faut-il craindre le pouvoir de l'Etat
Publié le 05/05/2024
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«
FAUT-IL CRAINDRE LE POUVOIR DE L‘ETAT ?
Introduction :
Dans le vaste champ de la réflexion politique et sociale, la question du pouvoir de l'État
occupe une place centrale et suscite des débats passionnés depuis des siècles.
À l'heure où les sociétés
contemporaines sont confrontées à des défis complexes, il est impératif de se pencher sur la nature
et l'ampleur de l'autorité politique exercée par l'État.
En effet, cette autorité qui s'étend sur les
territoires et les populations soulève des interrogations essentielles quant à sa légitimité, ses fonctions
et les limites à lui imposer.
Le sujet qui nous occupe, "Faut-il craindre le pouvoir de l'État ?", se présente comme une
interrogation fondamentale, évoquant la tension entre la nécessité d'un pouvoir fort pour maintenir
l'ordre et la sécurité, et les risques liés à une concentration excessive de ce pouvoir.
À travers cette
problématique, d’autres interrogations se présentent : quels sont les fondements légitimes du pouvoir
de l'État ? Quels sont les risques d'abus et de tyrannie liés à ce pouvoir ? Comment réunir l'autorité
de l'État avec le respect des libertés individuelles et des droits fondamentaux ?
Ainsi, l'examen du pouvoir de l'État revêt une importance capitale dans la réflexion politique et
éthique, interpellant notre rapport à l'autorité, à la liberté et à la responsabilité citoyenne.
C'est donc
la raison pour laquelle nous nous demandons s’il faut craindre l’Etat.
Dans les parties qui suivront,
nous explorerons différentes perspectives pour répondre à cette question cruciale, en examinant les
arguments en faveur d’un Etat fort qui répand de la crainte pour maintenir l’ordre et la sécurité puis
ceux critiquant cet Etat absolu et l’accusant de restreindre les libertés individuelles, pour finalement
proposer une nouvelle hypothèse où le pouvoir est réparti et organisé pour permettre la liberté des
individus tout en maintenant la sécurité.
Première partie :
Tout d’abord, Thomas Hobbes, philosophe anglais du XVIIe siècle, dans son œuvre majeure
"Le Léviathan", propose une réponse à cette problématique.
Hobbes avance une vision où les
individus sont en proie à un état de guerre perpétuelle, caractérisé par la peur et l'insécurité.
Dans cet
état, chaque individu cherche à assurer sa propre survie au détriment des autres, conduisant à un
conflit permanent et destructeur.
En effet, l’auteur écrit : “Aussi longtemps que les hommes vivent sans pouvoir commun qui les
tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre
de chacun contre chacun.
Tout autre temps se nomme PAIX.”.
Dans cette citation, Hobbes décrit l'état
naturel de l'humanité en l'absence d'un gouvernement fort qui impose l'ordre et maintient la paix.
Il
utilise l'expression "guerre de chacun contre chacun" pour décrire le chaos et le conflit qui règnent
lorsque les individus agissent selon leurs propres intérêts sans aucun contrôle extérieur.
Dans cet état
de nature, chaque individu est en compétition avec les autres pour les ressources et la sécurité, ce qui
conduit inévitablement à des conflits permanents.
Selon Hobbes, la seule façon de sortir de cet état de guerre perpétuelle est de former un "pouvoir
commun", c'est-à-dire un gouvernement souverain doté de l'autorité nécessaire pour maintenir
l'ordre et garantir la sécurité des individus.
C'est ce qu'il appelle "l'état civil" ou "l'état de société".
Dans cet état, les individus renoncent à une partie de leur liberté naturelle en échange de la protection
et de la stabilité offertes par le gouvernement.
Ainsi, à travers cette citation, Hobbes souligne l'importance cruciale du gouvernement pour établir
la paix et prévenir le chaos dans la société humaine.
Selon lui, seule l'institution d'un pouvoir souverain
absolu, représenté par le Léviathan, peut mettre fin à ce chaos en imposant l'ordre et la stabilité dans
la société.
