Éthiopie (2000-2001): Un équilibre de tensions
Publié le 15/09/2020
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Éthiopie 2000-2001
Un équilibre de tensions
Engrangeant des succès militaires décisifs en mai 2000, Addis-Abé
ba a dû accepter de signer avec
l'Érythrée un accord de cessation des hostilités le 18 juin sui
vant, puis un accord de paix le 12 décembre,
donnant mandat aux Nations unies d'organiser le redéploiement des for
ces militaires et de mettre en
place différentes commissions visant à déterminer la frontiè
re avec l'Érythrée et à indemniser les déplacés
forcés.
À l'inverse d'autres crises africaines, les pays occidenta
ux se sont mobilisés pour garantir la fin du
conflit (commencé en mai 1998) en s'impliquant directement dans l'o
pération onusienne et, également,
en multipliant les aides financières et humanitaires aux deux État
s.
La sécheresse qui a frappé le pays en
2000, affectant près de dix millions de personnes et nécessitant u
ne aide alimentaire de près de 1,3
million de tonnes de nourriture, a certainement contribué à la mod
ération des ambitions éthiopiennes sur
le terrain militaire.
L'aide à la reconstruction a également été importante : le F
MI a accepté de reprendre ses discussions
après qu'Addis-Abéba a promis de ramener le budget de la défens
e de 13,4 % à 5 % du PIB .
La Banque
mondiale a prévu pour 2001 et 2002 une allocation de plus d'un millia
rd de dollars à la démobilisation, au
déminage, à la réinstallation des 400 000 déplacés et à
la relance de l'économie.
Mais le coût de la
guerre, avec notamment plus d'un demi-milliard de dollars d'achat d'arme
s, n'allait pas rapidement
s'estomper à cause de l'endettement (9,2 milliards de dollars), de
l'effondrement des recettes
d'exportation, provoquant un déficit fiscal qui a triplé entre 199
8 et 2000 pour atteindre près de 11 % du
PIB, et du report de réformes libéralisant l'économie, notammen
t une réforme agraire aussi indispensable
que difficile à mettre en place.
Certes, les perspectives de croissan
ce étaient bonnes sous réserve de
pluies normales : 6,5 % en 2001 et au moins 7 % pour 2002 (contre 4,7 %
en 2000), mais la
dépréciation de la monnaie nationale semblait devoir se poursuivre
.
Au niveau politique, le bilan de la guerre apparaissait également en
demi-teinte.
Une partie de l'opinion
reproche aux dirigeants d'avoir utilisé la guerre pour gagner très
facilement les élections de mai 2000 et
de n'en avoir pas profité pour conquérir le port érythréen d
'Assab, rendant l'Éthiopie toujours dépendante
de Djibouti, mêm si Port-Soudan, Mombasa et Berbera au Somaliland off
rent des alternatives.
Des
mécontentements se sont également exprimés au sein de l'armé
e et de la police et ont indiqué l'ampleur
des tensions au sein du parti dominant, le Front populaire de libérat
ion du Tigray (FPLT).
La crise n'a pu
être évitée puisque, le 22 mars 2001, douze membres de son comi
té central sur trente ont été
suspendus, ouvrant une période d'incertitude pour le Premier ministre
, Méles Zenawi, mis en cause pour
sa modération envers l'Érythrée et son acceptation des pression
s internationales.
Certes, la corruption au
sein des cercles dirigeants pesait aussi dans le mécontentement, mais
l'unanimisme nationaliste
ressuscité par le conflit a disparu et un durcissement, tant au nivea
u intérieur que dans les rapports avec
l'Érythrée, était à l'ordre du jour.
Si les relations avec le Soudan se sont développées à partir de
1999 (Khartoum a fourni une partie du
carburant nécessaire à l'effort de guerre), il n'est pas sûr q
ue les tensions avec l'Érythrée aient disparu :
la mise en œuvre de l'opération internationale a été ralenti
e par des contestations de part et d'autre et la
guerre des mots ne présageait guère une normalisation politique en
tre les deux voisins.
De plus, chacun
tentait d'instrumentaliser des oppositions armées pour affaiblir l'al
lié d'avant mai 1998.
Si les Éthiopiens
soutenaient différents groupes érythréens, Asmara a usé de t
oute son infleuence pour fédérer les
principaux groupes armés oromos en lutte contre le pouvoir central.
Le flanc sud de l'Éthiopie est donc devenu une zone de possible confr
ontation et cette menace explique
pour une large part la politique éthiopienne vis-à-vis du gouverne
ment somalien issu du processus de
réconciliation nationale d'Arta (Djibouti).
En effet, outre la trè
s mauvaise prise en compte des alliés dont
l'Éthiopie dispose en Somalie, notamment les administrations régio
nales du Puntland et du Somaliland
(autoproclamé indépendant en 1991), lors de cette conférence,
Addis-Abéba n'appréciait guère l'aide de
certains pays arabes au groupe d'Arta et la possible influence de couran
ts islamiques et islamistes sur le
président Abdiqassem Salad Hassan qui n'a pas cru bon de respecter le
s promesses faites lors du sommet
de l'IGAD (Autorité intergouvernementale pour le développement)
en novembre 2000 à Khartoum.
Les
troupes éthiopiennes ont ainsi occupé une zone tampon pendant plus
ieurs semaines, livré des armes aux.
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