FICHE 9,_Gargantua,_Prologue
Publié le 05/06/2024
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«
Parcours « Rire et Savoir »
Texte 1
Rabelais, Gargantua, 1534, Prologue (extrait)
INTRODUCTION :
Rabelais, écrivain du XVIe siècle, est un des premiers auteurs à promouvoir les
idées humanistes.
Le texte étudié est un extrait de Gargantua qui raconte l’histoire
d’un prince géant, amusant au premier abord mais qui donne à réfléchir dans un
second temps sur l’Homme de son époque.
C’est en ce sens qu’il est associé au
parcours "rire et savoir".
Nous allons étudier un extrait du prologue qui vise à mettre en garde les lecteurs
contre le danger de juger les hommes d'après leur seule apparence.
Ce danger existe
aussi pour les livres : si Gargantua a l’apparence d’un ouvrage comique et facile, il est
en réalité riche d’un sens supérieur caché.
Problématique : Comment Rabelais explique-t-il aux lecteurs la bonne
manière de lire son ouvrage ?
Le plan :
I) l.1 à 6 – Les instructions au lecteur : il ne faut pas s'arrêter au titre ni aux
premières impressions.
II) l.7à 14 – Le développement de deux exemples : la bouteille et l’os à moelle.
III) l 15 à 20 – La leçon tirée de ces exemples : la reprise enrichie des
recommandations initiales.
Rabelais promet un contenu riche et intéressant.
I.
Les instructions au lecteur
a) L’adresse au lecteur
Rabelais se présente comme un conseiller, un professeur qui conseille.
Il fait
alors naître un rapport d’enseignement avec son lecteur.
-
Injonction impersonnelle “ il faut ouvrir le livre “(l.1), “vous devez
interpréter” (l.5)
-
suite d’étapes qui suivent un raisonnement logique avec : “Alors”(l.1) “Il
est donc évident que”(l.2), “Une fois admis le fait que” (l.4)
-> les réactions du lecteur sont connues de l’auteur, ce qu’exprime le
futur de l’indicatif, temps de certitude avec des tournures d’obligation : “
il ne faut pourtant pas” (l.5) : “vous admettrez” (l.1), “ vous trouverez”
(l.4)
-
adresse directe par un “vous” ambiguë, s’adresse-t-il à l'ensemble des
lecteurs ou seulement à chacun d’entre eux, créant avec lui une sorte de lien?
b) Contenu de la mise en garde
-
Démarche qui repose sur une opposition pour signifier l’écart entre une
approche superficiel et le contenu (qui est mis en valeur)
Approche superficielle
Contenu
“peser soigneusement ce qui
y est traité” métaphore :
poids car lourd de sens (l.1)
“boite” (l.2) métaphore de
“matière qui y est contenue”
l’apparence extérieure
“titre” (l.4) -> ce qu’on lit en
“les matières traitées” (l.4)
premier-> “folâtre(s)”
“matières bien joyeuses”, s’y
“est d’une tout autre valeur ”
arrêter est comparé au
“chant des sirènes” =
référence antique,
caractéristique de
l’Humanisme dont elle est
source d’inspiration, leur
chant séduit et détourne du
sérieux, de la raison et
provoque la mort ! en qqe
sorte, ne pas saisir le sens du
contenu représente un enjeu
mortel (mort intellectuelle?).
“ce (qui a été) dit de simple
gaieté de coeur” (l.6)
“sens littéral” (l.
4)
“sens plus élevé”
-> On observe que paradoxalement, il appuie davantage sur les apparences sans
s’attarder sur le contenu, que, pour l’instant, il se contente d’évoquer.
II.
Le développement d’exemples
a) Présentation des exemples
-
Introduit ses exemples par une adresse directe au lecteur : questions oratoires
rhétoriques : “N’avez-vous jamais débouché une bouteille ?” Et “N’avez-vous
jamais vu un chien qui rencontre un os à moelle ?” Répétition de la structure =
parallélisme entre les 2 exemples
-> réponse sous entendues “Oui !”, c’est une activité qui procure du plaisir :
exclamation : ”Nom d’un chien !”
-> sollicite les sens du lecteur (ouïe et vue)
Ainsi, il évoque le plaisir procuré par la nourriture, ce qui n’est ni intellectuel, ni
édifiant.
Il présente la lecture comme une activité qui nourrit et procure du
plaisir (s’oppose à une idée d’une lecture austère).
-
Aussi bien l’ouvreur de bouteille que le chien doivent suivre des étapes pour
trouver leur récompense : le buveur doit ouvrir la bouteille pour accéder au
vin et le chien doit ouvrir l’os pour en déguster la moelle.
Même logique pour
le lecteur qui doit alors lire puis réfléchir pour trouver le sens élevé (qu’on
a donc plaisir à trouver !).
Le lecteur est ici associé aux exemples de façon légère.
b) Développement de l’exemple du chien
Début et fin sont des références mélioratives : auteurs de l’Antiquité
-
“Comme le dit Platon au livre II de la République” (l.8) argument
d’autorité en faisant référence à un texte antique pour donner du poids à
son argument qui n'apparaît pas comme sérieux
-
“la bête du monde la plus philosophe qui soit.”(l.9): formule superlative,
donc revalorisation du lecteur (car associé au chien)
-
personnification du chien dans la description de ses attitudes humaines
“ prudence, frénésie, diligence” (l.10) -> diversification de l’attitude du lecteur qui
entreprend de lire avec soin et excitation
+ description qui suit un ordre chronologique : accumulation d’activités
avant d’accéder à son but : “ le tient, l’entame, le brise, le suce” (l.11) ;
Cette accumulation accentue les efforts et l’énergie que fait le chien pour
manger la moelle.
-> le lecteur doit avoir une lecture active
- Après cette description, le locuteur prend du recul pour analyser l’ensemble du
processus.
3 questions oratoires : allitération en (K) pour connaître la cause de
cette succession d’actions + répétition de la structure grammaticale
- une seule réponse, réponse courte qui crée un décalage avec les périodes
précédentes , formule réductrice : “ à rien de plus qu’un peu de moelle” (l.12).
- justifie tous ces efforts pour ce maigre résultat : comparatif de supériorité,
place à un plan supérieur “ce peu” qui est opposé au “ beaucoup des autres
choses” .
Il l’hyperbolise même en décrivant la moelle comme un....
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