Il conclut que dans la situation où se les hommes sans pouvoir commun, les individus sont
constamment préoccupés par leur sécurité et leur survie, ils n'ont ni le temps ni les ressources pour
se consacrer au développement de la société à travers le commerce, l'industrie, ou d'autres activités
économiques.
En l'absence de sécurité et de stabilité fournies par un gouvernement fort, les individus
sont contraints de consacrer leurs efforts à la protection de leurs intérêts personnels plutôt qu'à la
coopération et à la collaboration nécessaires à une économie productive.
De plus, en faisant référence à un homme qui prend des mesures de sécurité drastiques telles que
s'armer et verrouiller ses portes, Hobbes illustre le caractère hostile et dangereux de l'état de nature.
Dans cet état, où il n'existe pas de pouvoir centralisé pour maintenir l'ordre et protéger les individus,
chacun est contraint de prendre des mesures extrêmes pour assurer sa propre sécurité et celle de ses
biens.
En évoquant ces précautions prises par l'homme dans l'état de nature, Hobbes souligne
l'importance vitale de la sécurité et de la protection, ainsi que le climat de méfiance et de suspicion
qui prévaut entre les individus.
Cette image renforce l'idée que dans un tel contexte, la crainte de
l'autre est omniprésente et que seule l'institution d'un pouvoir souverain peut mettre fin à cette
situation de conflit permanent et instaurer un climat de sécurité et de stabilité dans la société.
Nous retenons que l'hypothèse hobbesienne met en avant la nécessité d'un pouvoir fort et coercitif
pour maintenir l'ordre et la stabilité dans la société, en suscitant la crainte des individus.
Deuxième partie
Cependant, craindre l’Etat suppose l'obéissance des citoyens, une sorte de soumission.
Toute
obéissance entraîne nécessairement une limitation de la liberté.
En raison de cette liberté rognée, on
a soupçonné l'État de n'être qu'un moyen habile pour masquer et figer la domination d'une fraction
de la société.
Nietzsche affirme ainsi que l'État est « le plus froid de tous les monstres froids » : au
nom de la paix, il discipline les individus en leur retirant toute initiative personnelle.
On peut également relever la réflexion de Montesquieu sur la nature humaine sa soif pour le
pouvoir.
Dans De l'esprit des lois Montesquieu écrit : "c'est une expérience éternelle que tout homme
qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites.
Qui le dirait ! la vertu
même a besoin de limites".
Montesquieu fait référence à une réalité intemporelle selon laquelle toute
personne investie d'une forme de pouvoir est susceptible de céder à la tentation d'en abuser.
Cette
observation découle de sa compréhension de la condition humaine et de sa méfiance envers la
concentration excessive du pouvoir entre les mains d'un seul individu ou d'un petit groupe.
Il reconnaît
que le pouvoir a tendance à corrompre et à pervertir ceux qui le détiennent, les poussant à étendre
leur autorité au-delà des limites raisonnables.
Nous pouvons aussi ajouter que Montesquieu met en
garde contre la concentration excessive des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire entre les mains
d'un seul organe du gouvernement.
D'un autre côté, John Locke critique principalement le concept de pouvoir absolu de l'État et les
abus qui en découlent.
En effet, ce dernier s'oppose fermement à l'absolutisme monarchique, qui
accorde un pouvoir illimité à un monarque ou à un gouvernement centralisé.
Il considère que ce type
de gouvernement est contraire aux principes de la liberté individuelle et de l'égalité devant la loi, car
il permet à un seul individu ou à un petit groupe de gouvernants d'exercer un contrôle arbitraire et
oppressif sur la vie des citoyens.
Locke critique également les gouvernements qui violent les droits naturels des individus, tels que
le droit à la vie, à la liberté et à la propriété.
Il soutient que le rôle de l'État devrait être de protéger
ces droits plutôt que de les violer, et que les gouvernements qui outrepassent leurs limites en
opprimant les citoyens perdent leur légitimité.
Dans son livre il dénonce la tyrannie et l'oppression
exercées par les gouvernements qui cherchent à étendre leur autorité au-delà des limites....
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