Événements merveilleuxEn entrant dans le salon des Stahlbaum, il y a, le long du mur de gauche, une grandearmoire vitrée dans laquelle les enfants rangent tous les beaux cadeaux qu'ils reçoiventchaque année.
Publié le 23/05/2020
Extrait du document
«
Événements merveilleux
En entrant dans le salon des Stahlbaum, il y a, le long du mur de gauche, une grande
armoire vitrée dans laquelle les enfants rangent tous les beaux cadeaux qu'ils reçoivent
chaque année.
Dès que Marie se trouva seule, elle fit ce qui lui tenait tant à c œ ur et qu'elle n'avait
pu, sans savoir pourquoi, avouer à sa mère.
Pendant tout ce temps, elle avait gardé dans ses
bras son petit blessé, toujours emmailloté dans son mouchoir.
Elle le posa alors
précautionneusement sur la table, défit délicatement le mouchoir et examina les blessures.
Casse-Noisette était très pâle, mais il jeta à Marie un regard à la fois triste et tendre qui
lui alla droit au c œ ur .
« Cher Casse-Noisette, dit-elle tout bas, j'espère que tu n'en veux pas à mon frère Fritz
de t'avoir blessé, il ne te voulait aucun mal.
Tu vois, c'est la rude vie de soldat qui l'a
quelque peu endurci, autrement, je t'assure qu'il n'est pas méchant.
Et maintenant, je vais
te soigner le mieux possible jusqu'à ce que tu te rétablisses tout à fait et que tu retrouves
le sourire.
On va te remettre convenablement tes dents, et le parrain Drosselmeier te
replacera parfaitement les épaules, il sait très bien faire cela.
»
Et, prenant Casse-Noisette dans ses bras, elle s'approcha de l'armoire aux jouets,
déposa doucement Casse-Noisette dans le lit de sa poupée, prit un joli ruban qu'elle portait
ordinairement à la taille pour l'enrouler autour des épaules du blessé et lui remonta les
couvertures jusqu'au nez.
Marie prit le lit où reposait Casse-Noisette et le déposa sur
l'étagère du dessus, juste à côté du petit village où étaient cantonnés pour la nuit les
hussards de Fritz.
Puis elle referma l'armoire aux jouets et s'apprêta à regagner sa
chambre quand, soudain, elle entendit des chuchotements et des bruissements autour
d'elle.
La grande horloge se mit à ronronner de plus en plus fort, mais sans sonner pour
autant.
Le ronronnement s'accentua, et des paroles s'élevèrent soudain :
« Horloge, horloge, ne sonnez pas, ronronnez doucement Le roi des rats a l'oreille fine,
vous savez...
rrr...
rrr...
Chantez-lui la vieille rengaine de jadis...
rrr...
rrr...
Sonnez, carillon,
sonnez! Ding dong, ding dong! Il n'en a plus pour longtemps.
»
Et l'horloge sonna les douze coups de minuit, douze coups sourds et rauques.
Marie frémit.
Elle allait s'enfuir en courant quand elle vit le parrain Drosselmeier,
assis sur le haut de l'horloge, à la place de la chouette.
Les pans de son manteau
retombaient de chaque côté comme deux grandes ailes déployées.
« Parrain Drosselmeier ! Parrain Drosselmeier ! s'écria Marie.
Que fais-tu là-haut ?
Descends et arrête de me faire peur, méchant parrain Drosselmeier ! »
Mais alors elle entendit des ricanements et des sifflements autour d'elle, suivis par
le bruit de milliers de petites pattes qui trottinaient derrière les murs, et des milliers de
petites lumières apparurent entre les fentes du plancher.
Mais ce n'était pas des lumières.
Mais non ! c'étaient des milliers de petits yeux pétillants.
Et Marie ne tarda pas à
apercevoir des souris qui montraient le bout de leur nez dans tous les coins et se
faufilaient par toutes les fentes.
Et bientôt, elles trottinèrent en tous sens dans la pièce,
toujours plus nombreuses, et finirent par se mettre en rang, comme les soldats de Fritz
avant la bataille..
»
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