Explication Montaigne "je ne trouve rien de sauvage"
Publié le 02/05/2022
Extrait du document
«
INTRODUCTION
Situation du passage
La dernière page du chapitre I, 31 des Essais, intitulé « Des cannibales », propose une
réflexion sur la notion de « barbarie ».
Après avoir relaté des « cannibales » ce que ses lectures de
récits de voyage lui en ont appris, Montaigne rapporte une rencontre qu’il a eue avec trois d’entre
eux lors d’une visite en France, à Rouen.
La première partie de la rencontre est occupée par le discours des Français (« on leur fit voir
notre façon, notre pompe, la forme d’une belle ville »).
Quelqu’un demande ensuite aux Indiens « ce
qu’ils avaient trouvé de plus admirable », présupposant ainsi leur admiration.
Les réponses des
Indiens, contenues dans l’extrait étudié, vont démentir ce présupposé et mettre en évidence la
pertinence de leur esprit.
Présentation du mouvement du texte et des idées clés
Le texte est articulé par le discours très structuré des Indiens (« en premier lieu », «
Secondement »), à quoi succède l’intervention de Montaigne (« Je parlai à l’un d’eux fort longtemps
»).
Le regard naïf que les cannibales posent sur la France est d’emblée politique: ils s’interrogent sur
le pouvoir, son incarnation et ses marques.
Derrière « la pompe » d’une grande ville qu’on leur
montre, ils remarquent le spectacle de profondes inégalités entre les hommes.
Aux questions posées
sur leurs moeurs, ils répondent de façon concrète et précise en décrivant leur société, fondée sur une
autorité ancrée dans le devoir et le service rendu.
DÉVELOPPEMENT
1.
La réponse des Indiens
L’interrogation sur le pouvoir
La réponse des Indiens témoigne du fait qu’ils ont vu autre chose que ce qu’on a bien voulu
leur montrer: au lieu d’admirer, ils s’étonnent (adjectif attribut « fort étrange ») et leur regard est à la
fois naïf et critique.
Les grands hommes autour du roi Charles IX (1550-1574), âgé d’environ 12 ans
à l’époque, sont des mercenaires suisses et ils incarnent pour eux l’image même de la puissance: ils
sont barbus, grands, « forts et armés ».
La disproportion entre la taille des gardes et celle du roi pose
la question des fondements du pouvoir: pour les Indiens, celui-ci est lié à la puissance et à la force
physique, tandis qu’il est héréditaire dans le cas de la monarchie française.
Le paradoxe est souligné par l’opposition, lignes 3 à 5, entre le pluriel (« les hommes forts »)
et le singulier (« un enfant ») et la disproportion entre les membres de la phrase (longue description
des Suisses opposée à un seul mot, « un enfant », autour du verbe obéir).
Le verbe pronominal au
subjonctif imparfait: « se soumissent à obéir » souligne l’anomalie dans ce qui apparaît aux
cannibales comme une inversion des rôles.
La critique des inégalités
La réponse des Indiens se poursuit avec une observation sur l’état social de la France.
La
parenthèse « ils nomment les hommes, moitié les uns des autres » accrédite l’exotisme de la scène
tout en indiquant la solidarité, la fraternité avec laquelle les Amérindiens considèrent leurs
semblables.
Leur constatation est caricaturale: il y a des nantis caractérisés par les deux adjectifs
qualificatifs « pleins et gorgés », dont le sens est renforcé par le complément au pluriel indéfini: «
toutes sortes de commodités ».
La conjonction de coordination « et », dans la suite de la phrase (« et.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- explication linéaire Montaigne notre monde vient d'en trouver un autre
- MONTAIGNE: il n'y a rien de barbare et de sauvage en cette nation
- Explication linéaire, Montaigne, «Des Cannibales»: «Trois d’entre eux (...) le feu à leurs maisons»
- Explication linéaire Ma bohême Rimbaud
- La parole est moitié à celui qui parle, moitié à celui qui écoute. Montaigne