Eugène Freyssinet1879-1962Le béton armé souffre du fait que, tandis que l'acier des armatures résiste aussi bien auxefforts de tension que de compression, le béton, lui, se fissure dès qu'il travaille autrementqu'à la compression.
Publié le 22/05/2020
Extrait du document
«
Eugène Freyssinet
1879-1962
Le béton armé souffre du fait que, tandis que l'acier des armatures résiste aussi bien aux
efforts de tension que de compression, le béton, lui, se fissure dès qu'il travaille autrement
qu'à la compression.
D'où l'idée de substituer au béton “ armé ” un béton “ traité ”, idée
qui aboutit à la mise au point de la précontrainte.
On a sans doute quelque peine à
concevoir que l'idée de “ substituer aux forces élastiques que le chargement développe
dans les armatures des forces préalables permanentes ” puisse devenir la passion d'une
vie, et le ferment d'une pensée et d'une œ uvre exceptionnelles.
Mais quand Freyssinet,
parlant de son maître Rabut, évoque le “ sentiment de la vie des contraintes dans les
ouvrages, qu'il possédait à un très haut degré ” et qu'il lui est reconnaissant d'avoir
développé en lui, on pressent que le problème n'est pas pour lui ce qu'un problème de
calcul des résistances est pour un quelconque technicien, mais traduit, en réalité, la
nécessité impérieuse, que ressent tout véritable artisan (et Freyssinet se réclame de la
qualité d'artisan), d'employer son matériau dans des conditions telles qu'il l'ait au mieux
en main.
C'est donc en partant d'une sensibilité très vive à la dynamique interne du béton
armé, qu'il faut donc aborder son œ uvre.
Cette sensibilité s'exprime dès ses premiers grands ouvrages, le Veurdre et Boutiron.
Avec
trois arcs de soixante-dix mètres de portée, ces ponts sont d'une hardiesse que traduit
l'élégance de leurs formes.
Le surbaissement des arcs, le mouvement des tympans
triangulés unissant les hourdis légers de l'arc et du tablier, la finesse des clés et des
ancrages — tout y dit la parfaite adaptation à la vie interne du matériau.
Comme chez
Hennebique ou Maillart, on sent que les formes ne sont pas données par le calcul, mais
vécues dans une intuition d'ensemble.
Le même “ sens de la vie des contraintes dans les ouvrages ” est à l'origine de la floraison
qui marque, après la première guerre, la maturité de Freyssinet.
Un problème de
construction ne se posant jamais à lui comme un ensemble d'équations à résoudre ou de
barèmes à combiner, mais comme il y voit toujours et uniquement un jeu de forces à
équilibrer, comme “ aucun nuage d'x ou d'y ” ne s'interpose entre l'aperception des
données et l'intuition globale de la solution, la création de formes a toujours, chez
Freyssinet, la netteté irrévocable d'une réaction de l'instinct, mais d'un instinct mûri, affiné,
différencié par l'expérience : “ Il n'existe pour moi, dit-il, que deux sources d'information :
la perception directe et l'intuition, en laquelle je vois l'expression et le résumé de toutes les
expériences accumulées par la vie dans le subconscient des êtres, depuis la première
cellule.
Il faut, bien entendu, que l'intuition soit contrôlée par le calcul.
Mais quand elle se
trouve en contradiction avec le résultat d'un calcul, je fais refaire le calcul, et mes
collaborateurs assurent que, en fin de compte, c'est toujours le calcul qui a tort.
”
Or l'expérience a amené Freyssinet à se défier des poutres droites, dans lesquelles
l'hétérogénéité du béton armé se fait le plus sentir, et à explorer les ressources des formes
courbes qui, faisant travailler le béton à la compression, permettent d'obtenir avec un
minimum de matière des portées considérables.
Il innove sans fin sur les thèmes
traditionnels de l'arc et de la voûte, et tout un répertoire de formes, aujourd'hui classiques,
voit le jour entre 1920 et 1928.
À Saint-Pierre-du-Vauvray, le tablier presque sans épaisseur.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Auguste Perret1874-1954D'un matériau nouveau, le béton armé, considéré jusque-là comme sommaire, Auguste Perreta fait un matériau noble.
- devoir 2 français cned La Leçon, d’Eugène Ionesco
- C. E. 19 oct. 1956, SOCIÉTÉ « LE BÉTON», Rec. 375
- Tension entre les populations, déménagement des villages
- Eugène Ionesco dit dans Notes et Contre-notes le théâtre est « une histoire qui se vit [...] aussi une histoire que l'on voit vivre ». Discutez cette affirmation.