FACHODA

« FACHODA L'affaire de Fachoda retarda sans nul doute l'entente cordiale franco-anglaise.

Si la mission Marchand fut obligée, en1898, de s'incliner devant les sommations de Kitchener, c'est qu'à cette date la France n'était prête ni moralementni matériellement pour un conflit avec les Anglais. L'idée d'une mission Congo-Nil remontait à 1891, mais cinq ans s'écoulèrent avant le départ du capitaine Marchand.En théorie, les buts de l'expédition étaient commerciaux : en fait, il s'agissait d'arriver sur le Nil blanc avant lesAnglais, alors en Egypte, et de donner à la France un titre indiscutable pour le jour où serait fixé le sort de cetterégion du haut Nil.

Cette même année 1896, Kitchener recevait de Londres l'ordre d'occuper la Haute-Egypte : lesdeux groupes allaient fatalement se heurter. Débarquée en Afrique, à Libreville, la mission Marchand - sept officiers (dont le futur général Mangin) et une poignéed'hommes -traversa difficilement un Congo livré à l'anarchie et arriva enfin en vue du Nil blanc, au Soudan égyptien.Le 10 juillet 1898, elle pénétrait dans Fachoda, un tas de briques et de boue à moitié détruit.

Les Français,transformés en maçons, aménagèrent la place et conquirent l'amitié des indigènes, les Chillouks, en mettant en fuiteles derviches, ou mahdistes, hostiles. Or, le 19 septembre, apparurent, venues du nord, les canonnières anglo-égyptiennes.

Victorieux des mahdistes prèsde Khartoum, Kitchener avait remonté le Nil blanc.

Au cours d'une entrevue courtoise, le Sirdar expliqua à Marchand que le gouvernement anglais exigeait l'évacuation des lieux par les Français.

Le capitaine commença par refuser,alléguant qu'il avait signé avec les Chillouks un traité de protectorat.

Kitchener répliqua que la France, affaiblie parl'affaire Dreyfus, ne le soutiendrait pas.

Puis il repartit vers Le Caire, comprenant que le temps allait travailler pourlui. A Paris, Delcassé, ministre des Affaires étrangères, essayait en vain de discuter avec Londres.

La guerre menaçait.Inquiet à l'idée d'une rupture avec l'Angleterre, il dut céder et lâcher le.

Soudan égyptien (3 novembre), malgré lessupplications du capitaine Baratier, envoyé par Marchand. Se voyant abandonné par son gouvernement, Marchand se décida, le coeur brisé, à évacuer Fachoda.

En France,de violentes manifestations se déroulèrent à Paris contre les Anglais, redevenus - momentanément du moins - les «ennemis héréditaires ».. »