Fiche Cours de linguistique général, Saussure
Publié le 01/10/2022
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Fiche
Cours de linguistique général, Saussure
1.
Introduction
L’ouvrage se présente comme un manuel, écrit dans une langue accessible avec des schémas,
ce qui a fait son succès.
Parmi ses nombreux apports, on peut en retenir quatre :
1.
La définition de l’objet de la linguistique
2.
La théorie du signe linguistique
3.
La prise en compte du facteur Temps avec la distinction de la synchronie et de la
diachronie
4.
La conception de la langue comme un système de valeur.
2.
Quel est l’objet de la linguistique ?
- Cours de linguistique générale = définit la linguistique comme science (une époque où la
linguistique n’a pas une autonomie, elle reste confondue avec la philologie ou la psychologie).
- Définir la linguistique = quel est son objet d’étude ? Saussure récuse le langage comme objet
d’étude = car d’autres sciences peuvent le revendiquer comme objet d’étude (étudié en
psychologique, médecine, histoire, anthropologie).
Le vrai objet d’étude plus précis de
Saussure = la langue.
- Le concept de langue (apports majeurs du Cours de linguistique générale) = un L de
distinction à l’intérieur des phénomènes langagiers.
Saussure distingue deux éléments dans
le fonctionnement d’un échange linguistique entre des individus :
- ce qui relève de la langue – le code linguistique déposé dans l’esprit des sujets et permet
l’échange.
-et ce qui relève de la parole : l’usage que les individus font de ce code.
La langue est un objet purement psychique, dont est exclu tout ce qui est physique ou
physiologique dans le langage.
Saussure la définit comme « la partie sociale du langage, extérieure à l’individu, qui à lui seul
ne peut la créer ni la modifier ; elle n’existe qu’en vertu d’une sorte de contrat passé entre les
membres de la collectivité ».
Elle présente deux caractéristiques :
- elle est sociale, c’est-à-dire qu’elle est partagée par une communauté
- et elle est passive : c’est le code que l’on reçoit et qu’un individu ne peut pas changer.
Chaque locuteur porte la langue que partage la collectivité.
La parole est individuelle et active
: elle est la mise en action par un individu de la langue.
Cette mise en action se manifeste dans deux dimensions : la production sonore des éléments
de la langue et l’usage singulier pour produire des énoncés nouveaux.
C’est ainsi qu’à côté
d’une linguistique de la langue, Saussure envisage l’existence d’une linguistique de la parole.
Après avoir défini l’objet de la linguistique, Saussure entreprend de situer cette science au
sein des autres domaines scientifiques existants.
La langue est un système de signes et une
institution sociale parmi d’autres.
On peut dès lors envisager que la linguistique fasse partie
d’une science plus large dont la mission serait d’étudier « la vie des signes au sein de la vie
sociale » (p.
33).
À cette science des signes, encore à venir, Saussure donne le nom de
sémiologie.
Ainsi le Cours de linguistique générale prend position dans les débats sur la
classification des sciences du tournant des XIXe et XXe siècles en donnant à la linguistique
un domaine déterminé, avec un objet clairement défini, au sein des sciences sociales.
Il
dessine également un programme scientifique : la construction d’une science générale des
signes.
3.
Nature du signe linguistique
La langue est un système de signes parmi d’autres.
Le Cours de linguistique générale
mentionne l’écriture, l’alphabet des sourds-muets, les rites symboliques, les formes de
politesse, les signaux militaires, mais il précise que de tous ces systèmes de signes, la langue
est le plus important et qu’il est un « système spécial » (p.
33).
L’une des tâches du linguiste est de déterminer ce qui fait la spécificité de la langue parmi les
autres systèmes sémiologiques.
Cette spécificité tient largement à la nature des signes de la
langue.
Saussure rejette la définition traditionnelle du signe comme l’association d’un nom
(par exemple le mot cheval) et d’une chose (l’animal cheval).
Il définit le signe linguistique
comme l’association de deux éléments : une image acoustique, qu’il appelle le signifiant et un
concept, qu’il appelle le signifié.
Il donne l’exemple du mot arbre.
Ce mot est un signe
linguistique par l’association de l’empreinte psychique du son arbre (le signifiant) et le
concept d’arbre (le signifié).
Ainsi défini, le signe est une entité purement psychique, qui ne
fait pas intervenir le monde extérieur.
Le signe linguistique présente, selon Saussure, deux caractères primordiaux.
Le premier est le
caractère arbitraire de l’association entre le signifiant et le signifié.
Ce premier principe est
une prise de position sur un des plus vieux débats de la philosophie du langage depuis le
Cratyle de Platon.
Le débat oppose ceux qui croient en la motivation du langage, c’est-à-dire à
un lien naturel entre le son et le sens, et ceux qui pensent que le langage est une pure
convention dépourvue de raison.
Saussure fait partie des seconds.
Lorsqu’il dit que le signe
linguistique est arbitraire, il faut d’abord entendre qu’il n’y aucune raison pour que tel
signifiant soit associé à tel signifié, aucune raison, par exemple, pour que la suite de son s–ö–r
soit associée, en français, au concept de sœur.
Mais le mot « arbitraire » a également chez Saussure une seconde signification : c’est le fait
que cette association est donnée ainsi et qu’on ne peut pas la changer.
Un individu ne peut pas
décider de désigner le concept d’arbre par une autre suite acoustique que celle imposée par la
langue qu’il reçoit.
L’association du signifiant et du signifié s’impose aux locuteurs : elle est
arbitraire au sens où un pouvoir est arbitraire.
Le second caractère primordial du signe linguistique est ce que Saussure appelle le caractère
linéaire du signifiant.
Comme le signifiant est de nature auditive, il se déroule dans le temps.
Saussure propose de représenter cette temporalité propre au signifiant par une ligne.
Ce
caractère linéaire, dû à la dimension acoustique du signifiant, a des conséquences : ainsi deux
signes linguistiques ne peuvent pas être prononcés en même temps.
Ils doivent nécessairement
se succéder dans une émission de parole.
C’est une caractéristique qui distingue les signes linguistiques d’autres systèmes de signes,
par exemple, des signes graphiques, comme des dessins ou des panneaux de signalisation, qui
ne sont pas nécessairement soumis au temps et qui peuvent donc être perçus simultanément.
Cette dimension temporelle du signe linguistique forme, avec l’arbitraire de l’association
signifiant/signifié, deux caractéristiques qui expliquent la spécificité de la langue parmi les
systèmes de signes.
4.
L’effet du facteur temps : synchronie et diachronie
Le rôle du facteur temps dans le fonctionnement de la langue est un des points centraux du
Cours de linguistique générale.
Saussure est un spécialiste de linguistique historique et il
travaille à une époque, la charnière du XIXe et du XXe siècle, où la question du changement
de la langue à travers le temps est au cœur du travail des linguistes.
Que la langue soit, par
essence, temporelle est une évidence : la langue se transmet à travers les générations.
Or, cette
transmission à travers le temps a plusieurs effets sur elle.
Le premier constat est qu’en se
transmettant la langue change.
Saussure décrit ce phénomène en parlant....
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