explication linéaire E.L 20 J’aime l’araignée et j’aime l’ortie
Publié le 27/05/2024
Extrait du document
«
E.L 20
J’aime l’araignée et j’aime l’ortie
J'aime l'araignée et j'aime l'ortie,
Parce qu'on les hait ;
Et que rien n'exauce et que tout châtie
Leur morne souhait ;
Parce qu'elles sont maudites, chétives,
Noirs êtres rampants ;
Parce qu'elles sont les tristes captives
De leur guet-apens ;
Parce qu'elles sont prises dans leur œuvre ;
O sort ! fatals nœuds !
Parce que l'ortie est une couleuvre,
L'araignée un gueux ;
Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes,
Parce qu'on les fuit,
Parce qu'elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit.
///
Passants, faites grâce à la plante obscure,
Au pauvre animal.
Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,
Oh ! plaignez le mal ! ///
Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie ;
Tout veut un baiser.
Dans leur fauve horreur, pour peu qu'on oublie
De les écraser,
Pour peu qu'on leur jette un œil moins superbe,
Tout bas, loin du jour,
La mauvaise bête et la mauvaise herbe
Murmurent : Amour !
Introduction
Présentation de Poète majeur, romancier, dramaturge et écrivains français du XIXe s, Victor Hugo
l’auteure
constitue la source même avec d’autres auteurs du mouvement nommées le
romantisme.
Parti en exil, il publie les « Contemplations », recueil pour faire en
quelque sorte le deuil de sa fille décédée.
Présentation de De la même manière que Victor Hugo, homme a embrassé tout son siècle et qu’il
l’œuvre
fut un auteur complet, sa poésie entend parler de tout : du travail des enfants à la
douleur du deuil d’êtres chers, de Napoléon « le petit » à L’Art d’être grand-père.
Avec ses Contemplations, recueil de poèmes publié en 1856 pendant son exil, le
poète livre selon ses propres mots les « Mémoires d’une âme » et offre parmi les
plus belles pages de la poésie française.
Présentation de Le poète ne dédaigne aucun sujet et c’est ainsi qu’il en vient à évoquer et à
l’extrait
défendre dans « J’aime l’araignée et j’aime l’ortie » deux être vivants
habituellement décriés.
Ce poème est en 7 strophes de 4 vers avec alternance de
décasyllabes/pentasyllabes.
Bien loin de se livrer à un éloge paradoxal de ces deux
êtres, il en propose une autre vision, certes peu commune mais plus propre à en
cerner l’essence.
Il met en avant, à l’honneur, deux être vivant ordinairement
décriés, que les gens n’aiment pas.
Puis, le poète propose une autre vision du laid
et du mauvais, il veut faire voir le beau dans ce qui est communément considéré
comme laid et malfaisant.
En affirmant péremptoirement « J’aime l’araignée et
j’aime l’ortie », le poète se place du coté des petits.
Il a mis le premier vers en
guise de titre
Annonce de la Comment le poète propose-t-il un autre regard, novateur et « aimant » sur des
problématique êtres habituellement considérés comme laid ou mauvais, et comment, par làmême, procède-t-il à un renouvellement de la poésie ?
Annonce des
mouvements
I : Le poète se fait l’avocat de l’araignée et l’ortie.
II : Le poète apostrophe le lecteur, l’implore pour qu’il les prenne en pitié.
III : Le poète propose une poésie qui accueille tous les sujets.
Mouv 1
Strophe 1
« j’aime »
Répétition, parallélisme de Le vers 1 rapproche « araignée »
construction sur les goûts du et « ortie » dans une même
poète.
ostracisation(marginaliser
alors que tu ne le mérites pas)
« parce qu’on les hait »
Rythme avec le pentasyllabe → Le poète tranche avec le
tranchant + enjambement qui commun des mortels, il voit ce
souligne l’effet
qu’il faut voir.
« je »/ « on »
Opposition
Oppose le « je » bienveillant à
un « on » qui ne comprend rien
« j’aime »/ « parce qu’on les Antithèse
hait »
Témoigne de la volonté de
provocation de l’auteur car →
conjonction de subordination
censée exprimer une relation
logique de cause établit ici un
lien qui n’est pas logique.
« Et que rien n’exauce et que Double antithèse
Met en avant le fait que tout est
tout châtie » »
contre l’araignée et l’ortie (sauf
le poète qui met en scène sa
singularité).
« Leur morne souhait »
Adjectif péjoratif pour qualifier Ce presque oxymore montre
le souhait
que ces êtres n’ont pas de
revendications
démesurées,
bien au contraire.
« souhait »/« hait »
Rime
Redouble le verbe « hait ».
Anaphore
Insiste sur toutes les bonnes
raisons d’aimer l’araignée et
l’ortie.
Strophe 2
« parce que »
« parce qu’on »/ « parce
qu’elles »
Alternance du pronom exclusif Cela mime l’aller retour
« on » et du pronom « elles »
qu’effectue le poète entre le
regard des autres et le regard
qu’il porte, lui, sur l’araignée et
l’ortie.
« maudites »
Littéralement = reprouvées,
condamnées, rejetées
Termes très fort, mais qui
évoque aussi la malédiction
qu’a subie, selon la mythologie
grecque, Arachné ( elle osa
défier Athéna de se mesurer à
elle dans l'art du tissage.
En
colère du talent de celle-ci
Athéna la transforma en
araignée.).
« chétives »/ « captives »/
« guet-apens »/ « prises »/
« fatals nœuds »
Champ lexical de
l’emprisonnement
L’araignée et l’ortie sont
emprisonnées au sens propres
(l’araignée dans sa toile, l’ortie
dans la terre) comme au sens
figuré (prisonnières de la
mauvaise opinion des gens).
« maudites chétives » / « noirs
êtres rampants »
Énumération
Insiste sur tous les qualificatifs
péjoratifs qui leur sont
attribués.
« Noirs êtres rampants »
Toute la strophe 2
Êtres du côté de l’obscurité.
Allitération imitative en [t]
Mime le bruit discret de petites
pattes sur le sol.
Suite du champs lexical de
l’emprisonnement
Voir explication en haut.
« parce que »
Suite de la démonstration de
nouveau
Voir explication en haut.
« O sort ! Fatals nœuds ! »
2 exclamatives + « ô » lyrique
Démontrer le mauvais sort dont
Strophe 3
« prises » / « fatals nœuds »
l’araignée et l’ortie sont
victimes.
« L’ortie est un couleuvre, /
L ‘araignée un gueux »
2 métaphores
Souligne le rejet (rejet aussi en
termes de versification avec le
vers 12) dont elles sont
victimes.
Il y a un jeu avec la
polysémie du mot « rejet ».
« L’ortie est une couleuvre »
Ortie = couleuvre
Met en le caractère
supposément « traître »,
puisqu’on se fait surprendre par
l’ortie comme par la couleuvre (
l’araignée se camoufle comme
la couleuvre) se qui accentue
aussi le fait que l’ortie peut
mordre.
« l’araignée un gueux »
Métaphore, personnification
Étonnante métaphore qui
personnifie l’araignée et
introduit aussi l’idée qu’à
travers ces êtres décriés qui
doivent mendier leur
nourriture, qui ne suffisent pas à
eux....
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