Éthiopie 1980-1981: Le pouvoir de Mengistu
Publié le 15/09/2020
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Éthiopie 1980-1981
Le pouvoir de Mengistu
La révolution éthiopienne poursuit sa lente "digestion".
Pour form
aliser le caractère "socialiste" de cette
révolution, le Comité militaire administratif provisoire (CMAP)
avait décidé de créer un parti marxiste-
léniniste qui dirigerait le pays, mais la composition de la Commissio
n pour établir un parti ouvrier en
Éthiopie (COPWE) montre combien cette passation de pouvoir est arti
ficielle.
Les groupes sociaux et
nationaux qui jusque-là détenaient les leviers du pouvoir en sorte
nt en effet encore renforcés: le comité
central du COPWE rassemble, autour du comité central du CMAP, quelque
s techniciens et des officiers
supérieurs amharas: sur ses quatre-vingt-treize membres, soixante-dix
-neuf sont des militaires - l'élite de
l'armée -, et plus des deux tiers sont amharas.
Les organisations de
masse (syndicat, association de
paysans, etc.) n'y ont en revanche aucun représentant.
Le chef de l'
État, Mengistu Haïlé Mariam, lui,
renforce chaque jour davantage sa position.
Cette situation provoque un fort mécontentement social.
Aucune manife
station ouvrière importante n'a
certes été signalée, mais le maintien des prix agricoles à u
n très bas niveau entraîne des heurts, parfois
armés.
Ces oppositions sont cependant éclatées, et le régime
a une emprise totale sur les organisations
de masse.
La fin du climat de terreur, l'assistance apportée aux zone
s de famine, la poursuite d'une
remarquable campagne d'alphabétisation, le peu de disparités socia
les sont en revanche à mettre au
crédit du régime, qui a reculé devant toute collectivisation de
s terres, jugée par les paysans comme une
intolérable menace sur leurs "acquis révolutionnaires".
Ce faisant
, il laisse entière la question agraire,
vitale pour tout développement de l'Éthiopie.
L'opposition se développe donc en jouant sur les aspirations national
es.
Alors que la situation s'est
stabilisée en Érythrée et sur les basses terres du Sud, un nouv
eau front s'est ouvert dans le Tigre et
menace le sud-est du pays oromo.
Les mouvements nationalistes multiplien
t en outre les rencontres pour
coordonner politiquement et militairement leur lutte, mais leurs vues so
nt trop divergentes pour qu'on
puisse prévoir un accord.
Quant aux pays voisins, Soudan et Somalie,
ils supportent de plus en plus mal
les contrecoups de cette situation.
Mais les nationalismes ne sauraient
vaincre désunis....
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