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Explication linéaire de l’extrait de la scène 14, acte I des Fausses confidences, de Marivaux

Publié le 01/01/2024

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« Explication linéaire de l’extrait de la scène 14, acte I. depuis « DUBOIS.

– Son défaut, c'est là.

[…] » à « […] ARAMINTE, avec négligence.

– Actuellement ? » Dorante et Dubois viennent de faire semblant de ne pas se connaître (théâtre dans le théâtre).

Leur manège n’a pas échappé à Araminte qui demande à Dubois s’il connaît Dorante.

Après la surprise chez Araminte vient la curiosité, Dubois en disant à la fois trop et pas assez.

Trop, car il dit bien connaître Dorante.

Pas assez, car il laisse entendre l’existence d’une brouille, de quelque chose qui n’est pas très net en Dorante, qu’il vient de qualifier juste avant l’extrait de « démon ».

Araminte redoute d’avoir embauché comme intendant un escroc : «Est-ce que ce n’est pas un honnête homme ? », mais l’éloge que Dubois fait de Dorante rassure Araminte sur l’honnêteté de son intendant.

Elle ne peut pas trouver mieux : « Il a peut-être plus d’honneur à lui tout seul que cinquante honnêtes gens ensemble.» Mais ce faisant il suscite davantage encore la curiosité d’Araminte : de quoi son intendant, d’une honnêteté sans pareille, peut-il être coupable ? qu’a-t-il à se reprocher ? ou que peuton lui reprocher ? Problématique : Comment Dubois parvient-il à manipuler Araminte ? 24681012141618202224- DUBOIS.

– Son défaut, c'est là.

Il se touche le front.

C'est à la tête que le mal le tient. ARAMINTE.

– À la tête ? DUBOIS.

– Oui, il est timbré, mais timbré comme cent. ARAMINTE.

– Dorante ! Il m'a paru de très bon sens.

Quelle preuve as-tu de sa folie ? DUBOIS.

– Quelle preuve ? Il y a six mois qu'il est tombé fou ; il y a six mois qu'il extravague d'amour, qu'il en a la cervelle brûlée, qu'il en est comme un perdu ; je dois bien le savoir, car j'étais à lui, je le servais ; et c'est ce qui m'a obligé de le quitter, //et c'est ce qui me force de m'en aller encore, ôtez cela, c'est un homme incomparable. ARAMINTE, un peu boudant.

– Oh bien ! Il fera ce qu'il voudra ; mais je ne le garderai pas : on a bien affaire d'un esprit renversé ; et peut-être encore, je gage, pour quelque objet qui n'en vaut pas la peine ; car les hommes ont des fantaisies... DUBOIS.

– Ah ! Vous m'excuserez ; pour ce qui est de l'objet, il n'y a rien à dire.

Malepeste ! Sa folie est de bon goût. ARAMINTE.

– N'importe, je veux le congédier.

Est-ce que tu la connais, cette personne ? DUBOIS.

– J'ai l'honneur de la voir tous les jours ; c'est vous, Madame. ARAMINTE.

– Moi, dis-tu ? DUBOIS.

– Il vous adore ; il y a six mois qu'il n'en vit point, qu'il donnerait sa vie pour avoir le plaisir de vous contempler un instant.

Vous avez dû voir qu'il a l'air enchanté, quand il vous parle. ARAMINTE.

– Il y a bien en effet quelque petite chose qui m'a paru extraordinaire.

Eh ! Juste ciel ! Le pauvre garçon, de quoi s'avise-t-il ? DUBOIS.

– Vous ne croiriez pas jusqu'où va sa démence ; elle le ruine, elle lui coupe la gorge.

Il est bien fait, d'une figure passable, bien élevé et de bonne famille ; mais il n'est pas riche ; et vous saurez qu'il n'a tenu qu'à lui d'épouser des femmes qui l'étaient, et de fort aimables, ma foi, qui offraient de lui faire sa fortune et qui auraient mérité qu'on la leur fît à elles-mêmes : il y en a une qui n'en saurait revenir, et qui le poursuit encore tous les jours ; je le sais, car je l'ai rencontrée. ARAMINTE, avec négligence.

