Explication de texte Schopenhauer: «Tout vouloir procède d'un besoin, c'est à dire d'une privation, c'est à dire d'une souffrance. La satisfaction y met fin»
Publié le 15/05/2020
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Explication de texte Schopenhauer: «Tout vouloir procède d'un besoin, c'est à dire d'une privation, c'est à dire d'une souffrance.
La satisfaction y met fin»
Dans ce texte d'Arthur Schopenhauer, extrait du « Monde comme volonté et comme représentation » de 1818, Schopenhauer traite ici du désir, maiscomme une forme particulière du vouloir.L'auteur soutient d'ailleurs la thèse selon laquelle « Tout vouloir procède d'un besoin, c'est-à dire d'une privation, c'est-à-dire d'une souffrance.
Tous lesdésirs humains, les souffrances, ne sont pas véritablement éteints mais au contraire perpétuellement relancés lorsque les hommes cherchent à lessatisfaire.
La souffrance renaitrait donc continuellement.Le texte est organisé selon trois moments.
Le premier consiste à dire que le désir est vécu comme un manque et que ça satisfaction engendre le plaisir,mais pour une durée éphémère.
Le désir serait en lui-même une souffrance qui ne s'achèverait donc que provisoirement.
Enjeu : Dans sa conception pessimiste du désir Schopenhauer recommande de se libérer du vouloir c'est-à-dire du désir.
Tout l'enjeu est donc de mettre finau désir pour atteindre le repos de l'âme, l'ataraxie c'est-à-dire le seul état qui se rapproche un tant soit peu du « bonheur ».
La définition du désir comme "recherche d'un manque", tel que le définit Schopenhauer dans ce texte, est classique dans l'histoire de la philosophie.Etymologiquement, le terme de "désir" vient du latin "desiderare" : désirer, c'est "être privé de contempler les étoiles".
Nous désirons donc de ce dont noussommes privés.
Nous comprenons de surcroît que cette privation entraîne une souffrance, et nous rend malheureux.
Dès lors, que faudrait-il faire pour nepas souffrir ? Schopenhauer propose une solution : pour cesser de souffrir, il faut cesser de désirer.
I-
Selon Schopenhauer, qui ne fait pas la distinction vouloir/désir, le désir renvoie à une privation, à un manque donc à une souffrance.
Ce qui met fin à cettesouffrance est la satisfaction du désir, qui permet à l'homme d'accéder à un court moment de plaisir, de bonheur.
(«Tout vouloir procède d'un besoin, c'est àdire d'une privation, c'est à dire d'une souffrance.
La satisfaction y met fin» lignes 1 et 2).
Mais le désir suit un cycle infini, il renait sans cesse, se reporteconstamment sur autre chose ; il est donc de nature contradictoire puisqu'une fois satisfait, il renait encore et encore.
C'est pourquoi la satisfaction ne peutprocurer aucune plénitude, aucun bonheur durable («le désir est long, et ses exigences tendent à l'infini ; la satisfaction est courte, et elle estparcimonieusement mesurée.
(…) Le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir (…).
La satisfaction d'aucun souhait ne peutprocurer de contentement durable et inaltérable» l.4-6).
II-La volonté : elle désignerait au contraire, selon les philosophes rationalistes, le pouvoir raisonnable de se déterminer par soi-même, de manièreresponsable, indépendamment de toute cause extérieure : la raison étant alors seule déterminante.
Par la volonté, nous nous déterminerions nous-mêmesen dehors de l'élan de la passion.
La volonté serait seule à même de surmonter les tentations ou les contradictions du désir en orientant raisonnablementl'action humaine vers un bien choisi de manière réfléchie.
Schopenhauer rejette cette distinction entre volonté et désir et assimile implicitement au début du texte les désirs à des formes particulières du vouloirhumain.
Par ce mot, il faut entendre une expression particulière, une manifestation de la volonté lorsqu'elle investit la conscience [lignes 9-10].
Le vouloirest donc directement connecté à la dimension affective du désir… et à ses souffrances.
On voit dès lors que ce texte non seulement s'écarte de latradition rationaliste mais prend aussi le contre-pied d'une position habituellement admise et même réputée indiscutable : celle qui fait de la satisfaction dudésir la source obligée du bonheur humain.
En s'appuyant sur une argumentation logique très serrée, Schopenhauer soutient la thèse exactement inverse :le désir procède de la souffrance et y conduit lui-même inéluctablement.
Donc désirer et chercher à satisfaire ses désirs, ce qui forme l'ordinaire del'existence humaine c'est à dire des mouvements du vouloir, conduisent l'homme à faire nécessairement son malheur.
Mais ce sentiment habite laconscience de telle manière que le manque aiguillonne, c'est à dire oriente, les attitudes et la conduite de celui qui désire : le désir est tension, élan vers larecherche de satisfaction
III- Comment le bonheur peut il exister si la conscience est en permanence troublée par ses volontés et ses craintes ?D'après lui, «tant que notre conscience est remplie par notre volonté, tant que nous sommes asservis à l'impulsion du désir, aux espérances et aux craintescontinuelles qu'il fait naître, tant que nous sommes sujets du vouloir, il n'y a pour nous ni bonheur durable, ni repos».
Le désir présente un caractère illimité,un mouvement incessant et renvoie l'homme à son incomplétude c'est pourquoi l'auteur affirme que le désir est souffrance.
Conclusion :
Ainsi, tout au long du texte, Schopenhauer nous montre que la satisfaction des désirs elle-même s'avère illusoire.
La satisfaction ne comble pas du tout leshommes et ne leur apportent nullement le bonheur.
Enfin, il conclut en démontrant que, nécessairement, les hommes ne sont pas heureux lorsque leurconscience est soumise à l'impulsion de tous leurs désirs : ils s'enferment au contraire dans un cycle sans fin de souffrances infernales.
Le désir estinsatiable…Il est difficile de connaître une satisfaction durable et nous sommes condamnés à vivre éternellement dans les souffrances de laprivation.
On peut interpréter Schopenhauer de trois manières : (1) le bonheur n'existe pas ; (2) le bonheur est seulement négatif, l'absence de malheur ; (3)le bonheur est atteint quand on se défait du vouloir-vivre.
En fait, ces trois thèses sont toutes vraies (pour Schopenhauer) : leur seule différence réside dansl'emploi qu'elles proposent du mot « bonheur ».
On peut donc affirmer, qu'aux yeux de Schopenhauer, l'homme est esclave du désir et oscille entre lasouffrance (quand le désir est encore insatisfait) et l'ennui (après la satisfaction).
La souffrance est alors notre condition.
Sujet désiré en échange :
" SIGMUND FREUD : MALAISE DANS LA CIVILISATION (Résumé & Analyse)".
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