Etude linéaire « Phèdre » Acte III, scène 1
Publié le 14/03/2022
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Etude linéaire « Phèdre » Acte III, scène 1 : « Ah ! Que l’on porte... »
Découpage de l’extrait : v.1 à 16 (impuissance de Phèdre, personnage tragique / v.17 à 22 (les
conseils d’Oenone) / v .23 à 28 (les effets de l’intervention d’Oenone)
1ère partie : Impuissance de Phèdre, personnage tragique
Phèdre exprime sa « honte » avec colère : elle reproche à Oenone de vouloir la sortir de sa
retraite en la traitant d’« importune » (celle qui dérange) et elle emploie des questions rhétoriques
pour souligner son indignation.
« Peux-tu souhaiter qu’on me voie ? » renvoie à la nécessité pour
elle de se cacher loin des autres, ce qu’elle exprime clairement ensuite : « cache-moi bien ».
L’aveu
de son amour a été fait publiquement (« au dehors … se répandre») et c’est la raison de son
sentiment de déshonneur : elle a dit « ce que jamais on ne devait entendre », périphrase soulignant
qu’un tel amour incestueux est inavouable.
L’hyperbole « mes fureurs » montre sa conscience
d’avoir perdu le contrôle, d’avoir cédé à sa folle passion en ayant « trop parlé ».
Cette conscience de
sa monstruosité s’accompagne de la volonté de disparaître : la question rhétorique « pourquoi
détournais-tu mon funeste destin ? » est encore un reproche fait à Oenone et l’affirmation du
caractère tragique de l’avenir de Phèdre.
Hippolyte est omniprésent dans la TIRADE de Phèdre, il est désigné par le pronom « il » mais
son nom n’est jamais prononcé car cela serait trop douloureux.
Il est transformé en un monstre
« insensible », qui n’a que mépris pour elle.
L’épée d’Hippolyte est désignée par une
personnification, « son épée allait chercher mon sein », et une METONYMIE personnifiée, « ce fer
malheureux » : il a refusé de toucher une épée que Phèdre avait elle-même tenue et qu’elle avait
ainsi « rendue horrible ».
Il a des « yeux inhumains » car il est incapable de pitié envers elle.
Les
nombreuses exclamations (« Hélas ! », « L’insensible… ! », « Comme il m’écoutait ! ») et les
questions rhétoriques (« a-t-il pâli pour moi ? »…) traduisent l’intensité de ses sentiments envers
Hippolyte.
Phèdre n’a donc pas d’autre solution que de se retirer loin des autres et de souffrir seule.
2ème partie : les conseils d’Oenone
Elle reproche à Phèdre sa faiblesse , « ne songeant qu’à vous plaindre », pour la forcer à réagir.
C’est un appel à la raison pour lutter contre la passion.
Elle aussi n’emploie pas le nom d’Hippolyte,
désigné par la METONYMIE de son défaut principal, « un ingrat » qui est incapable de reconnaître
l’amour de Phèdre.
Elle emploie aussi des métaphores accusatrices de la faiblesse coupable de
Phèdre : « vous nourrissez un feu qu’il faudrait éteindre ».
Elle voudrait que Phèdre réalise que cette
faiblesse est indigne d’elle et de ses ancêtres (le « digne sang de Minos », son père) et qu’elle doit
suivre son destin qui est de « régner » .
Son véritable mérite est là, ainsi que son « repos » : prendre
de telles responsabilités lui permettrait de chasser ses amours coupables de son esprit.
Cette
proposition est faite sous de question rhétorique, « Ne vaudrait-il pas mieux… ? », car Oenone a
l’espoir que Phèdre revienne à la raison.
3ème partie : les effets de l’intervention d’Oenone
Phèdre réagit mal, et ces conseils ne font que renforcer sa douleur.
Toutes les phrases qu’elle
emploie sont exclamatives, à l’exception de la première qui est une question rhétorique (« Moi
régner ? »).
Elles traduisent une colère et un désespoir qui vont crescendo.
Comment pourrait-elle
régner sur tout un « état » quand elle n’est plus maîtresse d’elle-même ? Elle souligne ce paradoxe :
« ranger un état sous ma loi, quand ma faible raison ne règne plus sur moi ! ».
Cette faiblesse
absolue lui interdit toute puissance nécessaire pour gouverner.
Le sentiment d’impuissance est
amplifié par une gradation : « ma faible raison », « mes sens abandonnés », « à peine je respire »,
« je me meurs ».
Le tragique de sa situation l’entraîne dans une pente fatale.
Vaincue, Oenone
envisage une dernière solution pour sauver sa chère Phèdre : « Fuyez ».
Réaction indigne de son
rang mais susceptible de la sauver.
Encore un échec : Phèdre lui rappelle la toute puissance de son
amour : « je ne le puis quitter ».
La situation de Phèdre est donc d’être condamnée à l’amour-
passion.
AXES de COMMENTAIRE : 1.
la faiblesse de Phèdre (refus du
pouvoir, reproches d’Oenone…) / 2.
l’évocation d’Hippolyte (accusé de tous les maux, obsession de
Phèdre…) / 3.
l’amour, malédiction tragique (impuissance face au destin, souffrances...).
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