explication linéaire gargantua chapitre 4
Publié le 23/05/2022
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«
Chapitre 4 de Gargantua, Rabelais
(1534)
Chapitre 4 : Comment Gargamelle étant grosse de Gargantua mangea profusion de
tripes
Voici en quelle occasion et de quelle manière Gargamelle accoucha, et, si vous ne le croyez
pas, que le fondement vous échappe !
Le fondement lui échappait, par un après-midi, le troisième jour de février, pour
qu’avoir mangé trop de gaubedillaux.
Les gaudebillaux sont de grasses tripes de coiraux.
Les
coiraux sont des bœufs engraissés à la crèche et dans les prés guimaux.
Les prés guimaux ,
ce sont ceux qui donnent de l’herbe deux fois par an.
Ces bœufs gras, ils en avaient fait tuer
trois cent soixante-sept mille quatorze pour qu’on les sale à Mardi gras, afin d’avoir au
printemps du bœuf de saison en abondance, de façon à pouvoir faire au début des repas un
bénédicité de salaisons, et mieux se mettre au vin.
Les tripes furent copieuses, comme vous vous en doutez, et si savoureuses que
chacun s’en léchait les doigts.
Mais le là où il y a eut bien une diablerie à grand spectacle,
c’est qu’il n’était pas possible de les mettre longtemps de côté car elles se seraient avariées,
ce qui paraissait inadmissible.
Il fut donc décidé qu’on les bâfrerait sans rien en perdre.
A
cette fin, ils convièrent tous les villageois de Cinais, de Seuilly, de la Roche-Clermault, de
Vaugaudry, sans oublier ceux du Coudray-Montpensier, du Gué de Vède et les autres, tous
bons buveurs, bons compagnons et fameux joueurs de quilles.
Le bonhomme Grangousier y prenait grand plaisir et commandait qu’on y aille à
pleines écuelles.
Il disait toutefois à sa femme d’en manger le moins possible, vu qu’elle
approchait de son terme et que cette tripaille n’était pas une nourriture très recommandable :
« On a, disait-il, grande envie de mâcher de la merde, si on mange ce qui l’enveloppe.
» En
dépit de ces remontrances, elle en mangea seize muids, deux baquets et six pots.
Oh ! la
belle matière fécale qui devait boursoufler en elle !
Après dîner, tous allèrent pêle-mêle à la Saulsaie, et là, sur l’herbe drue, ils
dansèrent au son des joyeux flageolets et des douces cornemuses, de si bon cœur que c’était
un passe-temps céleste que de les voir se rigoler..
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