explication linéaire: Victor Hugo, “A Villequier”, Les contemplations, 1847
Publié le 13/03/2022
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Victor Hugo, “A Villequier”, Les contemplations, 1847
Ce poème est extrait d u livre IV (Pauca meae) du recueil de poèmes Les Contemplations .
Dans ce livre,
Victor Hugo dédie 17 poèmes à sa fille disparue, Léopoldine, morte noyée dans la Seine à Villequier le 4
septembre 1843.
Par le biais de ces poèmes, il aborde les thèmes de l’enfance, notamment des enfants
dont il parle en termes toujours élogieux ainsi que de la mort, du deuil, de la douleur liée à celui-ci et la
peine provoquée par la remémoration des souvenirs du passé.
Dans cet extrait du 15 ème
poème que nous
allons commenter, le poète s’approprie ces thèmes en leur donnant une dimension émotionnelle forte
grâce à son expérience personnelle vécue : le décès de sa fille.
Nous étudierons les étapes du deuil de
l’auteur : la perte et le souvenir de la mort de sa fille, la soumission au destin et à Dieu malgré une
douleur qui reste insurmontable puis sa vision de l’enfant.
L’ouverture du poème (v.140 à 147) est une entrée sur l’étape précédant le deuil : la perte subite.
Tout d’abord l’entrée se fait brutalement avec l’interjection « Hélas », exprimant la peine et la douleur
suivie de l’hypallage « un œil d’envie » marquant la nostalgie provoquée par la mort de Léopoldine.
L’auteur veut retourner au passé heureux où elle était encore vivante comme il l’a fait dans le poème IX
« O souvenirs ».
En digne auteur romantique, Victor Hugo utilise le lyrisme avec le pronom personnel de
la première personne du singulier « je » v.(142) pour parler de ces sentiments.
Puis par le biais de la
métaphore « Où je l’ai vue ouvrir son aile et s’envoler », il compare sa fille à un oiseau s’envolant vers les
cieux signifiant sa mort et un départ supposément paisible.
Ensuite, Victor Hugo revit l’instant où il réalise que sa fille est morte et ce souvenir s’impose à sa
conscience pour ne plus la quitter comme le montre le complément circonstanciel de temps « jusqu’à ce
que je meure ».
Cet instant est suivi d’une confusion intense exprimée par la modalité exclamative du
vers 147 « Quoi donc je ne l’ai plus ! ».
Cette confusion est opposée à l’image du départ supposément
paisible d’un oiseau s’envolant vers les cieux au vers 143.
Du vers 148 au vers 155, il passe à l’étape suivante du deuil, la soumission et une acceptation difficile
La répétition de « Ne vous irritez pas » (v.148 et 153) induit dans le premier vers une soumission à Dieu
auquel il s’adresse qu’il implore de tolérer son chagrin, faiblesse humaine.
Cependant sa souffrance est
toujours présente et même immuable comme le montre l’utilisation du superlatif « la plus » v.150 ainsi
que la négation « n’est pas résigné », vers 151.
Dans la seconde utilisation de « Ne vous irritez pas !», Victor Hugo s’adresse cette fois ci à tous les
hommes par le biais du pronom « nous » v.154, dont il exprime la douleur.
Cela nous renvoie à la préface
du recueil dans laquelle il affirme « (…) quand je vous parle de moi, je vous parle de vous ».
Ils les
exhortent à ne pas se mettre en colère contre Dieu avec la modalité exclamative.
Vers 156 à fin : l’enfant à travers le regard du poète
Victor Hugo possède une vision très positive de l’enfant qui est ici décrit comme une lumière dans
l’obscurité avec l’utilisation de termes laudatifs v.160 161 162 : « chère », « sacrée », « joyeux », « beau »
opposés à l’énumération des « ennuis », « peines », « misères » v.158.
Cette manière de caractériser
l’enfant est retrouvée dans les poèmes ‘ A propos d’Horace’ et ‘Le maitre d’études’.
L’enfant est comparé à
une « porte des cieux » v.163 et donc considéré comme une réelle bénédiction, un cadeau de Dieu.
L’idée de lumière revient plusieurs fois, notamment par les termes « jour » v167 et « joie » v168
Ensuite, la gradation ascendante des verbes « Apparaitre » (v165), « Croitre »(v166), et « S’en va »(v.171)
reprend le cycle de la vie : la naissance, la croissance et la mort bien marquée par la chute du poème..
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