États-Unis (1992-1993): Le temps des incertitudes
Publié le 15/09/2020
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États-Unis 1992-1993
Le temps des incertitudes
Un an avant l'élection présidentielle de 1992, la popularité de
George Bush dans l'opinion atteignait
encore un niveau sans précédent pour un président en fonction d
epuis trois ans: il semblait imbattable
après "sa" victoire dans le Golfe en 1991.
Le Parti démocrate semb
lait se résigner devant la fatalité d'un
échec qui serait le sixième en moins d'un quart de siècle.
Le 3 novembre 1992, G.
Bush a pourtant subi la défaite la plus humili
ante qu'ait connue un président
sortant depuis...
quatre-vingts ans.
Des indices de faiblesse auraient d
û retenir l'attention des
professionnels de la politique dès novembre 1991: dans ces mêmes s
ondages, en apparence si positifs,
une majorité d'Américains désapprouvaient la politique écono
mique du président et jugeaient sévèrement
son désintérêt à peine voilé pour "l'intendance".
Et lors
d'une élection sénatoriale partielle en
Pennsylvanie, à l'automne 1991, le candidat républicain (et ancie
n ministre de G.
Bush) avait été
largement battu par un démocrate inconnu, dont le responsable de la c
ampagne électorale, du nom de
James Carville, allait très rapidement être embauché par Bill C
linton.
Gouverneur de l'Arkansas, peu connu du public mais politicien chevronné
, celui-ci a fait une campagne
remarquable, se débarrassant un par un de ses concurrents démocrat
es lors de l'invraisemblable parcours
du combattant que sont les élections primaires (février à juin
1992), obtenant sans peine l'investiture de
son parti lors de la convention démocrate de New York (juillet 1992)
et prenant aisément le dessus sur
son adversaire républicain lors des trois débats télévisé
s qui les ont opposés durant l'automne.
Il a
obtenu, lors du scrutin, 43% des voix, contre 38% à G.
Bush.
Un trois
ième protagoniste, Ross Perot,
millionnaire (sur contrats publics) texan, populiste et démagogue,
qu'on a pu penser monomaniaque voire
paranoïaque, a recueilli pour sa part 19% des votes, un pourcentage s
uffisamment important pour qu'on
entende encore beaucoup parler de lui au cours des années à venir,
surtout si B.
Clinton devait échouer.
Le désenchantement au service du changement
Trois raisons, selon les sondages réalisés à la sortie des urne
s, expliquaient la défaite du "reagano-
bushisme": l'économie, l'économie et l'économie.
Un méconten
tement diffus minait en effet la confiance
de l'opinion, de plus en plus persuadée que le pays était en dé
clin, parce qu'il ne savait plus retrouver les
voies de l'expansion ni résoudre ses problèmes de société (
éducation, santé, criminalité...).
La majorité
de la population a exprimé l'opinion que la croissance des années
quatre-vingt avait été superficielle,
improductive et spéculative, bref stérile: le niveau de vie n'a ce
ssé de stagner; les fruits d'une expansion
"acquise à crédit" par un endettement généralisé et ruine
ux n'ont pas été justement partagés.
Ainsi, les
émeutes de Los Angeles (29 avril - 4 mai 1992) - provoquées par
un verdict inique qui a conforté le
sentiment que la justice américaine autorisait de facto la police bla
nche à matraquer systématiquement et
brutalement les Noirs -, avec leur cinquantaine de morts et leurs millie
rs de blessés, ont semblé
symboliser l'ampleur du malaise américain.
Les électeurs "démocrates reaganiens", qui avaient assuré le su
ccès, en son temps, de Ronald Reagan,
ont fait machine arrière, parce qu'ils ont compris que le rêve de
leur idole, le retrait de l'État depuis était
un mirage.
S'est ancrée en eux une forte méfiance à l'égard
de leurs responsables (politiques et
économiques): ils les considèrent comme inefficaces et cupides.
L
'homme le mieux payé des États-Unis
(le président-directeur général de Hospital Corporation, une c
ompagnie d'hôpitaux privés) a gagné 127
millions de dollars en 1992, 12000 fois le salaire minimum (4,25 dollar
s de l'heure).
Cette distanciation sceptique à l'égard de la chose publique expli
que (pour partie) l'abstentionnisme
américain, le vote pour R.
Perot, le succès des référendums
(dans 14 États) qui ont proposé la limitation
du nombre des mandats pouvant être brigués par un élu et la ré
sistance quasi générale à la taxation.
Le
citoyen américain, en effet, n'a guère vu le résultat de ses sa
crifices (contrairement à l'idée reçue, il est
lourdement imposé: seuls les 10% les plus riches ont vu leurs impô
ts diminués depuis 1980).
Il peut
constater, pour n'en donner qu'un exemple, que la santé dévore 14%
du PNB (9% en France), dans un
système qui ne couvre pas 35 millions d'Américains - travaillant p
our la plupart - sur les 250 millions que.
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