Fédération de Malaisie (2002-2003)
Publié le 19/09/2020
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La péninsule malaise, qui s'étend au S. du continent asiatique, bordée à l'O. par l'océan Indien et le détroit de Malacca, à l'E. par la mer de Chine, fut peuplée dès le paléolithique (grottes de Niah, environ 40 000 ans av. J.-C.). Des populations protomalaises, descendues du Yunnan, mêlées ensuite à des Chinois, à des Indiens, à des Siamois et à des Arabes, sont à l'origine des Malais actuels, qui occupent non seulement la péninsule malaise, mais aussi les îles de l'Indonésie, et sont également répandus dans la plupart des archipels de l'Océanie et aux Philippines. Vers le début de notre ère, la péninsule malaise voyait déjà s'épanouir de petits royaumes indianisés, dans lesquels prédominait le bouddhisme mahayaniste. Jusqu'au VIIIe s., la Malaisie fut dominée par le royaume du Fou-nan, dont le centre se trouvait sur le golfe de Siam, puis par l'empire sumatranais de Çrivijaya du VIIIe au XIVe s. Établis le long d'une des voies de passage maritimes les plus fréquentées du monde, qui met en communication l'Arabie et l'Inde avec l'Extrême-Orient, les Malais jouèrent dans l'océan Indien un rôle comparable à celui qu'avaient exercé les Phéniciens en Méditerranée. Utilisant une pirogue à voile carrée dont la stabilité est assurée par un balancier, ils étendirent leur cabotage le long des côtes de l'Inde, de l'Arabie et de la mer Rouge. Jusqu'à l'apparition de l'islam, ils furent les principaux intermédiaires entre l'Asie et l'Afrique orientale ; leur influence s'étendit jusqu'au cœur du continent africain et ils contribuèrent en partie au peuplement de Madagascar. Une période nouvelle de l'histoire malaise commença avec la fondation, en 1403, du royaume de Malacca. L'islam y fut établi vers 1445. • La colonisation européenne • De la Malaisie à la Malaysia La colonisation européenne L'essor de Malacca, place de commerce importante, fut brisé par l'arrivée des Européens. En 1511, Albuquerque s'empara de Malacca, où les Portugais devaient se maintenir pendant plus d'un siècle. Trop peu nombreux pour entreprendre une véritable colonisation, les Portugais se concentrèrent sur Malacca, mais dès le début du XVIIe s., ils se heurtèrent à la rivalité hollandaise. En janv. 1641, après un siège de plus de cinq mois, les Hollandais enlevèrent Malacca ; ils s'assurèrent ainsi la suprématie navale et commerciale absolue en Malaisie. Les Anglais s'affirmèrent dans les eaux malaises à la fin du XVIIIe s. ; en 1786, ils fondèrent une base dans l'île de Penang, à l'entrée du détroit de Malacca. Ils s'emparèrent ensuite de Malacca (1795) - que la Hollande leur céda définitivement en 1824 -, et, en 1819, St. Raffles posa les premières bases de la fondation de Singapour. Tandis que Malacca était rattachée en 1867 aux Straits Settlements, les petits sultanats de Malaisie passaient sous le protectorat britannique entre 1874 et 1914. Les petits sultanats de Perak, Selangor, Negri Sembilan et Pahang constituèrent en 1895 les États fédérés de Malaisie (Federated Malay States) ; d'autre part subsistaient des États non fédérés. Sous l'autorité de la Grande-Bretagne, la Malaisie garda ainsi une physionomie politique très complexe. La mise en valeur économique de cette région par les Anglais (mines d'étain, plantations d'hévéas) accéléra l'immigration chinoise. Entre 1921 et 1941, la population chinoise doubla, si bien qu'aujourd'hui la péninsule malaise compte environ 50 % de Malais, plus de 40 % de Chinois et 10 % d'Indiens. Ce phénomène explique l'apparition tardive du sentiment national en Malaisie et les difficultés rencontrées depuis l'indépendance. De la Malaisie à la Malaysia Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la péninsule malaise fut occupée par les Japonais dans les premières semaines de 1942 (Singapour fut prise le 15 févr. 1942). À la fin de la guerre, l'autorité coloniale britannique fut rétablie, mais les Anglais constituèrent avec leurs divers sultanats une Fédération de Malaisie (Federation of Malaysia), qui vit le jour en févr. 1948 ; elle comprenait uniquement les États de la péninsule malaise, sans Singapour. De 1948 à 1955/56, les troupes britanniques durent mener une lutte très difficile contre les guérillas du parti communiste malais, en majorité composé de Chinois ; les Britanniques étaient aidés par des troupes locales, presque toutes d'origine malaise. Le 31 août 1957, la Fédération de Malaisie devint indépendante dans le cadre du Commonwealth britannique ; elle comprenait les neuf États malais (Perlis, Kedah, Perak, Kelantan, Trengganu, Pahang, Selangor, Negri Sembilan, Johore) ainsi que les établissements britanniques de Penang et de Malacca, mais non pas Singapour. La capitale fédérale fut fixée à Kuala Lumpur, capitale de l'État de Selangor. Le premier chef du nouvel État fut le sultan de Negri Sembilan et la direction du gouvernement revint au chef du parti de l'Alliance, Tengku Abdul Rahman. La Fédération de Grande-Malaisie ou Malaysia, conçue par Londres, vit le jour le 16 sept. 1963. Tengku Abdul Rahman resta au pouvoir. La nouvelle fédération comprenait, outre l'ancienne Fédération de Malaisie, la ville-État de Singapour, à la pointe de la péninsule malaise, ainsi que Sarawak et Sabah dans l'île de Bornéo (Brunei ayant finalement renoncé à entrer dans la Malaysia). La Malaysia fut ébranlée par la sécession de Singapour, qui