étude d'un texte extrait: paragraphes 33 et 34 du De Magistro
Publié le 14/03/2021
Extrait du document
«
Si l’étude philosophique du langage c’est-à-dire l’étude de l’être du langage remonte à
l’Antiquité avec Platon et Aristote, c’est pour faire face à l’émergence d’une parole élargie au démos,
la doxa.
Parole de non-expert faisant souvent appel à des rhéteurs et sophistes de toutes sortes qui
enseignent des méthodes pour convaincre et des effets de langage pour persuader en deçà de toute
vérité vérifiable et transcendante au langage.
Saint Augustin qui a lui-même été rhéteur sait bien de
quoi il parle et s’il s’inscrit dans cette recherche philosophique qui refuse de faire du langage un
maître à faire des jeux de mots et de bons mots pour briller et l’emporter, c’est à partir de sa
confession et conversion chrétienne.
L’originalité des paragraphes 33 et 34 du De Magistro , tient à
son objet même car il interroge la valeur euristique du langage et plus précisément le mot, sa plus
petite unité de sens définie par Aristote dans De l’interprétation au chapitre 2.
Est-ce le mot qui nous
a appris son propre sens et ce qu’il signifie ? Autrement dit par Augustin, est-ce qu’il n’y a jamais eu
quelque chose qui put s’enseigner « par son propre signe » ? (l.1) Le sophiste Cratyle dans l’œuvre
éponyme de Platon ne soutenait-il pas que celui qui connait les mots connait les choses ? Si nous
nommons les choses et parvenons tout de même à trouver quelle est la chose ou réalité que le signe
linguistique signifie, n’est-ce pas la preuve que les mots nous enseignent ce qu’ils désignent
symboliquement ? C’est bien tout le contraire qu’il faut soutenir selon Augustin et qu’il ne cesse de
justifier dans les paragraphes 33/34.
Le mot ne nous enseigne rien de ce dont il est le signe mais nous
le verrons plus tard il y a néanmoins ici un enseignement.
Ce questionnement sur le « sens du signe »
(l.17) et la « valeur du signe » (l.27) s’inscrit dans la recherche des conditions de possibilités d’un
langage et par voie de conséquence d’un enseignement possible et vrai.
Saint augustin va exposer
trois raisons concomitantes pour justifier sa thèse : l’étude du mot par la découverte qu’il est un
signe (l.1-13), l’étude du signe linguistique en lui-même (l.14-21) et l’étude d’une sorte de sens du
signe (l’indication de la relation) qui est immanent à notre esprit qui, parce qu’il voit ce dont le signe
est le signe, a déjà en lui la connaissance du signe non pas tel ou tel signe (l’espèce) en particulier
mais le signe en général (le genre) (l.21-29).
Cette réflexion ouvre la perspective de rendre compte de
la diversité des langues humaines et de la relier à une unité de l’être du langage qui permet à tous les
hommes d’avoir accès en droit à toutes les langues du monde.
Analysons maintenant les arguments
qui vont faire du mot un signe à la croisée de la réalité sensible, le monde et de la réalité intelligible,
l’esprit.
Si tout discours philosophique se reconnaît à la remise en question d’une opinion souvent
répétée mais mal ou incomprise, c’est surtout par « un examen plus attentif » (l1.) procédant par
exposition des raisons et des paradoxes qui légitiment la critique de l’opinion, qu’il s’accomplit dans
une réponse rationnelle.
Nul doute que Saint Augustin parle ici en philosophe pédagogue
interrogeant l’être du mot et pas seulement sa fonction linguistique, sachant aussi manier la
rhétorique pour «persuader » (l.26) son interlocuteur, son fils Adéodat que si le mot a bien une valeur
de signification et de vérité possible, c’est relativement à une source de connaissance et à un monde
connaissable.
Il l’invite à convenir de lui-même au moyen des trois raisons qu’il va exposer, qu’il ne
trouvera « rien qui soit appris par son signe » (l.1-2).
La première raison se trouve dans le paragraphe
33.
Comprenons qu’un signe ne peut pas être la cause d’un savoir qui le précède, en
l’occurrence le savoir de la chose dont il est le signe.
A cette raison qui s’expose tout au long des
1.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Explication de texte philosophique extrait tiré de La psychanalyse du feu, Bachelard
- commentaire de texte - freud - « Une difficulté de la psychanalyse » est extrait de l’ouvrage L’Inquiétante Étrangeté et autres essais
- explication de texte: John Locke a écrit en 1690 un essai philosophique concernant l’entendement humain, nous allons analyser un extrait du livre II, chapitre 27, paragraphe 26
- Commentaire de texte : Camille Desmoulins extrait du Vieux Cordelier
- Albert Cohen: Est ce que cet extrait de texte est une scène d’amour ?