Explication de texte Nietzsche de L’ANTECHRIST
Publié le 15/04/2021
Extrait du document
«
Explication de texte philosophie de Nietzsche
Texte :
« Il est si peu vrai que des martyrs prouvent quoi que ce soit quant à la vérité d’une cause, que je suis tenté de nier qu’aucu n
martyr ait jamais eu rien à voir avec la vérité.
Le ton sur lequel un martyr jette à la face du monde ce qu’il « tient - pour - vra i »
exprime déjà un niveau si bas de probité intellectuelle, une telle indifférence bornée pour le problème de la vérité, qu’il n ’est
jamais nécessaire de réfuter un martyr.
La vérité n’est pas quelque chose que l’un posséderait et que l’autre n’aurait pas : seuls
des paysans et apôtres de paysans à la Luther peuvent concevoir ainsi la vérité.
On peut être assuré que sur ce point la
modestie, la modération, augmentent en fonction du degré de conscience que l’on apporte aux choses de l’esprit.
Savoir à fond
cinq ou six choses, et refuser poliment de savoir autre chose… prendre la vérité au sens où tout prophète, tout adepte d’une
secte, tout libre - penseur, tout socialiste, tout homme d’ Église prend ce mot, c’est la preuve absolue que l’on n’est pas encore
sur la voie de cette discipline intellectuelle, de cet empire sur soi, indispensable pour trouver une vérité, si minime soit - elle.
Les
martyrs, soit dit en passant, ont été dans l’histoire un grand malheur : ils ont séduit… La conclusion tirée par tous les im béciles,
femmes et populace comprises, qu’il doit bien y avoir quelque chose de vrai dans une cause pour laquelle quelqu’un accepte de
mourir (ou bien même, qui, comme le christianisme primitif, provoque des épidémies de suicides), cette conclusion a const itué
un obstacle considérable à l’examen, à l’esprit d’examen et de prudence.
Les martyrs ont fait tort à la vérité… Maintenant
encore, il suffit d’une persécution un peu rude pour donner un renom de respectabilité au plus banal des sectarismes… Eh
quoi ? La valeur d’une cause change - t- elle parce qu’on donne sa vie pour elle ? ».
Le texte soumis à notre étude est de Nietzsche , il est extrait de L’ANTECHRIST.
Dans ce texte
il est question d u martyr et de la recherche rationnelle de la vérité .
A la question de savoir
quel est le rapport qui existe entre le martyr et la vérité ? Pour mieux appréhender le texte de
Nietzsche nous le diviserons en deux mouvements.
Le premier mouvement part de la ligne (1 -
1 2 ) : Dans cette première partie l’auteur r épond à cette préoccupation pour dire que le martyr
fonde la vérité d’une cause ou d’une foi sur le fait que l’on accepte de subir la mort pour elle.
Il se situe donc à un niveau existentiel, personnel, ultime.
Il exprime qu’a ucun homme ne peut
donner plus que sa vie pour un idéal : le « raisonnement » du martyr consiste à situer la vérité
dans le caractère absolu du don de soi qu’induit le sacrifice de son existence. Enfin dans le
second mouvement part de la ligne (1 2 - 19 ) : l’auteur montre ce qui est suppo sé fonder la
vérité de la thèse défendue, c’est justement le fait qu’on ne peut pas la suivre.
Le geste du
martyr impressionne, « intimide », mais il se positionne sur un registre qui est celui du
pathétique et non de la raison.
On ne peut pas être convain cu par le sacrifice d’un martyr,
mais on peut en être ému, touché.
Rien n’explique son attitude.
Celle - ci fait simplement signe,
d’une intensité d’implication.
Tout d’abord , dans la première phrase du texte, Nietzsche commence par affirmer sa thèse . A
l’ origine le m artyre est celui qui se sacrifie pour sa foi. Par extension un martyr est celui qui se
sacrifie pour témoigner de sa foi. La vérité doit être ici interprété au sens large de « valeur »
comme le confirme la deuxième partie du texte. Nietzsche veut démontrer que non seulement
le sacrifice n’est pas critère de vérité mais il n ’ y a aucun lien entre fanatisme et vérité, l’un
relève de la croyance irrationnelle et l’autre de l ’analyse rationnelle .
Cette absence de lien est
donc totale.
Le premier argument de Nietzsche trait e l'attitude intellectuelle du martyr.
Paradoxalement,
la première chose que Nietzsche reproche au martyr est sa « certitude » .
Pourtant celui qui
détient la véritable connaissance n'est - il pas certain de ce qu'il avance ? Mais en fait, la
certitude, entend ue comme sentiment subjectif de détenir la vérité, n'est pas une condition
suffisante de la vérité.
On n'est en principe certain que de ce que l'on sait, c'est - à - dire de ce
qui est à la fois vrai et connu comme tel, donc justifié.
Mais ici, il s'agit moins d'être convaincu
de quelque chose en ce sens que l’on est certain , état d'esprit de celui qui tient son jugement
pour vrai sans envisager la possibilité de le remettre en cause. Le martyr n'argumente pas, il
provoque ("jeter à la face").
Il n'a pas d'inte rlocuteur privilégié : il s'adresse à tous, c'est - à - dire.
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