Explication de texte philosophique extrait tiré de La psychanalyse du feu, Bachelard
Publié le 10/06/2022
Extrait du document
«
L’analyse scientifique passe par l’observation du réel.
Néanmoins si l’observation est
nécessaire peut-être qu’elle ne suffit pas et doit être accompagnée par un travail
d’objectivation.
Dans cet extrait tiré de La psychanalyse du feu, Bachelard s’interroge sur la
manière qu’il faudrait employer pour raisonner objectivement en sciences.
Le philosophe présente une thèse selon laquelle raisonner objectivement c’est se
défaire de la “sensation” et de l’empreinte subjective.
Il présuppose donc que l’observation
d’un objet ne suffit pas car le choix de ce même objet n’est pas objectif.
Cette erreur loin
d'être un obstacle insurmontable devient un atout pour appréhender aux mieux l’objectivité
scientifique.
La méthode qu’il propose, fortement inspirée par celle cartésienne, consiste à
remettre en question les apparences.
Mais pas seulement, on découvre qu’il est impératif de
refouler les sensations afin d’aboutir à l’objectivité.
Bachelard conclut que cette méthode
n’est propre qu'aux sciences du monde inerte et diffère de celles de l’analyse des hommes.
Cette nette distinction est dite rupture épistémologique.
On pourra donc, à la suite de ce texte, interroger une telle position.
Quels sont les
causes de l’inexactitude scientifique, du manque d’objectivité? Comment les éviter par une
méthode? A quels domaines scientifiques ladite méthode s'applique-t-elle? La démarche
scientifique doit-elle nécessairement faire preuve d’objectivité?
Bachelard, dans cet extrait, ne présente pas d’emblée sa thèse mais soutient ce qu’il
ne faut pas faire en sciences.
Il considère en effet que le choix d’un objet induit en erreur.
Il
s’agit d’obstacles épistémologiques qui nous mènent à de choisir les objets à partir de
l’évidence qui “n’est pas une vérité fondamentale”, dont il faut se méfier.
L’emploi des verbes
“croire” et “croyons” est emblématique car il souligne que l'expérience est mensongère.
La
vision de Bachelard s’oppose à l’empirisme de Locke.
Le philosophe anglais affirme en effet
que l'expérience est le “fondement de toutes nos connaissances”.
Ainsi l’auteur met en
évidence dès le début les obstacles qui empêchent toute objectivité, le premier étant
l'observation elle-même.
Mais alors pourquoi nous trompons-nous dans le choix d’un objet? Bachelard affirme
que c’est dans le choix même que réside l’empreinte la plus forte de notre subjectivité.
D’où
la formulation “l’objet nous désigne plus que nous le désignons”.
L’objet est indicateur de
notre personnalité, il est notre marque.
Il ajoute aussi que “ce que nous croyons nos
pensées fondamentales sur le monde sont souvent des confidences sur la jeunesse de
notre esprit”.
L’expression “jeunesse de notre esprit” renvoie à l’idée de l’enfance enfouie qui
surgit et nous détermine.
Sans que nous le sachions, nos choix sont déterminés par des
éléments par nous incontrôlables.
De même le sentiment d’émerveillement (“nous nous
émerveillons”) est reconductible à l’idée d’un enfant caché dans nous, un “fanciullino”
comme le dirait Pascoli qui regarde le monde à travers le prisme de l’émotion et du.
»
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