États-Unis 1998-1999: Bill Clinton plébiscité
Publié le 15/09/2020
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États-Unis 1998-1999
Bill Clinton plébiscité
Le 19 décembre 1998, William Jefferson Clinton, 42e président des
États-Unis, est devenu le deuxième
chef d'État de l'histoire américaine (après Andrew Johnson en
1868) à être mis en accusation par la
Chambre des représentants (procédure d'impeachment).
Deux chefs
d'inculpation étaient retenus contre
lui: après la révélation de sa liaison avec une stagiaire de la
Maison-Blanche, Monica Lewinsky, il aurait
menti sous serment et tenté de faire obstruction à la justice.
Le
président, invité par un certain nombre
de dirigeants républicains à choisir l'"issue honorable" consistan
t à démissionner, a réagi en affirmant qu'il
se battrait "jusqu'à la dernière heure du dernier jour" de son man
dat.
Comme le prévoit la Constitution, le Sénat s'est donc transformé
en tribunal, présidé par le chef de la
Cour suprême William Rehnquist, avec pour "procureurs" (House manage
rs) douze membres, tous
républicains, de la Commission judiciaire de la Chambre des représ
entants.
Après avoir envisagé, sans
succès, de remplacer la procédure en cours par un compromis (vote
de censure assorti de pénalités
financières à l'encontre du locataire de la Maison-Blanche), les
100 sénateurs (55 républicains et 45
démocrates) se sont transformés en jurés silencieux, en mesure
de destituer, à la majorité des deux tiers,
le président.
Cependant, les House managers ne sont pas parvenus à
obtenir la défection d'un seul
démocrate.
Ils n'ont pas non plus réussi à faire le plein des v
oix républicaines.
En effet, lors du vote du
12 février 1999, Bill Clinton a été déclaré "non coupable
" de parjure par 54 voix contre 45 (et un vote
blanc) et d'obstruction à la justice par 50 voix contre.
Les républicains pris à leur propre piège
Politiquement, la procédure de destitution a semblé faire plus de
tort aux républicains qu'aux démocrates.
Déjà, le 3 novembre 1998, lors des élections de mi-mandature (
mid-term) qui, traditionnellement,
affaiblissent le parti du président, les démocrates malgré des
pronostics alarmants, se sont plutôt bien
tirés d'affaire.
Les républicains ont certes conservé la majori
té des deux chambres, mais les démocrates
ont gardé leurs 45 sièges au Sénat, et gagné 6 sièges à
la Chambre des représentants ainsi qu'un poste
de gouverneur.
Ils ont même remporté plusieurs succès spectacul
aires, en particulier en Californie et à
New York.
C'est à la suite de ces élections que Newt Gingrich, ennemi juré
du président qui s'était promis de "ne
plus prendre la parole sans mentionner ce scandale", dut faire face à
une rébellion de ses lieutenants.
Il
démissionna non seulement de son poste de speaker (président) de
la Chambre des représentants, mais
également du siège de représentant de Géorgie qu'il venait j
uste de remporter.
A peine élu, son
successeur, Robert Livingston, un représentant de Louisiane, s'est tr
ouvé lui-même victime du
maccartisme sexuel ambiant: à la suite de révélations parues da
ns la presse sur ses "liaisons
extraconjugales", il a annoncé, dans le discours qui précédait
le vote de l'impeachment, qu'il
démissionnerait.
Un nouveau speaker, Dennis Hastert, représentant
de l'Illinois, lui a succédé.
Tout au long de l'affaire Lewinski, la popularité du Parti républi
cain n'a cessé de se détériorer, tandis que
celle du président se maintenait au-dessus de 60 %.
Dans leur majorit
é, les Américains condamnaient la
conduite personnelle du président, mais jugeaient que celle-ci ne con
stituait pas l'un de ces "crimes et
délits majeurs" (comme la trahison ou la prévarication) pour les
quels la Constitution prévoit la destitution.
Les finasseries du président, ses arguties légales et ses contorsi
ons sémantiques - omniprésentes tant
dans les 4 600 pages de documents officiels publiés par le procureur
Kenneth Starr que dans le
témoignage (sous serment) diffusé dans sa totalité par les ch
aînes de télévision américaines - semaient
certes le doute sur son "tempérament" (character) mais ne constitua
ient pas un cas de parjure.
Dans sa
majorité, le public faisait porter la responsabilité de la crise p
olitique sur le procureur et ses alliés au sein
du Congrès, qui s'acharnaient contre le président en vue, selon l'
expression consacrée des partisans de ce
dernier, de "renverser les résultats de l'élection présidentiel
le de 1996".
Le retour des excédents budgétaires.
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