États-Unis (1983-1984): Une reprise fragile
Publié le 15/09/2020
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États-Unis 1983-1984
Une reprise fragile
Si on s'en tient aux chiffres, 1983 a été aux États-Unis l'anné
e de la reprise: après la récession de 1980-
82, la croissance du PNB a atteint 3,3%, et les résultats des premier
s mois de 1984 laissaient augurer
une croissance annuelle du même ordre.
Le chômage à deux chiffr
es à la fin de 1982 a fléchi en 1983, et
a diminué encore en 1984.
L'inflation, qui avait atteint les 12% en 1
980, est tombée à 6,2% en 1982,
puis à 4% en 1983, remontant légèrement en 1984.
Quant à la productivité, elle était, jusqu'en 1982, l'un des pl
us graves sujets d'inquiétude des milieux
d'affaires.
L'Amérique traînait derrière ses principaux concurr
ents: dans les années soixante-dix, la
productivité n'avait augmenté aux États-Unis que de 20%, contre
145% au Japon, 77% en France et
75% en RFA.
En 1983, c'était à nouveau la confiance.
De nombreux é
léments étaient rassemblés pour le
redémarrage des gains de productivité: un net accroissement des dé
penses de recherche et
développement, une force de travail mieux formée (avec néanmoi
ns une fragilité relative de la formation
des 16-24 ans), un investissement en capital en augmentation pour chaqu
e poste de travail.
La
progression de la productivité horaire du travail a été de 3,6%
en 1983.
Il s'agit d'un phénomène courant
en période de reprise, mais les experts espéraient une croissance
annuelle de 3% au cours de la
décennie.
La reprise était néanmoins irrégulière, reflétant la frag
mentation des industries.
Dans les industries
traditionnelles - l'automobile en particulier - c'était l'optimisme p
rudent: l'augmentation de la production
en 1983 (+30%) n'a été possible, malgré le fort taux de pé
nétration des importations étrangères (25%
du marché), que grâce à de nouveaux sacrifices de la part des
travailleurs.
Chimie: l'austérité a
également été le fondement de la reprise.
Ressources naturelles
: la croissance a été faible dans le
secteur de l'énergie, moyenne en agriculture, et forte dans les produ
its forestiers.
Technologies
nouvelles: l'accélération des ventes et des profits s'est poursuiv
ie dans l'industrie des médicaments, en
électronique (avec le développement de l'ordinateur individuel),
en informatique et en
télécommunications.
L'irrégularité réapparaissait dans le
secteur des loisirs et des soins personnels:
développement de la télévision au détriment du cinéma ; d
es aliments préconditionnés aux dépens des
articles de santé, etc.
La roulette américaine
Reprise incontestable, donc.
Pourtant, nombreux sont ceux qui s'attendai
ent à une sérieuse dégradation
de l'économie après les élections présidentielles de novembr
e 1984.
La raison en est simple: la reprise
s'est effectuée sur fond de désordre national et international.
Le
s Américains jouent à la roulette russe
avec leur économie.
Et ce n'est pas en 1984 - année électorale
- que l'on pouvait s'attendre à une
politique qui s'attaque aux fondements du déséquilibre: déficit
budgétaire, instabilité du marché financier
international, anarchie dans les politiques de restructuration industrie
lle, décomposition du tissu social
américain.
La plupart des économistes s'inquiétaient du déficit budgéta
ire: de 150 à 200 milliards de dollars, chaque
année, d'ici à 1988, selon les prévisions officielles.
Beaucoup
craignaient en effet que ces déficits élevés
(financés par ponction sur le marché des capitaux) ne réduise
nt le flux de capitaux allant à
l'investissement privé et ne favorisent une nouvelle flambée des t
aux d'intérêt.
Cela pourrait ralentir
considérablement la construction de logements, l'achat d'automobiles
et d'autres biens de consommation
durables, la formation de stocks.
Mais la réduction du déficit (p
ar augmentation des impôts ou réduction
des dépenses de l'État) amputerait aussi la demande finale.
Les autres conséquences du déficit budgétaire - dénoncées
dès le sommet de Versailles, par le président
Mitterrand, dans le scepticisme le plus général - inquiétaient
les milieux d'affaires américains.
Sur le plan
national, les taux d'intérêt élevés compromettaient la pours
uite de la reprise, et la surévaluation du dollar
(de l'ordre de 30%) rendait les produits américains peu compétit
ifs à l'exportation.
Sur le plan
international, ces deux facteurs contribuaient à accroître le dé
sordre du système monétaire.
Ils.
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