– Actuellement ? 1er mouvement : la révélation de la folie de Dorante DUBOIS.

– Son défaut, c'est là.

Il se touche le front.

C'est à la tête que le mal le tient. ARAMINTE.

– À la tête ? DUBOIS.

– Oui, il est timbré, mais timbré comme cent. ARAMINTE.

– Dorante ! Il m'a paru de très bon sens.

Quelle preuve as-tu de sa folie ? DUBOIS.

– Quelle preuve ? Il y a six mois qu'il est tombé fou ; il y a six mois qu'il extravague d'amour, qu'il en a la cervelle brûlée, qu'il en est comme un perdu ; je dois bien le savoir, car j'étais à lui, je le servais ; et c'est ce qui m'a obligé de le quitter, //et c'est ce qui me force de m'en aller encore, ôtez cela, c'est un homme incomparable. → une confidence comique : comique de geste (didascalie) – comique de mot – images éloquentes et hyperboles – champ lexical de la folie → Dubois raconte de manière à piquer la curiosité d’Araminte, (→ pathos du triangle persuasif d’Aristote (p.

42, éd. Carrés classiques) : • 1re réplique de Dubois : propositions courtes, avec présentatifs « c’est » et geste, passage de « défaut » à « mal » = gradation ascendante ; habileté : il met en avant la folie car c’est ce qui peut faire le plus peur à la raisonnable Araminte (elle le confirme en demandant des preuves) ; • ménage le suspense, la tension monte: ne révèle pas d’abord la nature du mal ; nomme ensuite le mal = « amour », se répète (circonstances + expressions équivalant « tomber amoureux ») sans révéler l’objet de la passion. • l brosse un portrait paradoxal de Dorante : antithèse « fou » ≠ « un homme incomparable » (exceptionnel) ; « ôtez cela » : le seul défaut = sa passion ; il dépeint Dorante en amoureux fou d’amour, tel qu’on en trouve dans les romans galants de l’époque. • A.

est raisonnable mais aussi intriguée : ses questions ; → Dubois se présente comme un homme fiable et raisonnable → l’ethos du triangle persuasif d’Aristote) : il est nécessaire à son plan qu’Araminte ait confiance en lui. • A.

semble incrédule, raisonnable : l’exclamation + antithèse renforcée par l’adverbe d’intensité « très » ; elle demande une justification : « preuve » ; • Dubois se montre sûr de lui : il rebondit sur le mot « preuve » + cite des faits bien situés dans le temps anaphore de « il y a six mois » + modalité de certitude + explication introduite par la conjonction de cause « car » ; • il est digne de confiance car il sait prendre de bonnes décisions face à la folie incontrôlable de Dorante : rythme binaire et parallélisme de construction (« c’est ce qui + verbe signifiant une contrainte + infinitif signifiant le départ) + passage du PC (le passé) au présent d’énonciation (l’actualité) : il a tjrs la même conduite raisonnable, 2e mouvement : la révélation de l’objet de la passion de Dorante ARAMINTE, un peu boudant.

– Oh bien ! Il fera ce qu'il voudra ; mais je ne le garderai pas : on a bien affaire d'un esprit renversé ; et peut-être encore, je gage, pour quelque objet qui n'en vaut pas la peine ; car les hommes ont des fantaisies... DUBOIS.

– Ah ! Vous m'excuserez ; pour ce qui est de l'objet, il n'y a rien à dire.

Malepeste ! Sa folie est de bon goût. ARAMINTE.

– N'importe, je veux le congédier.

Est-ce que tu la connais, cette personne ? DUBOIS.

– J'ai l'honneur de la voir tous les jours ; c'est vous, Madame. ARAMINTE.

– Moi, dis-tu ? → Dubois, manipulateur habile • ethos : d’une part, il se pose en serviteur respectueux : formules de politesse et en profite pour la flatter par qui suggèrent qu’elle est belle ; d’autre part, il parle familièrement pour feindre la spontanéité et donc.... »

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