se retira de la fédération et devint pleinement indépendante en août 1965. Le fragile équilibre politique et racial sur lequel reposait le gouvernement de Tengku Abdul Rahman et du parti de l'Alliance fut remis en question par les sanglantes émeutes qui opposèrent Chinois et Malais en mai 1969. En sept. 1970, Tengku Abdul Rahman abandonna le pouvoir et fut remplacé par Tun Abdul Razak. Ce dernier se fit, dès 1972, le champion de la neutralisation de l'Asie du Sud-Est. Il céda le pouvoir à Mohammed Mahathir qui devint Premier ministre en 1981. De pays producteur et exportateur de matières premières (caoutchouc, huile de palme, étain, teck), la Malaisie est devenue depuis 1985 un pays à l'économie industrielle grâce aux nombreux investissements étrangers, notamment japonais. La Malaisie connut dix ans de paix relative et de croissance sous le règne d'une coalition regroupant le parti gouvernemental de l'UMNO et le Front national (BN), qui maintint au pouvoir le Premier ministre Mahathir après les échéances électorales de 1990 puis de 1995. Le développement de l'industrie lourde s'est poursuivi, accompagné, sur le plan international, par une diplomatie et une économie centrées sur l'Est asiatique et contournant les États-Unis, très présents dans la région. La crise financière asiatique de 1997/98 vint ébranler ce fragile équilibre : les cours de la monnaie nationale s'effondrèrent, l'économie entra en récession, provoquant une flambée du chômage. Le gouvernement réagit en établissant un strict contrôle des changes et en décidant de se débarrasser des travailleurs immigrés, débauchés pour réserver les emplois aux Malais. Ces rapatriements forcés donnèrent lieu à des violences faisant des morts parmi les 10 000 Indonésiens expulsés en avr. 1998. En nov. 1999, sans doute à cause de la reprise économique qui s'annonçait, les législatives virent une nouvelle victoire de la coalition gouvernementale. Le parti islamiste PAS devenait le premier parti d'opposition, en faisant tomber quelques bastions de l'UMNO. Mahathir, qui s'était réservé les ondes de la télévision nationale lors de la campagne électorale, s'engagea dans un cinquième mandat ; en juin 2002, il a annoncé son retrait de la vie politique pour la fin de 2003.
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Fédération de Malaisie (2002-2003)
Les défis d'une fin de mandat
Le Premier ministre Mahathir bin Mohamad, chef de gouvernement pendant plus de
vingt ans, a annoncé qu'il allait quitter son poste en octobre 2003.
Son
successeur devait probablement être son vice-premier ministre, Abdullah Ahmad
Badawi, partisan de la continuité.
Autre signe de la transition, il a nommé un
second ministre des Finances, Jamaludin Mohamed Jarjis, diplômé d'une université
canadienne, qui est devenu le dirigeant de la société nationale d'électricité
Tenaga Nasional.
Se rangeant aux côtés des pays musulmans, le Dr Mahathir a ouvertement critiqué
les États-Unis lors de leur intervention armée en Irak (mars-avril 2003) et
lancé un appel à ses compatriotes contre cette guerre.
Il a aussi accusé
Washington de «manque de respect total» pour l'ONU.
Antérieurement, à la suite de l'attentat perpétré à Bali le 12 octobre 2002, le
Dr Mahathir a exprimé son inquiétude face à la montée de l'extrémisme musulman
et des divisions raciales susceptibles de déstabiliser le pays, qui compte 60 %
de musulmans.
Il a mis fin aux subventions allouées aux écoles religieuses
privées, dans le but d'intégrer ces étudiants dans les institutions publiques et
de s'assurer que l'enseignement était dépolitisé et conforme aux objectifs
nationaux.
La majorité des étudiants chinois (minorité représentant 27 % de la
population) fréquentaient aussi des écoles privées.
Un service national
obligatoire dès 18 ans, concernant 300 000 jeunes par an, a aussi été envisagé.
L'instruction religieuse demeure toutefois une question controversée dans ce
pays, même au sein de l'Organisation nationale des Malais unis (UMNO), la
coalition au pouvoir.
L'UMNO devait tenir compte de l'opposition du Parti
islamique malais (PAS), lequel a enregistré des gains lors des élections de
décembre 1999 et a obtenu la majorité dans deux États.
Dans ce contexte, le Dr
Mahathir était considéré comme le seul homme politique assez fort pour procéder
à ces délicates réformes.
Le nombre de sympathisants présumés de l'organisation musulmane Jemaah Islamiah,
détenus en vertu de la loi sur la sécurité interne (détention sans procès),
s'est élevé à 80, certains étant soupçonnés de participer à un projet d'attaque
contre des ambassades de pays occidentaux à Singapour.
Toujours de source
officielle, de grandes quantités de substances servant à fabriquer des explosifs
ont été saisies.
Destitué en 1998, l'ex-ancien vice-premier ministre Anwar Ibrahim, qui a été
condamné à quinze ans de prison, a pu faire appel pour un de ses deux jugements,
mais le deuxième plus haut tribunal a maintenu le jugement.
L'économie amorçait une reprise lorsque la guerre en Irak et l'épidémie de
pneumopathie atypique – dite «Syndrome respiratoire aigu sévère» (SRAS) – ont
replongé le pays dans l'incertitude.
Le gouvernement a interdit les
licenciements dans les sociétés publiques, afin de limiter le chômage à 4 %.
L'industrie touristique, dépendant des visiteurs des pays voisins, s'est
effondrée.
Les prévisions de croissance du PIB pour 2003 ont été révisées à la.
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