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Explication linéaire (Oral Français 2021) Lettre 24 Lettre Persanes Montesquieu

Publié le 28/06/2021

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« Nous sommes à Paris depuis un mois, et nous avons toujours été dans un mouvement continuel.

Il faut bien des affaires avant qu’on soit logé, qu’on ait trouvé les gens à qui on est adressé, et qu’on se soit pourvu des choses nécessaires, qui manquent toutes à la fois. Paris est aussi grand qu’Ispahan : les maisons y sont si hautes, qu’on jugerait qu’elles ne sont habitées que par des astrologues.

Tu juges bien qu’une ville bâtie en l’air, qui a six ou sept maisons les unes sur les autres, est extrêmement peuplée : et que, quand tout le monde est descendu dans la rue, il s’y fait un bel embarras. Tu ne le croirais pas peut-être, depuis un mois que je suis ici, je n’y ai encore vu marcher personne.

Il n’y a point de gens au monde qui tirent mieux parti de leur machine que les Français ; ils courent, ils volent : les voitures lentes d’Asie, le pas réglé de nos chameaux, les feraient tomber en syncope.

Pour moi, qui ne suis point fait à ce train, et qui vais souvent à pied sans changer d’allure, j’enrage quelquefois comme un chrétien : car encore passe qu’on m’éclabousse depuis les pieds jusqu’à la tête ; mais je ne puis pardonner les coups de coude que je reçois régulièrement et périodiquement.

Un homme qui vient après moi et qui me passe me fait faire un demi-tour ; et un autre qui me croise de l’autre côté me remet soudain où le premier m'avait pris ; et je n’ai pas fait cent pas, que je suis plus brisé que si j’avais fait dix lieues. Ne crois pas que je puisse, quant à présent, te parler à fond des mœurs et des coutumes européennes : je n’en ai moi-même qu’une légère idée, et je n’ai eu à peine que le temps de m’étonner. Le roi de France est le plus puissant prince de l’Europe.

Il n’a point de mines d’or comme le roi d’Espagne son voisin ; mais il a plus de richesses que lui, parce qu’il les tire de la vanité de ses sujets, plus inépuisable que les mines.

On lui a vu entreprendre ou soutenir de grandes guerres, n’ayant d’autres fonds que des titres d’honneur à vendre ; et, par un prodige de l’orgueil humain, ses troupes se trouvaient payées, ses places munies, et ses flottes équipées. D’ailleurs ce roi est un grand magicien : il exerce son empire sur l’esprit même de ses sujets ; il les fait penser comme il veut.

Introduction : Lorsqu’il écrit cette Lettre Persanes, Montesquieu s’inspire de toute une tradition littéraire bien connue, que les lecteurs reconnaissent.

Mais Montesquieu ajoute un élément très novateur : il met en scène deux voyageurs persans qui racontent leur découverte de l’occident à travers des lettres.

Cela lui permet de faire passer des critiques de plus en plus acerbes.

Le regard oriental est très artificiel : Montesquieu s’en sert pour éviter la censure.

Notre texte commence par des remarques sur les rues de Paris, mais bientôt, Montesquieu, aborde des questions d’autant plus sérieuses.

Le roi et le Pape deviennent la cible de la satire.

Pb : En quoi ce regard sarcastique porté sur la vie quotidienne des Français permet-il la mise en œuvre d’une critique plus large de la figure royale absolue ?. »

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