Faut-il dominer la nature ?
Publié le 09/05/2024
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«
Faut-il dominer la nature ?
Se demander s’il faut dominer la nature, c’est d’abord s’interroger sur une nécessité : s’il le faut c’est
que cela est nécessaire, que cela ne peut pas ne pas être, ou que cela ne peut pas être autrement.
La
domination de la nature est-elle nécessaire ou contingente ? Peut-il en être autrement ? C’est alors
prendre acte de cette faiblesse originaire de l’humanité, la considérer comme un fait, et ainsi envisager
la nature comme extérieure à l’être humain, distincte de lui, et même, en lui, comme ce qui l’affaiblit.
Mais c’est aussi s’interroger sur les moyens de cette domination : que signifie dominer ? Celui qui
domine est celui qui maîtrise, mais aussi celui qui soumet à sa volonté.
Est-il possible à l’être humain
de maîtriser la nature ? et comment ? Une connaissance de la nature est-elle possible ? Cette
connaissance suffit-elle pour soumettre la nature à la volonté humaine ? Est-il vraiment possible d’être
le maître de la nature, de l’asservir à nos besoins et à nos désirs ? Là encore, si le développement de la
culture, et la technique sont les moyens par lesquels l’homme domine la nature, tous les moyens sontils souhaitables ? La volonté de domination par laquelle l’homme assure sa survie ne risque-t-elle pas
de se retourner contre lui : asservir la nature, n’est-ce pas aussi s’asservir soi-même ? Concevoir la
nature comme un danger ne masque-t-il pas une autre menace : la menace que constitue l’homme pour
lui-même ?
1.
Il est nécessaire que l’être humain domine la nature car c’est la condition de sa survie
Dominer la nature par la culture
On parle souvent de catastrophe naturelle, la nature apparaît comme une puissance menaçante et
dangereuse à laquelle nous serions soumis.
Il est nécessaire que l’homme crée, transforme, invente pour
survivre.
Il crée les moyens de sa survie en cultivant la terre, mais aussi en fabriquant des outils, des
instruments qui lui permettent de se défendre ou de se protéger.
Mais la force de l’être humain n’est pas
seulement tirée de ce qu’il produit, elle vient aussi du fait que les êtres humains vivent ensemble, en
société.
La domination de la nature est nécessaire, elle prend le nom de culture, et il s’agit de domestiquer
la nature.
Mais quels sont ces moyens par lesquels l’être humain domestique la nature ?
La connaissance de la nature est le moyen qui permet la domestication de la nature afin de
l’utiliser à notre avantage
Par la connaissance de la nature (la physique étant la science de la nature), les êtres humains pourraient
donner des buts utiles, mettre à leur service les forces de la nature.
En effet la connaissance des forces
des astres nous a par exemple permis de construire des usines afin de produire de l’électricité.
Descartes
met au-dessus des autres la connaissance de la médecine qui permet la conservation de la santé.
Il le
justifie en disant que la santé « est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres » ; il est
donc d’abord question pour l’homme de sa survie.
Mais c’est aussi parce que la santé est le fondement
même du progrès : elle pourrait « rendre les hommes plus sages et plus habiles qu’ils n’ont été jusques
ici ».
Autrement dit, c’est par la connaissance du vivant, du corps humain et de son fonctionnement que
l’on va pouvoir non seulement conserver la santé, guérir les maladies, mais aussi entamer un véritable
progrès pour l’humanité, car la santé déterminera les progrès dans les autres domaines de la
connaissance.
La culture : la connaissance, l’éducation, la technique, sont la marque de la maîtrise de l’homme
sur la nature, dignes d’admiration et conditions de son développement en tant qu’espèce
Ainsi la culture permet-elle de dominer, de domestiquer la nature aussi bien en nous et hors de nous.
Il
s’agit d’abord de s’associer pour survivre ensemble, de s’organiser, d’instaurer des règles, qui sont
décidées et non de vivre sous l’impulsion de la nature, de l’instinct ou des pulsions.
Il s’agit ensuite de
connaître la nature en dehors de nous, le milieu dans lequel nous vivons et en nous (le corps humain, le
vivant, le milieu interne de l’organisme) afin de s’en servir.
Il s’agit donc enfin d’assigner une fin à des
forces qui sont présentes et, au départ, indépendantes de nous, mais que nous pouvons posséder par la
connaissance et maîtriser, mettre à notre service, pour nous assurer non seulement la survie mais aussi
le confort, une existence plus facile, voire même agréable.
C’est en ce sens que John Stuart Mill, dans
son œuvre intitulée, La Nature (1874), nous invite à « reconnaitre que les puissances de la nature sont
souvent en position d’ennemi face à l’homme, qui doit user de force et d’ingéniosité afin de lui arracher
pour son propre usage le peu dont il est capable », et « que l’homme mérite d’être applaudi quand ce
peu qu’il obtient dépasse ce qu’on pouvait espérer de sa faiblesse physique comparée à ces forces
gigantesques.
» Dans un premier temps il semble tout à fait nécessaire de dominer la nature : cette
domination est l’œuvre de la culture qui désigne tout processus mis en œuvre par l’humanité afin de
modifier, améliorer, organiser ce qui est déjà là, en nous et hors de nous : la nature.
Ainsi les êtres
humains ont-ils besoin d’éducation, de règles, de connaissance et d’ingéniosité pour réussir à dominer
la nature, s’assurant ainsi non seulement les conditions de leur survie, mais surtout celles d’une vie
meilleure dans laquelle les progrès....
»
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