le temps instantané des écrans, de « facebookinstagramtwitter »
(p.53) consomme et consume l'individu.
Mais la poésie permet justement de trouver un autre temps, un temps circulaire,
celui de la régénération après la corruption.
La « nuit », omniprésente dans le
recueil, annonce ainsi la promesse du jour à venir, grâce au « poème / qui
soulève l’aube » (p.93).
Le temps météorologique est également central comme l'illustre la récurrence de
l’expression : « Il fait un temps » : « Il fait un temps de bourrasques et de
cicatrices / un temps de séisme....
»
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