États-Unis (1987-1988): Bilan négatif pour Reagan
Publié le 15/09/2020
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États-Unis 1987-1988
Bilan négatif pour Reagan
Plus Ronald Reagan se rapproche de la fin de son mandat présidentiel,
plus les difficultés semblent
s'accumuler.
Alors qu'en 1985 et 1986, sa cote de popularité atteigna
it des niveaux étonnants (60% selon
les sondages Gallup), elle est retombée à une moyenne de 48% en 1
987.
Surtout, le pourcentage de
ceux qui le désapprouvent est monté à 43% - toujours sur l'ense
mble de l'année 1987 - alors qu'il n'avait
jamais dépassé la moyenne annuelle de 20%.
Le sourire président
iel ne suffit plus à faire passer, aux
yeux de ses compatriotes, des politiques qui les inquiètent ou les ch
oquent.
C'est l'"Irangate" qui a marqué le nadir de sa présidence.
Le scan
dale l'a affaibli globalement, l'empêchant
d'ancrer la révolution qu'il avait cru ébaucher: les nominations d
e juges conservateurs qu'il souhaitait
obtenir à la Cour suprême ont été mises en échec à l'a
utomne 1987, la première par une majorité du
Sénat (Robert Bork), la seconde par le scandale (Douglas Ginsburg)
; le Congrès a aisément renversé ses
vetos, diminué les fonds pour la "guerre des étoiles" et refusé
de voter (février 1988) les crédits militaires
en faveur de la Contra nicaraguayenne, laquelle a signé le 24 mars 19
88 à Sapoa un accord de cessez-le-
feu avec le gouvernement de Managua, sans même prévenir ses protec
teurs américains.
Le chef du
gouvernement israélien, Itzhak Shamir, a ignoré purement et simple
ment les pressions américaines, et les
alliés européens ont manifesté leur grogne (sans toutefois pro
tester publiquement) parce qu'ils n'avaient
pas été consultés sur l'accord de limitation des missiles inter
médiaires qui, il est vrai, les concerne au
premier chef.
Seul Mikhaïl Gorbatchev, pourtant représentant de "l
'empire du mal" autrefois dénoncé par
Ronald Reagan est resté, semble-t-il, un interlocuteur avec lequel il
était possible de négocier
productivement.
Le scandale de l'"Irangate"
L'affaire de l'"Irangate" a deux volets, l'un iranien et l'autre nicarag
uayen.
A partir du printemps 1985, et
avec l'accord exprès du président, des armes ont été vendues
au régime khomeyniste pour tenter, selon
la version officielle, de renforcer les "modérés" iraniens, mais e
n fait pour essayer d'obtenir la libération
des otages américains enlevés au Liban par des amis de l'Iran.
A p
artir de février 1986, une partie des
fonds obtenus par ces ventes d'armes a été détournée au bé
néfice de la Contra nicaraguayenne, contre
la volonté nettement exprimée (amendements Boland) du Congrès
.
Sur ce dernier point, aucune preuve
indubitable n'a (encore) été apportée sur les responsabilité
s exactes de R.
Reagan, qui a nié toute
connaissance de l'affaire ; mais chacun s'est fait son opinion intime: p
lus de la moitié des Américains sont
convaincus que le président a menti.
Ce qui est certain, c'est que se
s plus proches collaborateurs ont pris
cette initiative et ont déclaré s'y être crus autorisés par
R.
Reagan.
Tout au long de l'année 1987, différentes enquêtes (commission
Tower nommée par l'exécutif,
commission spéciale du Congrès) ont distillé les révélat
ions sur le scandale, puis mis en cause les
méthodes présidentielles du gouvernement.
Le 16 mars 1988, enfin,
le procureur spécial Lawrence Walsh
(nommé par le département de la Justice) a obtenu l'inculpation
des principaux protagonistes, en
particulier l'amiral John Poindexter et le lieutenant-colonel Olivier No
rth, anciens responsables du Conseil
national de sécurité.
En tout état de cause le président, dé
jà affaibli par la perspective de sa fin de
mandat, a été nettement déstabilisé par le scandale.
Comme l
e notait le rapport de la commission du
Congrès (novembre 1987), même s'il n'a rien su, il "aurait dû
savoir".
Plus grave encore, l'"Irangate" a confirmé que, quel que soit le pré
sident, l'exécutif souhaite toujours
contrôler seul la politique étrangère: investi d'un mandat nati
onal, le président s'estime au-dessus des lois
et se croit dispensé de respecter les prérogatives constitutionnel
les du Congrès, pourtant réaffirmées
après la guerre du Vietnam ; la politique étrangère des État
s-Unis, accaparée par l'exécutif, est
incontrôlable parce qu'elle peut être secrète.
L'"Irangate" est aussi symbolique du manque de principes de la politique
étrangère reaganienne.
La
politique d'apaisement à l'égard d'une nation publiquement accusé
e d'être le chef d'orchestre du
terrorisme international, mais subrepticement courtisée par des vente
s d'armes est caractéristique d'un.
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