FAIRE LA GUERRE FAIRE LA PAIX Chapitre introductif : formes de conflits et tentatives de paix
Publié le 22/06/2024
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FAIRE LA GUERRE FAIRE LA PAIX
Chapitre introductif : formes de conflits et tentatives de paix
1)panorama des conflits armées actuels
Depuis la fin de la GF + l'implosion de l'URSS en 1991, les guerres entre
États ou CONFLIT INTERÉTATIQUE = moins nombreux.
Les conflits
autour des questions de frontières restent marginaux.
les guerres entre
armées régulières font souvent relativement peu de victimes,
principalement des militaires.
Il existe d’autres conflits interétatiques (une
vingtaine en tout), en partie inactifs (sans conflit armé direct)
En revanche, les guerres civiles (ou CONFLIT INTRA-ÉTATIQUE =
multiplient + sont souvent très mortifères.
Ainsi, le massacre de Tutsi au
printemps 1994 au Rwanda, fait selon l'ONU 800 000 victimes en
seulement trois mois.
De même, les conflits intraétatiques qui ont éclaté
suite aux Printemps arabes à partir de décembre 2010 ont fait des milliers
de victimes, que ce soit en Libye, en Syrie ou au Yémen (la guerre civile
yéménite s'accompagnant d’une grande famine).
L’Afrique équatoriale et
le Moyen-Orient connaissent le plus de conflits.
Mais il existe aussi des conflits : CONFLITS ASYMÉTRIQUES (opposants
par exemple un État à un groupe armé aux capacités moindres pratiquant
la guérilla ou des actes terroristes) et qui utilisent des « moyens nonconventionnels » : TERRORISME
QUESTION 2 - GUERRES ET PAIX : ESSAI D’UNE TYPOLOGIE
Face à la complexification des formes de conflits, et à la diversification des
acteurs qui y prennent part, essayons une classification.
➔ Il existe
d’abord une diversité de NATURES des conflits :
-Guerre interétatique État ou coalition d’États VS État ou coalition
d’États Guerre russo-ukrainienne
-Guerre intra-étatique (ou civile) État VS Acteurs non conventionnels
contestant l’autorité de l’État + Acteurs non conventionnels (parfois
soutenus par des États) VS acteurs non conventionnels (parfois soutenus
par des États)
-Guerre asymétrique (pouvant être intra-, inter- ou transnationale)
État ou coalition d’États VS État beaucoup plus faible militairement et/
ou acteurs non conventionnels
États VS acteurs non conventionnels (parfois soutenus par des États)-
Il existe aussi, nous venons de le voir en partie, une diversité d’ACTEURS
des conflits :
CONVENTIONNEL : États Pays membres de l’ONU États-Unis, France,
etc.
Organisations internationales et coalitions Organisations
intergouvemementales ou alliances militaires ONU (Casques bleus)
OTAN, etc.
Sociétés militaires privées (SMP) Entreprises privées qui louent leurs
services à des États pour faire la guerre à leur place ou à leur côté
Blackwater
NON-CONVEN TIONNELS Groupes rebelles (asymétrique)
Combattants non affiliés officiellement à un État, contestant le contrôle
d’un territoire par un État ou des troupes d’occupation étrangères
Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC)
Groupes criminels et terroristes (asymétrique) Groupes recourant
à la violence à des fins d’enrichissement ou de domination Pirates
maritimes, narco-trafiquants, Al-Qaida, Daech
Il existe de même une diversité de MOTIVATIONS et d’enjeux des
conflits :
- politiques (prise de pouvoir, gains territoriaux, survie d’un État, etc.)
- économiques (appropriation de ressources énergétiques et minières,
etc.)
- idéologiques (nationalisme, etc.) et / ou religieuses (prosélytisme armé,
fondamentalisme religieux…).`
➔ Il existe enfin diversité de MODES DE RÉSOLUTION des conflits :
- par la victoire militaire d’un des belligérants (qui impose ses conditions à
l’autre).
- par la négociation (les belligérants estiment le coût de la poursuite de la
guerre trop élevé)
- par une intervention extérieure l’ONU joue un rôle de plus en plus
important dans la résolution des conflits ou le maintien de la paix en
favorisant la négociation, voire en intervenant avec ses Casques Bleus / le
rôle des alliances régionales reste très important et peut être une
alternative à l'ONU : OTAN dans le conflit Yougoslave, etc.).
BILAN –
Avant 1945, la classification des confits était relativement aisée.
Depuis la
fin de la Guerre froide, si les conflits sont moins nombreux, ils sont de
plus en plus complexes.
Cette complexité et l’essor de guerres de natures
nouvelles, hybrides, donne l’impression que le monde est devenu instable,
alors qu’il y a moins de guerres.
AXE 1 - LA DIMENSION POLITIQUE DE LA GUERRE : DES CONFLITS
INTERETATIQUES AUX ENJEUX TRANSNATIONAUX
ACCROCHE – En 1991, l’historien et théoricien militaire israélien Martin
van Creveld publie l’ouvrage The Transformation of war.
Sa thèse est que
les « guerres d’aujourd’hui » ne sont pas les mêmes qu’hier, et que les
guerres conventionnelles (c’est-à-dire entre États) sont en voie de
disparition
Carl Von Clausewitz (1780-1831) : officier militaire prussien.
