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Exemple de commentaire littéraire de la fable de Jean de la Fontaine : le Chat la Belette et le petit Lapin

Publié le 02/12/2021

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Exemple de commentaire littéraire de la fable de Jean de la Fontaine : le Chat la Belette et le petit Lapin. Ce document contient 1779 mots soit pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format PDF sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en: Echange.


 

Rappels de méthode :
-le commentaire doit être « composé « : il faut trouver des « axes «, des centres d'intérêt qui permettent de construire une explication utile et de mettre en valeur la singularité et la qualité du texte.
Ici on peut proposer un plan en deux parties : sur l'art d'écrire de la Fontaine, puis sur les significations de sa fable ; on pouvait aussi adopter d'autres organisations comme ce plan thématique : 1- la symbolique animale 2- la progression du récit et des dialogues 3- histoire et actualité des thèmes

-l'introduction comporte trois parties : 1-présentation du texte (on peut engager le propos par des considérations sur le genre littéraire, l'auteur, le mouvement culturel, le thème…), de son auteur, du contexte, et éventuellement la place de l'extrait dans un ensemble. 2-présentation de l'orientation de lecture choisie, ou d'une « problématique « 3- annonce du plan adopté pour traiter ce projet de lecture.
Ici ces trois éléments sont différenciés par les couleurs : noir / bleu / rouge

-le paragraphe de commentaire doit absolument éviter la « paraphrase «, c'est-à-dire les redites et la simple description du texte. Pour cela, vérifier la logique de la construction de ces paragraphes : observation / citation / conclusion. Ici les trois éléments sont différenciés par les couleurs : noir / bleu / rouge

-les différentes parties et les paragraphes apparaissent clairement dans la mise en page : alinéa pour chaque paragraphe, et une ligne entre l'introduction et la suite, entre les grandes parties, et avant la conclusion.
-il est souhaitable de ménager des formules de transition
-la conclusion répond au projet de lecture annoncé dans l'introduction. Il est habile de finir sur une « ouverture « vers d'autres perspectives (rapprochement avec d'autres textes, réflexion sur la portée de l'œuvre de l'auteur, sa postérité…)

Soigner l'écriture (la graphie), la mise en page (passer une ligne sur des feuilles à petits carreaux), souligner les titres des œuvres (entre guillemets : les titres des extraits, ceux des fables en particulier), pas de chiffres (hormis les dates ; attention également aux chiffres romains pour les siècles), pas de citation tronquée (tous les mots cités doivent constituer une phrase correcte)
Préserver un temps de relecture pour traquer les fautes d'orthographe évidentes

La fable est un genre littéraire qui remonte à l'Antiquité gréco-latine. Destinée à instruire en divertissant, elle fut reprise tout au long de l'histoire jusqu'à ce que Jean de la Fontaine, un homme de cour du « Grand Siècle « français, en fasse sa spécialité : il mêle son inspiration à celle de ses prédécesseurs et publie de 1670 à 1693 douze livres de fables dont le premier recueil est dédié au Dauphin de France. La fable intitulée le Chat la Belette et le petit Lapin, la seizième du livre VII, se rapproche d'un conte peuplé d'animaux familiers ; c'est plus précisément un apologue qui a pour fonction de transmettre un enseignement par le biais d'une histoire, ici sur la question de la légitimité, par la « loi « ou par la « coutume «, de la propriété. Et nous retrouvons dans cette scène tout l'art du fabuliste, qui repose sur la vivacité d'un récit bien mené, satirique, jusqu'à une morale explicite et efficace, rappelant à l'ordre les « petits souverains « belliqueux.

Le fabuliste mène son récit selon le schéma narratif traditionnel du conte, afin de proposer au lecteur la progression rassurante d'une histoire où les personnages sont peu à peu présentés, et où les péripéties s'enchaînent de manière vivante vers une solution attendue. Certes une situation initiale harmonieuse n'est guère évoquée dans les premiers vers, puisque l'élément perturbateur est rapidement imposé par le verbe « s'empara « rejeté au début du troisième vers. Mais immédiatement le dialogue entre des personnages précise toute la complexité juridique de leur controverse, jusqu'à l'arbitrage décisif du chat souverain : les plaideurs sont définitivement « d'accord «. Cette structure permet à l'auteur de donner toute sa force à sa démonstration : la vaine agitation est brusquement punie par une force dont on avait oublié l'omnipotence et la violence.
Tout au long du récit, les personnalités des protagonistes apparaissent. C'est la belette évoquée par la périphrase « la dame au nez pointu «, qui entre en scène la première, aussitôt définie par son caractère « rusé « et sournois : elle vole le terrier en l'absence du propriétaire, et saura par la suite argumenter face au lapin. Ce « Janot « apparait bien ridicule (le nom commun lui-même désigne dans l'ancienne langue un personnage perpétuellement berné) lorsqu'il gambade dans la campagne, insouciant de la menace qui pèse sur ses biens. Quant au chat, personnage dont la présence et l'action apparaissent récurrentes dans nombre de fables, « bon apôtre «, « bien fourré, gros, gras « il saura rassurer par sa « chattemite « mais bien sûr imposera sa nature féroce.
L'écriture du fabuliste, imagée, rythmée, donne toute son originalité à cette mise en scène pittoresque. Comme souvent l'auteur choisit d'alterner des vers longs et des vers plus courts, pour marquer l'opposition entre des situations sereines et les agitations soudaines : la belette ainsi s'installe tranquillement, au rythme lent de l'alexandrin : « Le maître étant absent, ce lui fut chose aisée. / Elle porta chez lui ses pénates, un jour / Qu'il était allé faire à l'aurore sa cour « (v.4-6) ; mais les octosyllabes qui suivront révèlent toute la surprise et la colère du petit lapin impuissant : « Hola! madame la belette, / Que l'on déloge sans trompette « (v.13-14). Un rythme imitatif apparait parfois pour donner vie à la narration : le lecteur peut se représenter l'allure bondissante et joyeuse du lapin champêtre dans le vers marqué par l'allitération en « t « : « Après qu'il eut brouté, trotté, fait tous ses tours « (v.8), comme il peut entendre, par l'allitération en « r «, le grondement inquiétant de « Raminagrobis «, l'énorme chat « bien fourré, gros et gras, / Arbitre expert sur tous les cas « (v.34-35). Par ailleurs on peut déceler la satire indirecte du fabuliste à l'égard de ses personnages : la belette n'est guère si « rusée « puisqu'elle ne saura pas sentir le danger et s'offrira sans méfiance à la punition féline. Le « jeune lapin «, animal de basse-cour, devrait plutôt, de son côté, se préoccuper du « paternel logis «, son rustique « souterrain séjour «, plutôt que prétendre à « faire sa cour «, à invoquer en « maître et seigneur « les « dieux hospitaliers «, ou à argumenter sur « la coutume et l'usage « ! Quant au « saint homme de chat «, cité en premier dans le titre de la fable, il donne à la justice, par son habileté à tromper, une fonction bien dévoyée.
Cet art du fabuliste, original et enjoué, est donc au service du « divertissement « ; mais par là-même, il sert surtout la portée du propos, ici moqueur et critique.

