États-Unis (1996-1997): "Recentrage" à droite
Publié le 15/09/2020
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États-Unis 1996-1997
"Recentrage" à droite
Le 5 novembre 1996, les États-Unis ont réélu un président dé
mocrate et reconduit un Congrès
républicain.
Si la réélection de Bill Clinton, avec 50 % des vo
ix contre 41 % à son challenger républicain
Bob Dole, était prévue, le maintien de la majorité républica
ine dans les deux chambres du Congrès
(comme cela était déjà le cas depuis deux ans) a quelque peu
surpris, et donné lieu à des interprétations
divergentes.
Pour certains analystes, la multiplication des scandales a
empêché en dernière minute un raz
de marée démocrate.
Pour d'autres, les électeurs ont tout simpl
ement plébiscité, sinon la "cohabitation"
des deux dernières années, du moins le principe de la séparatio
n des pouvoirs voulue par les Pères
fondateurs.
Pour B.
Clinton, l'élection a marqué le triomphe du "centre vital"
- un "centre" qui s'est certes déplacé
vers la droite - et surtout le rejet des ailes radicales des deux bords.
Aussitôt réélu, il a déclaré: "Il est
temps de mettre la politique de côté et de travailler ensemble pou
r l'avenir de l'Amérique." Newt Gingrich,
speaker (président) de la Chambre des représentants, reconduit d
ans ses fonctions mais affaibli par une
impopularité grandissante et par un scandale politique (lié à
la collecte de fonds à des fins politiques sous
couvert d'activités éducatives exonérées d'impôt), a ré
pliqué: "Il n'y a pas de raison qu'on ne trouve pas
de terrain d'entente."
Des réformes bien modestes
Si le premier président démocrate réélu depuis Franklin D.
R
oosevelt doit marquer l'histoire, ce ne sera
vraisemblablement pas par l'ambition de ses programmes.
D'une part, les
ressources financières
manquent.
B.
Clinton s'est en effet engagé à mettre fin au défi
cit budgétaire d'ici à l'an 2002 (l'accord
final a été signé le 2 mai 1997).
D'autre part, échaudé
par l'échec retentissant de son ambitieux projet de
réforme du système de santé en 1993, il a semblé ne plus vou
loir prendre de risques.
Les indicateurs
macroéconomiques ont continué à bien se tenir: le taux de crois
sance du dernier trimestre 1996 a été de
5,6 %, alors que le taux de chômage se voyait réduit à moins de
5 %, ce qui n'était pas arrivé depuis
plus de deux décennies, même si les emplois créés étaient
souvent précaires et mal rémunérés.
Les
marchés financiers, sur fond d'euphorie, sont, quant à eux, resté
s nerveux.
Dans ces conditions, l'agenda de la politique intérieure de B.
Clinto
n ne pouvait être que limité: corriger
les excès nés de la réforme de l'aide sociale - quelques semain
es avant sa réélection, le président a signé
une loi draconienne introduite par les républicains -, remédier au
x carences du système éducatif, et
surtout conforter le moralisme ambiant.
Les "grandes initiatives" - test
ées auprès du public par les
organismes de sondage de la Maison-Blanche puis savamment médiatisé
es - seront donc fort modestes.
Il s'agit par exemple de généraliser l'accès au premier cycle d
e l'enseignement supérieur par des
incitations fiscales, de connecter chaque école à Internet, d'inte
rdire la vente de cigarettes aux moins de
dix-huit ans, ou de suggérer l'adoption d'uniformes dans les école
s publiques.
Ces initiatives portent sur
des thèmes qui plaisent à la majorité de la population et pré
sentent l'image d'un président rassembleur et
qui, en "préparant le pays à affronter les défis du XXIe siè
cle", sait se situer au-dessus de la mêlée.
Lors de sa seconde prestation de serment en janvier 1997, le présiden
t jouissait d'une popularité frôlant
les 60 %.
Mais ce solide capital politique a été progressivement e
ntamé par d'incessantes révélations, qui
ont fini par ternir sa réputation.
L'affaire Whitewater - un sombre s
candale politico-immobilier remontant
au temps où B.
Clinton était gouverneur de l'Arkansas - a continué
d'apporter son lot de révélations, et
les spéculations quant à l'issue de l'enquête du procureur spé
cial Kenneth Starr n'ont pas cessé, la
possibilité d'une mise en examen de Hillary Clinton, l'épouse du p
résident, n'étant toujours pas exclue.
Quant à l'accusation de harcèlement sexuel portée par Paula Jon
es, une jeune employée de l'État de
l'Arkansas sous le mandat de B.
Clinton, la Cour suprême a décidé
que la justice pouvait se prononcer
sans attendre la fin du mandat du président.
Le scandale des financements politiques illicites.
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