Il est un
acteur +témoin du passage des conflits limités du XVIIIe siècle aux
guerres déchaînées du début du XIXe siècle, en affrontant les armées
napoléoniennes.
Après 1815, Clausewitz se plonge dans la réflexion : il
veut comprendre pourquoi la guerre a pris une telle ampleur durant la
période révolutionnaire / napoléonienne, et pourquoi les armées
françaises ont été si efficaces.
Il construit une théorie de la guerre, qui
n’est pas un « manuel militaire » pour l’emporter, mais une source de
réflexions destinée à comprendre « ce qu’est la guerre ».
I/ LA GUERRE DU XVIIIEME AU XXEME SIECLE : LA « MONTÉE AUX
EXTREMES »
A - La guerre de Sept Ans (1756-1763) : une guerre limitée ? JALON 1
Le XVIIIème siècle est l’apogée de la « guerre classique », c’est-à-dire
de la guerre entre États s’appuyant sur des armées permanentes, de
dimensions réduites, constituées de professionnels de la guerre et
soumises à l’autorité du souverain (au Moyen-âge, la guerre est aux
mains des princes et grands seigneurs, qui peuvent décider - ou non - de
lever des troupes pour le roi).
La guerre de Sept Ans (1756-1763), à
laquelle Clausewitz a participé dans l’armée de la Prusse, est souvent citée
dans son ouvrage pour illustrer sa théorie.
La guerre oppose deux coalitions : principalement Grande-Bretagne et
Prusse d’un côté France Autriche et Russie de l’autre .
Les raisons de la
guerre sont multiples, et s’inscrivent en Europe mais aussi dans les
colonies françaises et anglaises.
En conséquence, des combats ont lieu sur
tous les continents : ce conflit fait office de véritable première guerre
mondiale.
DÉROULEMENT - Les 7 années de guerre voient la France perdre pied
dans ses colonies : elle ne dispose pas d’une flotte suffisante pour aider
ses colons à contrer les attaques anglaises.
En Europe, le grand animateur
de la guerre est Frédéric II, souverain de Prusse, qui veut conserver la
riche province de Silésie, convoitée par l’Autriche.
Après des premières
victoires éclatantes, il accumule les défaites jusqu’en 1761 : son territoire
est envahi de toute part.
Il opte pour une stratégie purement défensive,
afin d’épuiser les armées adverses.
Début 1762, la tsarine russe meurt : son successeur, Pierre III,
admirateur de Frédéric II, signe la paix avec lui.
Revigoré, il signe des
victoires décisives, qui conduisent ses ennemis (France, Autriche) à
négocier la paix.
BILAN - 700.000 soldats sont tués .
En 1763, des traités de paix sont
signés.
La France renonce à son premier empire colonial, notamment au
Québec (Canada), mais récupère ses îles .
La Prusse d’affirme comme une
puissance avec laquelle il faut compter.
La Grande-Bretagne, maître des
mers, devient la première puissance mondiale
QUESTION 1 - La notion de « guerre réelle » proposée par Clausewitz
correspond en grande partie aux conflits de l’époque moderne, dont la
guerre de Sept Ans (1756-1763).
«Continuation de la politique par
d'autres moyens »,: elle est le fruit d'un renversement des alliances
traditionnelles s’expliquant par le contexte politique du milieu du
XVIIIème siècle (la France et l’Autriche, longtemps ennemies, se
rapprochent pour contrer l’essor de la Prusse).
Elle s’explique aussi par
des ambitions politiques : espoirs de conquêtes en Europe
Le conflit est soumis au politique dans son DÉROULEMENT : les
souverains encadrent le conflit, sont à l’origine de retournements
d’alliances, etc.
C’est un « duel à grande échelle » entre des
adversaires de taille comparable : des États modernes et leurs armées,
soumises à l’autorité des souverains.
Les moyens employés pendant le
conflit sont, comme l’indique Clausewitz , proportionnés aux objectifs
politiques poursuivis .
Ainsi Frédéric II a adopté une stratégie défensive et
économise ses forces afin de ne pas payer un tribut trop lourd à cette
guerre, et pour décourager ses ennemis (non pour les détruire), afin
d’atteindre ses objectifs.
C’est donc une « guerre limitée » .
Le but n’est
pas l’anéantissement de l’ennemi, mais son découragement.
Ce
conflit est réglé par des négociations de paix, demandés par des
belligérants qui n’ont pas concrètement perdu, mais qui estiment la
poursuite du conflit trop couteuse (pas de « montée aux extrêmes »).
Ces
traités ont des CONSEQUENCES territoriales et politiques importantes : ils
entraînent l'affirmation européenne de la Prusse et le recul de la puissance
coloniale française au profit de l'Angleterre.
La France ménage toutefois
ses intérêts en obtenant de récupérer les îles antillaises.
La guerre est
donc bien ici un OUTIL (pour les gagnants) employé à des fins
politiques.
QUESTION 2 - Un début de « montée aux extrêmes » a pu être
constaté lors de ce conflit.
D’abord par la volonté de fer de Frédéric II de
Prusse (1712-1786), à la fois souverain et véritable chef de guerre,....
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