Extrait de « La Parure » de Maupassant :
Publié le 08/01/2025
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«
Extrait de « La Parure » de Maupassant :
Elle souffrait sans cesse, se sentant née pour toutes les délicatesses et tous les luxes.
Elle souffrait de la
pauvreté de son logement, de la misère des murs, de l’usure des sièges, de la laideur des étoffes.
Toutes ces choses, dont une autre femme de sa caste ne se serait même pas aperçue, la torturaient et
l’indignaient.
La vue de la petite Bretonne qui faisait son humble ménage éveillait en elle des regrets
désolés et des rêves éperdus.
Elle songeait aux antichambres muettes, capitonnées avec des tentures
orientales, éclairées par de hautes torchères de bronze, et aux deux grands valets en culotte courte qui
dorment dans les larges fauteuils, assoupis par la chaleur lourde du calorifère.
Elle songeait aux grands
salons vêtus de soie ancienne, aux meubles fins portant des bibelots inestimables, et aux petits salons
coquets, parfumés, faits pour la causerie de cinq heures avec les amis les plus intimes, les hommes
connus et recherchés dont toutes les femmes envient et désirent l’attention.
Quand elle s’asseyait, pour dîner, devant la table ronde couverte d’une nappe de trois jours, en face de
son mari qui découvrait la soupière en déclarant d’un air enchanté : « Ah ! le bon pot-au-feu ! je ne
sais rien de meilleur que cela...
» elle songeait aux dîners fins, aux argenteries reluisantes, aux
tapisseries peuplant les murailles de personnages anciens et d’oiseaux étranges au milieu d’une forêt
de féerie ; elle songeait aux plats exquis servis en des vaisselles merveilleuses, aux galanteries
chuchotées et écoutées avec un sourire de sphinx, tout en mangeant la chair rose d’une truite ou des
ailes de gélinotte.
Elle n’avait pas de toilettes, pas de bijoux, rien.
Et elle n’aimait que cela ; elle se sentait faite pour
cela.
Elle eût tant désiré plaire, être enviée, être séduisante et recherchée.
Elle avait une amie riche, une camarade de couvent qu’elle ne voulait plus aller voir, tant elle souffrait
en revenant.
Et elle pleurait pendant des jours entiers, de chagrin, de regret, de désespoir et de
détresse.
Or, un soir, son mari rentra, l’air glorieux, et tenant à la main une large enveloppe.
— Tiens, dit-il, voici quelque chose pour toi.
Elle déchira vivement le papier et en tira une carte imprimée qui portait ces mots :
— Le ministre de l’Instruction publique et Mme Georges Ramponneau prient M.
et Mme Loisel de
leur faire l’honneur de venir passer la soirée à l’hôtel du ministère, le lundi 18 janvier.
Au lieu d’être ravie, comme l’espérait son mari, elle jeta avec dépit l’invitation sur la table,
murmurant :
— Que veux-tu que je fasse de cela ?
Etape 1 : entoure ou surligne les connecteurs logiques dans le texte.
Ils vont t’aider à te repérer.
Tu as
le droit d’annoter tout le texte !
Etape 2 : quand on lit un texte il faut toujours se demander « pourquoi » le personnage fait ceci ou
réagit ainsi.
Complète ce tableau pour voir si tu as bien compris.
Attention : n’oublie pas de....
»
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