Explication linéaire tropisme 10
Publié le 16/03/2022
Extrait du document
«
Nathalie SARRAUTE, Tropismes , 1939.
X
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10
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20 Dans l'après-midi elles sortaient ensemble, menaient la vie des
femmes.
Ah ! cette vie était extraordinaire ! Elles allaient dans des «
thés », elles mangeaient des gâteaux qu'elles choisissaient
délicatement, d'un petit air gour mand : éclairs au chocolat, babas,
tartes.
Tout autour c'était une volière pépiante, chaude et gaiement éclairée
et ornée.
Elles restaient là, assises, serrées autour de leurs petites
tables et parlaient.
Il y avait autour d'elles un courant d'excitation, d'animation, une
légère inquiétude pleine de joie, le souvenir d'un choix difficile, dont on
doutait encore un peu (se combinerait-il avec l'ensemble bleu et gris ?
mais si pourtant, il serait admirable), la perspective de cette
métamorphose, de ce rehaussement subit de leur personnalité, de cet
éclat.
Elles, elles, elles, elles, toujours elles, voraces, pépiantes et délicates.
Leurs visages étaient comme raidis par une sorte de tension
intérieure, leurs yeux indifférents glissaient sur l'aspect, sur le masque
des choses, le soupesaient un seul instant (était-ce joli ou laid ?), puis le
laissaient retomber.
Et les fards leur donnaient un éclat dur, une
fraîcheur sans vie.
Elles allaient dans des thés.
Elles restaient là, assises pendant des
heures, pendant que des après-midi entières s'écoulaient.
Elles
parlaient […]
Et elles parlaient, parlaient toujours, répétant les mêmes choses, les
retournant, puis les retournant encore, d’un côté puis de l’autre, les
pétrissant, les pétrissant, roulant sans cesse entre leurs doigts cette
matière ingrate et pauvre qu’elles avaient extraite de leur vie (ce
qu’elles appelaient « la vie », leur domaine), la pétrissant, l’étirant, la
roulant jusqu’à ce qu’elle ne forme plus entre leurs doigts qu’un petit
tas, une petite boulette grise.
Introduction:
Nathalie Sarraute est une romancière et essayiste du XXe
siècle.
Elle est née en 1900 et décède à l'âge de 99 ans.
Elle est
l’une des pionnières du Nouveau Roman, mouvement dans
lequel s’inscrivent ses œuvres les plus fameuses : l’ère du
soupçon, le planétarium, pour un oui ou pour un non.
Sa
première œuvre se nomme Tropismes, c’est un recueil de récits
de la vie quotidienne qu’elle a publié anonymement en 1939 à
cause des lois anti-juives.
Le tropisme X est un récit
argumentatif qui dessine le portrait d’un groupe de femmes qui
ont l’habitude de se retrouver pour bavarder.
Je vais à présent
vous faire la lecture du texte.
Comment Nathalie Sarraute utilise-t-elle le quotidien des
femmes bourgeoises pour créer une satire sociale ? Dans un.
»
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