Comme souvent dans ses fables, La Fontaine utilise la symbolique animale pour critiquer les caractères de ses contemporaines victimes de leurs passions : il est important de bien définir les défauts de chacun afin d'amener la leçon explicite. C'est bien l'envie et la violence qui poussent la belette « rusée « à s'approprier le domaine du lapin : elle guette sournoisement la bonne occasion, et « Le maître étant absent, ce lui fut chose aisée « (v.4) de s'installer illégalement, alors qu'hypocritement elle développera son argumentaire sur la force de la « loi « : « Je voudrais bien savoir, dit-elle, quelle loi / En a pour toujours fait l'octroi / A Jean, fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume, / Plutôt qu'à Paul, plutôt qu'à moi.« (v.21-24). C'est la prétention qui amène le lapin, « maître et seigneur « des lieux, à quitter imprudemment un « paternel logis « ; il est incapable ensuite de proposer une défense convaincante qui repose sur « la coutume et l'usage «. Le chat de son côté apparait familièrement protecteur : « Mes enfants, approchez, / Approchez, je suis sourd, les ans en sont la cause « (v.39-40). Mais, Jetant des deux côtés la griffe en même temps « (v.44), c'est pour mieux agir à son profit. La moquerie porte donc sur les défauts de chacun : un lapin trop prétentieux, une belette agressive mais naïve, et un chat hypocrite et corrompu.

Mais au-delà de ces travers de caractères et de mœurs, la satire porte aussi ici sur des problèmes de politique sociale, et de rapports de forces au sein des hiérarchies aristocrates de l'ancien régime. Le lapin et la belette sont assimilés aux petits nobles de province, qui ne quittent leurs préoccupations locales mesquines que pour aller « faire leur cour « auprès des puissants afin de recueillir des avantages, «brouter «, et pour cela flatter en bons courtisans et paraître à leur avantage : « [ trotter, faire ] ses tours « (vers 8). La Fontaine dit ailleurs (Le Renard, les mouches et le hérisson) : « Nous ne trouvons que trop de mangeurs ici-bas : / Ceux-ci sont courtisans, ceux-là sont magistrats « . Nous retrouvons bien là nos animaux, le « mangeur « pouvant aussi être qualifié de faux « dévot ermite «. Les deux derniers vers, présentés comme la moralité, semblent donner une solution au problème de la propriété légitime : cette histoire « ressemble fort aux débats qu'ont parfois / Les petits souverains se rapportant aux rois « (v.46-47) ; en fait, ce qu'il ne faut surtout pas risquer, c'est de déranger l'ordre établi : les querelles des petits nobles ne doivent pas venir, « se [rapporter] au roi « (v.48) altérer une vie de cour fondée sur l'apparat. Et il y aura assez de subalternes zélés (ici le « chat bien fourré «) pour régler par l'arbitraire le plus total les conflits dérangeants de la petite aristocratie : il suffit que l'organisation judicaire, « Jetant des deux côtés la griffe en même temps, / [Mette] les plaideurs d'accord en croquant l'un et l'autre «, et réprime le désordre !

Ainsi la savoureuse fable « le Chat, la Belette et le petit Lapin «, par sa gaité sautillante et la présentation réaliste de caractères humains illustre bien l'art d'écrire de Jean de La Fontaine. L'histoire nous amuse et nous fait réfléchir ; le fabuliste nous rappelle encore que « le plus simple animal nous y tient lieu de maître «, et qu' « en cette sorte de feinte il faut instruire et plaire« (Le Pâtre et le Lion). Le récit bien organisé, les dialogues vivants, le retournement de situation final nous divertissent et amènent à la réflexion, sur des sujets éternels comme le droit à la propriété privé, et le droit de conquête. Pas de ton polémique, cependant, puisque le propos reste gai, plaisant. Mais ne peut-on voir de la part de la Fontaine, au-delà de la moquerie contre les faux dévots, les magistrats et les courtisans, une satire des rois à l'esprit conquérant ? N'avait-pas déjà fait allusion aux guerres de conquête de son époque, dans une fable du premier livre, « les Voleurs et l'Ane « ?
L'Ane c'est quelquefois une pauvre Province.
Les voleurs sont tel ou tel prince,
Comme le Transylvain, le Turc, et le Hongrois. «

 

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