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Étude linéaire n°1 La Bruyère, « Arrias », Les Caractères, 1688.

Publié le 20/06/2024

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« Étude linéaire n°1 La Bruyère, « Arrias », Les Caractères, 1688. Introduction : La Bruyère est un célèbre moraliste du XVIIème siècle.

Les Caractères datant de 1688 se compose de maximes, de réflexions et de portraits très à la mode dans les salons mondains de l’époque.

Tout en observant les défauts de ses contemporains, La Bruyère dénonce les défauts éternels de la nature humaine et jette un regard sévère sur son époque. « Arrias » fait partie « De la société et de la conversation » et prend pour modèle antique un portrait de Théophraste intitulé « Du grand parleur », un bavard qu’il est impossible de faire taire mais il l’amalgame avec un autre portrait « Du débit des nouvelles » qui, lui, montre un homme qui se plaît à raconter des « faits remplis de fausseté ». Il s’agit en fait de faire le contre-portrait de l’honnête homme qui au XVIIème incarne un idéal de mesure et raison. Comment La Bruyère fait-il d’Arrias un contre-modèle de l’honnête homme ? Le dévoilement du personnage se fait en trois temps : Dès son ouverture, présentation du personnage tel un acteur de théâtre en opposant le masque d’Arrias à la vérité.

D’emblée le lecteur est donc averti avant même de découvrir le personnage en action.Ensuite, dévoilement progressif du personnage.

Le lecteur devient le témoin privilégié car il ne peut être dupe de l’illusion qu’Arrias cherche à créer. Enfin, les dernières lignes du portrait forment ce que l’on nomme la chute, le coup de théâtre qui démasque l’imposteur. 1ère phrase : D’emblée le texte débute sur la présentation du personnage et de son masque dans un rythme binaire avec la paronomase : « Arrias a tout lu, a tout vu ». L'utilisation du passé composé comme antérieur du présent manifeste un acquis du personnage, ce que le redoublement de l'hyperbole par la répétition fortement insistante du pronom indéfini 'tout' met exagérément en évidence. Arrias s’impose comme le contre-modèle de l’honnête homme car il est déterminé par l’excès, vice qui s’oppose à l’idéal classique.

La première phrase est saturée par le champ lexical de la tromperie qui met en évidence le masque du personnage : « persuader », « se donne pour tel », « mentir », « paraître ». Ce réseau lexical permet à La Bruyère de dénoncer le caractère théâtral d’une société qui fonde tout sur les apparences.

La proposition ironique « c’est un homme universel » souligne la dénonciation de la démesure d’Arrias qui se confond avec Dieu, renforçant d’autant plus l’idée de démesure du personnage. Par ailleurs, la démesure se retrouve dans l’emploi du comparatif de supériorité : « il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose » qui valorise le vice –le mensonge- au détriment de la vertu – « se taire » -. 2ème phrase : La structure de la 2ème phrase : l’asyndète qui consiste à juxtaposer de courtes propositions donne l’impression que le personnage a envahi l’espace par la parole.

Effet accentué par l’allitération en [ p ] et [ l ] qui suggère le ton péremptoire d’Arrias et le flot de parole qui montre qu’il veut prendre toute la place de la conversation : « il prend la parole et l’ôte à ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent ».

L’irréel du passé « ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent » montre qu’Arrias est dans un monologue, ce qui est une faute de goût et de bienséance au XVIIème siècle.

La Bruyère suggère que le personnage a perdu tout sens de la mesure en recourant au procédé de l’accumulation : les verbes s’enchaînent jusqu’à « il récite » qui donne l’impression d’un discours préparé et débité à la façon d’un acteur ».

On notera l’énumération des sujets abordés : « mœurs de cour », « femmes du pays », « ses lois », « ses coutumes ».

Rien ne lui est étranger du général au particulier, jusqu’aux « historiettes » anecdotes frivoles.

De plus, l’anaphore du pronom personnel « il » parcourt le texte et met en valeur le narcissisme du personnage qui veut être l’acteur principal de ce dîner. Ces répétitions transforment Arrias en pantin dont les actions sont presque mécaniques. Le champ lexical de la parole (« parole », « dire », « discourt », « récite » « contredire ») souligne la monopolisation de la parole. Alors qu’Arrias n’est jamais allé à la cour du Nord évoquée au dîner, qui est une « région lointaine », il en parle « comme s’il en était originaire ».

La conjonction « comme si » révèle la tromperie d’Arrias qui dissimule la.... »

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