Étude linéaire n°11 L’agonie Introduction : La Peau de Chagrin
Publié le 22/06/2024
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Étude linéaire n°11
L’agonie
Introduction :
La Peau de Chagrin, publié pour la première fois en 1831, occupe une place
particulière dans l'œuvre réaliste de Balzac, puisqu'il s'agit d'un roman à la fois
réaliste et fantastique.
Il s'agit néanmoins d'un roman clé pour comprendre la pensée philosophique de
Balzac qui sous-tend La Comédie Humaine, grande fresque de 90 romans dont fait
partie La Peau de chagrin.
Raphaël vit reclus dans un hôtel particulier pour tenter d'échapper à tout désir,
mais son histoire d'amour avec Pauline le conduit à sa perte : passionné, il est
reclus malade, conscient de voir ses jours diminuer à chaque fois qu'il désire la
jeune femme.
Un soir, Raphaël dévoile à Pauline la vérité sur le Talisman.
Comment Balzac dépeint-il la passion amoureuse et l'agonie de
Raphaël ?
Annonce de plan linéaire
Dans un premier temps, Raphaël révèle le secret du Talisman à Pauline.
Dans un deuxième temps, la passion amoureuse de Raphaël est ravivée,
menant l'amant à sa perte.
Dans un troisième temps, la folie touche également Pauline.
Enfin, dans un quatrième temps, la mort de Raphaël achève Pacte fatale
I - La révélation du secret du Talisman à Pauline
De « Raphaël tira de dessous son chevet » à « la dernière parcelle de la Peau
magique »
La Peau de chagrin du début du roman n'est plus qu'un « lambeau » que
Raphaël cache pour tenter d'oublier le pacte maléfique scellé.
Le beau cuir initial est désormais rabougri : au fil des désirs exaucés, il est à
présent « fragile et petit comme la feuille d'une pervenche ».
Cette
comparaison empruntée au domaine horticole confirme la fragilité de la peau:
le personnage principal arrive à sa fin.
Lorsque Raphaël s'exprime, Pauline est désignée par l'apostrophe « belle
image de ma belle vie »: la répétition de l'adjectif « belle » souligne l'amour
porté pour cette femme et la fierté d'une vie réussie.
Mais le choix du terme « image» n'est pas anodin : du latin « imago », il
désigne le portrait d'un mort et le fantôme.
L'ordre à l'impératif que Raphaël prononce en est la conséquence :« disonsnous adieu».
Raphaël annonce sa mort à Pauline.
Face à la surprise de Pauline, Raphaël doit des explications, ce qu'il fait en
montrant trois aspects.
Il révèle d'abord la définition intrinsèque de la Peau de chagrin, avec le
présentatif « ceci » (« ceci est un talisman ») ; puis son pouvoir (« qui
accomplit mes désirs») ; enfin son symbole (« représente ma vie »).
En somme, il révèle que l'objet physique incarne sa propre vie.
Au-delà d'un constat amer sur la taille de la Peau, il explique de façon logique
un phénomène fantastique, par l'utilisation de l'hypothèse : « Si tu me
regardes encore, je vais mourir...
».
Dans un jeu d'écho avec le début du roman où le vieil antiquaire présentait le
talisman, Pauline cherche elle aussi à voir l'objet : elle est « [é]clairée par la
lueur vacillante qui se projetait également sur Raphaël et sur le talisman ».
Ce
jeu de clair-obscur crée une atmosphère fantastique.
Comme Raphaël qui observait la Peau en véritable scientifique chez
l'antiquaire, Pauline cherche à comprendre et l'« examina très attentivement
».Néanmoins, l'adjectif « magique » qui qualifie la Peau ne laisse aucun
doute : Pauline semble saisie par le pouvoir du talisman.
Il - L'expression de la passion amoureuse
De « En la voyant belle de terreur et d'amour» à « Je veux mourir à toi !»
La passion de Raphaël est intense : Pauline est « belle de terreur et d'amour».
Cette alliance antithétique annonce la folie naissante de Raphaël.
En effet, les expressions « il ne fut plus maître de sa pensée », « scènes
caressantes », « joies délirantes de sa passion » empruntent à la fois à l'amour
et à la folie.
On observe que les expressions « scènes caressantes» et « joies délirantes de
sa passion » sont sujets des verbes d'action « triomphèrent» et « s'y
réveillèrent».
L'âme de Raphael est devenue le jouet de cette passion dont il
n'est plus maître.
Rappelons aussi l'ambivalence du mot « passion », à la fois amour et
souffrance.
La vue de son amante ravive des souvenirs amoureux intenses.
La
comparaison avec le feu, « comme un foyer mal éteint », suggère les effets
néfastes de cette passion fatale.
La répétition du prénom « Pauline », qui encadre la réplique de Raphaël,
suggère l'enfermement du jeune homme dans cette passion à laquelle il ne
parvient pas à échapper: « Pauline, viens !
Pauline »La prise de conscience de la jeune femme se traduit par une
énumération des manifestations physiques de la souffrance :
« un cri terrible sortit du gosier», « ses yeux se dilatèrent », « ses sourcils
violemment tirés par une douleur inouïe, s'écartèrent avec horreur».
Cette
description vive et frappante forme une véritable hypotypose qui donne à voir
la souffrance de Pauline de façon concrète....
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