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États-Unis 1989-1990: Une menace chasse l'autre?

Publié le 15/09/2020

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« file:///F/dissertations_pdf/0/451042.txt[15/09/2020 14:08:41] États-Unis 1989-1990 Une menace chasse l'autre? Ronald Reagan incarnait, en rhétorique plus qu'en réalité, la m ontée au pouvoir d'un homme de l'Ouest, d'origine modeste, déterminé à détruire l'establishment wash ingtonien et à renouveler la politique américaine en imposant les idées peu orthodoxes d'un entourage d'i déologues conservateurs.

George Bush symbolise tout le contraire: le triomphe de l'establishment washing tonien, la prudence et le pragmatisme de bureaucrates de carrière cooptés aux plus hauts pos tes de l'État.

Contrairement à R.

Reagan, issu d'un milieu catholique irlandais, G.

Bush, élu président en 1988, est un véritable WASP (white anglo saxon protestant), le scion d'une famil le patricienne de la côte Est, l'ancien élève d'Andover, une école privée réservée aux famille s les plus riches, et d'une université privée tout aussi prestigieuse, Yale.

La victoire de G.

Bush contre un fils d'immigr ant grec, Michaël Dukakis, marquait-elle le retour au pouvoir de ces privilégiés qui, selon l e dicton américain, sont nés avec une cuillère d'argent dans la bouche? Les apparences sont trompeuses.

Les élections régionales et municipales de novembre 1989 ont marqué, un an après l'élection du nouveau président, le succès sans précédent de minorités ethniques traditionnellement ignorées ou sous-représentées en politique: les Noirs et les Hispaniques.

A Miami, les électeurs ont choisi pour la premiè re fois un maire hispanophone d'origine cubaine, Xavier Suarez ; à New York, la plus grande ville d es États-Unis, ils ont élu un Noir de Harlem, David Dinkins ; à New Haven, dans le Connecticut, et à Sea ttle, dans l'État de Washington, les électeurs ont porté au pouvoir deux autres Noirs, John Daniels et Norman Rice.

Fait remarquable: la population de ces deux dernières villes est à majorité blanche et à Seattle, par exemple, les Noirs représentent moins de 10% des habitants.

Le préjugé racial n'est donc plus le facteur déterminant de la politique locale.

Qui plus est, pour la première fois dans l'histoire des États-Unis, les électeurs d'u n État sudiste, la Virginie, ont élu à la tête de leur État un gouverneur noir, Douglas Wilder, le petit-fils d'un escl ave.

Ignoré par les médias européens, un Africain d'origine jamaïcaine, élevé et éduqué à Ha rlem, le général Colin Powell, a réussi une extraordinaire ascension professionnelle: il a été nommé par G. Bush au poste de chef d'état-major des armées, la plus haute fonction militaire des États-Unis.

Mais le t riomphe des élites noires ne doit pas tromper: il s'agit bien d'élites, issues de milieux humbles mais fort bien éduquées et enfin reconnues à leur juste valeur.

Le citoyen noir typique, mal éduqué, sous-employé, habitant d'i nsalubles ghettos reste la principale victime de la pauvreté, des méfaits de la drogue et de la criminal ité liée aux réseaux de distribution du crack,cette nouvelle drogue accoutumante, dérivée de la cocaïne .

Les moeurs violentes des gangs de revendeurs de crack ont accru la mortalité criminelle de plus de 60% dans des villes comme Washington DC.

C'est bien pourquoi la lutte contre la drogue constitue l'une des pr iorités du gouvernement Bush.

La réunion à Carthagène (Colombie) d'un sommet anti-drogue, le 1 5 février 1990, regroupant, outre le président américain, les chefs d'État de Colombie, Bolivie et P érou a donné la mesure des ambitions déclarées.

Mais la multiplication d'agences fédérales de ré pression contre le trafic des stupéfiants, la dimension diplomatique accordée au problème, la mise en oeuvre de moyens de lutte contre le blanchiment financier de narcodollars n'ont pas apporté les résult ats escomptés.

Les saisies de drogue sont plus fréquentes, mais rien n'indique que le trafic se soit ralen ti ou que la toxicomanie ait diminué.

Difficile de résoudre par décret un problème qui touche plus de 2 millions de consommateurs de cocaïne, dont 860 000 véritables toxicomanes, et 500 000 héroïnomanes, s ans compter la grande masse des fumeurs de majijuana (entre 10 et 20 millions).

La fin de la stratégie de l'"endiguement" Accusé de mollesse, d'indécision, de nostalgie pour la guerre froi de, George Bush a finalement tranché: il présidera au démantèlement idéologique, diplomatique et mili taire de la stratégie américaine de l'endiguement (containment).

Inventée par George Kennan au lendemai n de la Seconde Guerre mondiale et exposée pour la première fois dans son Long Telegram de 1946, c ette stratégie a été adoptée sans grande modification par tous les présidents américains de l'aprè s-guerre.

Elle fut même durcie par le. »

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