extrait de l’ouvrage Le pouvoir psychiatrique, cours au collège de France écrit par Michel Foucault
Publié le 10/05/2024
Extrait du document
«
"Pour la pratique
scientifique en général, il y a toujours de la vérité ; la vérité est toujours
présente en toute chose ou sous toute chose ; à propos de tout ou de n’importe
quoi l’on peut poser la question de la vérité […] Ceci veut dire non seulement
que la vérité habite partout et qu’à tout instant l’on peut poser la question
de la vérité, mais ceci veut dire aussi qu’il n’y a personne qui soit
exclusivement qualifié pour dire la vérité ; il n’y a personne non plus
qui, d’entrée de jeu, soit disqualifié pour dire la vérité, du moment, bien
entendu, que l’on a les instruments qu’il faut pour la découvrir, les
catégories nécessaires pour la penser et le langage adéquat pour la formuler en
propositions »
Ce texte est extrait de l’ouvrage Le pouvoir psychiatrique, cours au
collège de France écrit par Michel Foucault en 1973/1974.
Il y aborde
les notions de la vérité, omniprésente et de la science.
La vérité étant un
énoncé qui porte sur ce qui existe, tandis que la science qui consiste en
un ensemble de connaissances apportées par l’individu et qui peut être
évolutif.
Dans cet extrait, l’auteur défend la thèse selon laquelle la vérité
est omniprésente dans l’ensemble des domaines de notre existence
mais que personne ne peut la détenir, du moins, prétendre la détenir.
Il
serait alors intéressant de se demander pourquoi peut-on dire que la
vérité est omniprésente? Dans un premier temps, nous verrons que
l’auteur défend la thèse selon laquelle il n’y a pas de vérité sans
science(l.1-4).
Ensuite, nous montrerons que la vérité n’est pas
exclusive à une certaine catégorie d’individus et qu’elle est universelle
selon l’auteur(l.4-7).
Enfin, nous expliquerons dans une troisième partie
que, selon l’auteur, la vérité résulte d’un travail rigoureux et méticuleux
d’accumulation de connaissances(l.7-11).
Première partie:
La finalité de la science est la vérité, seule pensée à pouvoir
découvrir, comprendre, représenter le réel de manière vraie et complexe
:”Pour […] vérité” (l.1-2).
Attention, toutefois, la vérité posée peut être
erronée, non pas par la méthode mise en place pour l’obtenir, mais par
l’incohérence de ses propositions.
Par exemple, le syllogisme suivant
est vrai : Tous les hommes sont mortels, Or, Socrate est un homme,
donc Socrate est mortel.
En revanche, celui-ci est faux : Tout ce qui est
rare est cher, or, un cheval bon marché est une chose rare, donc un
cheval bon marché est cher.
La vérité scientifique repose sur des
savoirs, une méthode et la mobilisation de la raison, selon Descartes,
dans son Discours de la méthode.
Si chacun peut penser, cette pensée
peut être erronée en l'absence de méthode.
Selon Foucault, il ne peut y avoir de science sans vérité, la
science reposant sur la vérité, et la vérité fondant la science.
La science,
en quête permanente de vérité, s'écarte des opinions subjectives pour
embrasser
une
démarche
rigoureuse
de
vérification
et
d'expérimentation.
Cette dynamique, soulignant la transition de l'opinion
au savoir, rappelle l'importance de la logique et de la méthode.
Il faut
cependant préciser que l’opinion n’est pas étrangère à la science.
Un
postulat relève de l’opinion et ne devient vérité qu’après vérification ou
expérimentation.
Pasteur, avant de généraliser le principe du vaccin, en
avait fait un simple postulat, d’ailleurs, fortement contesté par l'académie
de médecine.
Or, aujourd’hui, ce principe est une vérité.
Deuxième partie:
Après avoir posé cette affirmation, il élargit sa pensée en affirmant
qu’elle constitue l’essence, autrement dit la définition intrinsèque, de
“toute chose” (l.4).
Rien n’existerait sans vérité, ce qui peut paraître
surprenant, car il faudrait accepter que la vérité existe dans l’ordre de la
nature.
Jacques Ellul affirme, au contraire, que l’ordre du vrai se trouve
dans le langage.
Si cette vérité n’est pas essentielle, elle constitue
l’origine de toute réalité puisqu’elle est “sous toute chose” (l.4).
D’ailleurs, on peut se poser la question de la vérité “à propos de tout
ou de n’importe quoi” (l.6), c’est ce qu’entreprend le philosophe dont la
démarche argumentative, et donc scientifique, vise à accoucher de
vérités.
C’est le principe de la maïeutique.
Foucault introduit une nuance en affirmant, par ailleurs que “
personne [n’est ] exclusivement qualifié pour dire la vérité”.
Son
obtention est une intention, un travail fastidieux et méthodique.
Le
sophiste Protagoras pourrait accéder à la vérité, en a les moyens
intellectuels, mais n’en a pas la volonté, préférant l’intérêt.
Par ailleurs,
la vérité nécessite un travail, s'accommode mal de la paresse, comme
on le....
»
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